- La révolution numérique
Au plan technique, l'année 1996 a vu s'amplifier une tendance amorcée au cours des années précédentes : la convergence croissante de l'informatique, des télécommunications et de l'audiovisuel, liée au développement de la technologie numérique. Vingt-cinq ans après l'invention du microprocesseur, le microordinateur poursuit son irrésistible avancée dans les entreprises et dans les foyers : au cours de l'année, il s'en est vendu plus de 70 millions dans le monde. Ses performances en font de plus en plus un outil multimédia et « communiquant ». Mais, devant l'engouement suscité par le réseau Internet, les constructeurs se préparent à gagner de nouveaux clients avec l'ordinateur de réseau, un ordinateur simplifié, peu coûteux et très simple à utiliser (voir « Les chantiers de la découverte »).
- L'ordinateur pour tous
Avec un prix plancher stabilisé autour de 10 000 F, les micro-ordinateurs restent trop coûteux pour constituer des produits réellement grand public. Aux États-Unis, pourtant champions en matière d'équipement informatique, on ne compte encore que 28 % de foyers disposant d'un ordinateur, alors que le taux d'équipement en téléviseurs et en téléphones approche de 100 %. Pour étendre l'usage de l'ordinateur aussi bien dans les familles que dans les écoles et les entreprises, l'Américain Larry Ellison, P-DG d'Oracle, entreprise spécialisée dans les logiciels de gestion de bases de données, a lancé l'idée d'un appareil simplifié, le Network Computer (NC, ordinateur de réseau), ne comportant pas de disque dur ni de lecteur de CD-ROM et tirant toutes ses capacités du réseau télématique auquel il serait connecté. Avec une configuration de base comprenant un clavier et un écran de télévision ordinaire, un modem de 8 millions d'octets de mémoire vive, un microprocesseur adapté au traitement multimédia et un lecteur de mémoire flash d'une capacité de 500 000 à 1 million d'octets, le NC devrait être vendu autour de 2 500 F, soit quatre fois moins cher qu'un ordinateur personnel. Son deuxième atout sera d'être très facile à utiliser, même par ceux qui ne possèdent pas de connaissances en informatique. Plus de 30 grandes entreprises d'informatique, dont IBM et Apple, se sont ralliées à cette idée. IBM a annoncé la commercialisation prochaine de terminaux Internet, et, fin octobre, Sun a lancé un ordinateur de réseau destiné aux entreprises, la JavaStation, tandis que Microsoft et Intel ont annoncé conjointement le NetPC, intermédiaire entre le PC classique et le NC. En quelques mois, l'ordinateur de réseau est devenu l'enjeu d'une redoutable bataille économique entre les principaux acteurs de l'informatique mondiale. Ses promoteurs espèrent en vendre 100 millions d'ici à l'an 2000. Le succès fulgurant du réseau Internet justifie cet optimisme. Le véritable marché de masse du NC sera le grand public, mais les experts estiment qu'il effectuera aussi une percée significative dans les entreprises, où il pourrait représenter 15 à 20 % des achats d'ordinateurs dès l'an 2000, et 30 à 40 % à plus long terme.
- Informatique et télécommunications
En France, à la fin de l'année 1996, plus de 2 millions de personnes étaient abonnées à l'un des trois réseaux, soit 3,5 % de la population, chiffre modeste comparé à ceux de nos voisins espagnols (5 %), italiens (9 %), britanniques (10 %), suédois (26 %)... Le réseau GSM, le plus étendu au monde, compte 25 millions d'abonnés et en prévoit quatre fois plus à l'horizon 2000. Il est exploité dans l'Hexagone par France Télécom Mobiles sous le nom d'Itineris et par un opérateur privé, SFR, filiale de la Générale des eaux, qui ont tout d'abord visé les applications professionnelles. Fin mai, l'arrivée d'un troisième acteur, Bouygues Télécom, est venue dynamiser ce marché et l'orienter vers le grand public. Le développement de ce mode de communication apparaît d'autant plus irréversible que le besoin d'être joignable en permanence s'accroît dans un monde en proie à une inquiétude sociale diffuse, à la crainte de l'isolement, voire de l'insécurité. La filiale du groupe de travaux publics exploite une nouvelle norme, DSC 1800, dont les appareils, plus puissants, sont directement utilisables à l'intérieur des bâtiments et des voitures. L'essor des « mobiles » était jusqu'à présent freiné par le coût des communications, surtaxées pour la personne qui appelle et celle qui reçoit. Les trois opérateurs se sont livrés en fin d'année à une vive surenchère commerciale à coups de forfaits et de promotions pour attirer les particuliers. Leurs formules d'abonnement proposent des crédits d'heures prépayées avec l'accès gratuit à des services : répondeur vocal, filtrage des appels, télémessages, renvoi d'appels, kiosque télématique...