L’évolution des industries de l’énergie se poursuit. Cette phase de profonde transformation modifie peu à peu sa physionomie. Du charbon et du pétrole, condamnés à terme, au nucléaire et aux énergies renouvelables.
Journal de l'année Édition 1967
Énergie Le ralentissement de la croissance de la consommation française d'énergie, déjà noté en 1965, s'est poursuivi l'an dernier et au cours des premiers mois de 1967.
Énergie Les centrales électriques de l'avenir utiliseront-elles des générateurs tout à fait différents des machines actuelles ? Une des principales nouveautés techniques qui pourraient introduire un tel changement est la magnétohydrodynamique, ou MHD. Au cours du troisième colloque international sur la MHD, qui s'est tenu en juillet 1966 à Salzbourg (Autriche), quatre cents spécialistes ont fait le point des progrès accomplis dans la construction de générateurs MHD.
Journal de l'année Édition 1968
Énergie Les structures de la consommation d'énergie ont poursuivi leur évolution en 1967-68 : recul du charbon, développement du pétrole et du gaz naturel (plus de la moitié des besoins totaux) et apparition de l'énergie nucléaire. Dans ces trois secteurs, des événements significatifs se sont produits au cours des douze derniers mois.
Énergie Cinq pays dans le monde produisent de l'électricité dans des centrales nucléaires mises au point par eux-mêmes ; ce sont : les États-Unis, l'URSS, le Canada, la Grande-Bretagne et la France. D'autres pays disposent d'installations achetées à l'étranger ou construites sous licence.
Journal de l'année Édition 1969
Énergie L'évolution des industries de l'énergie se poursuit. Cette phase de profonde transformation modifie peu à peu sa physionomie.
Énergie Tout en poursuivant la mise en place de réacteurs de types éprouvés, l'industrie nucléaire se tourne de plus en plus vers les surgénérateurs, dont la technique a bénéficié récemment de progrès considérables.
Journal de l'année Édition 1970
Énergie Les industries de l'énergie ne sont pas de celles qui sont sujettes à des variations brusques d'activité. Dans ce domaine où les besoins sont bien connus, la production planifiée, les investissements très lourds, tout changement de cap ne peut s'opérer que lentement.
Énergie Le nouveau microscope électronique géant de Toulouse, mis progressivement sous tension dans le courant de 1969, a atteint à la fin de l'année les 2 millions de volts et, dans les premiers mois de 1970, il a été poussé jusqu'à la tension maximale pour laquelle il a été construit : 3,5 millions de volts.
Journal de l'année Édition 1971
Énergie L'année 1970-71 marque un tournant dans l'histoire des industries de l'énergie, et peut-être même dans l'histoire économique du monde. Les rapports de force qui présidaient à l'exploitation de la principale source d'énergie — le pétrole — ont été profondément modifiés par l'action politique des pays producteurs contestant pour la première fois avec efficacité la prédominance des pays consommateurs. L'évolution des marchés mondiaux des produits énergétiques va s'en trouver affectée pour de nombreuses années, dans une mesure encore difficile à prévoir. La France n'échappe évidemment pas à ces remous ; on ne saurait examiner son cas en l'isolant des événements mondiaux.
Énergie On assiste au cours de l'année 1970-71 à une indéniable accélération des programmes nucléaires, souvent d'ailleurs pour des raisons différentes. Aux États-Unis, l'uranium apparaît de plus en plus, aux yeux des producteurs d'électricité, comme étant d'un approvisionnement plus sûr que le charbon, dont la production a été perturbée depuis plusieurs années. De plus, l'atome paraît la moins polluante des sources d'énergie. À la première vague de commandes de centrales en 1965-67 en a succédé une seconde depuis 1969, et les chiffres avancés pour 1980 auront de grandes chances d'être atteints : 150 000 MWé nucléaires (environ 25 % de la puissance électrique totale installée).
Journal de l'année Édition 1972
Énergie Le gouvernement algérien et la compagnie française ELF-ERAP signent, le 15 décembre 1971, un accord réglant le contentieux ouvert au début de l'année par la nationalisation des installations pétrolières françaises, décidée unilatéralement par le gouvernement Boumediene. Un accord du même genre avait été conclu le 30 juin avec l'autre grand opérateur français en Afrique du Nord, la Compagnie française des pétroles (Total). Pour l'essentiel, ces accords entérinent les décisions algériennes, en arrêtant seulement le montant des indemnités dues aux sociétés françaises. Entre autres conséquences, ils réduisent des deux tiers le volume des livraisons de pétrole de l'Algérie à la France.
Énergie La quatrième Conférence internationale sur les applications pacifiques de l'énergie atomique (Genève, septembre 1971) a fait le point sur la progression des centrales nucléaires dans le monde, et a confirmé l'impressionnant succès commercial de la filière américaine des réacteurs à eau légère sous pression ou bouillante et à uranium légèrement enrichi.
Journal de l'année Édition 1973
Énergie Des écoles, des usines arrêtées faute de chauffage ; des stations-service fermées parce que l'essence manque... De tels incidents, observés aux États-Unis depuis l'hiver 1972-73, étaient absolument sans précédent chez le plus gros producteur et consommateur – voire gaspilleur – d'énergie.
Journal de l'année Édition 1974
Énergie En franchissant le canal de Suez le 6 octobre 1973, au milieu de l'après-midi, les forces armées égyptiennes ne relancent pas seulement l'interminable conflit israélo-arabe : elles ouvrent un affrontement bien plus vaste encore (économique celui-là) entre les pays producteurs et les pays consommateurs de pétrole ; plus généralement même, elles conduisent à briser, au profit des seconds, la prédominance de toujours des pays industrialisés sur les pays du tiers monde, riches seulement de matières premières.
Journal de l'année Édition 1975
Énergie L'offensive brutale des producteurs de pétrole, qui avait provoqué un commencement de panique dans les économies occidentales fin 1973-début 1974, reflue plus vite qu'on pouvait le penser. En 1975, l'économie française, pour s'en tenir à elle, surmonte les conséquences de la crise et met en œuvre une politique qui devrait, à terme, alléger sa dépendance à l'égard du pétrole.
Journal de l'année Édition 1976
Énergie L'énergie nucléaire dans le monde continue à donner l'impression d'avancer en reculant. Le nombre de centrales nucléaires en fonctionnement augmente progressivement, et leurs performances, leurs facteurs de charge, se comparent en fin de compte favorablement à ceux des centrales classiques à charbon ou au fuel. En revanche, le nombre de commandes de nouvelles centrales a fortement diminué, notamment aux États-Unis (5 centrales seulement commandées en 1975, contre 28 en moyenne au cours des cinq années précédentes), et les annulations de commandes ont continué (environ 20 000 MWé en 1975 et 120 000 MWé en 1974 aux USA), à cause de la récession mondiale et de la révision en baisse de la plupart des programmes de développement électrique.
Énergie Brutalement secouées et jetées dans l'incertitude par les conséquences de la crise des prix du pétrole (fin 1973-début 1974), les industries de l'énergie se sont maintenant ressaisies. Des perspectives assez fermes peuvent être de nouveau tracées ; elles l'ont été dans le cadre des travaux du VIIe Plan, et notamment par un conseil interministériel qui s'est tenu le 15 avril 1976. Le paysage énergétique est redevenu clair ; on peut constater qu'il a sensiblement changé à l'occasion de la crise.
Journal de l'année Édition 1977
Énergie La nouvelle politique énergétique adoptée en 1974 par la France, après la brutale hausse des prix du pétrole, comportait, rappelons-le, deux éléments principaux : – économiser sur la consommation d'énergie, de façon à plafonner l'hémorragie de devises provoquée par les importations de pétrole ; – réduire notre dépendance des fournitures étrangères en accélérant le développement de l'énergie nucléaire.
Énergie En plus de l'énergie nucléaire de fission, on considère généralement trois autres types d'énergies nouvelles susceptibles de satisfaire aux besoins énergétiques de l'humanité à long terme : l'énergie solaire (la plus prometteuse peut-être), la fusion thermonucléaire et l'énergie géothermique. Ces énergies sont très différentes entre elles, et par leurs principes et par leur potentiel de développement.
Journal de l'année Édition 1978
Énergie Un paradoxe inquiétant se dessine de plus en plus nettement dans le monde de l'énergie. D'une part, les études les plus récentes confirment que, en dépit des avertissements des partisans de la croissance douce et du Club de Rome, le développement industriel de la planète exigera longtemps encore des quantités toujours croissantes d'énergie. Mais, d'autre part, la crise économique de ces dernières années a freiné, c'est vrai, les besoins, ne serait-ce que temporairement, et retarde la prise en compte du long terme. De sorte que le risque est grand de connaître dans quelques années une situation de pénurie, lorsque les besoins repartiront et que la production ne sera pas au rendez-vous. Les experts situent cette crise vers 1985.
Énergie Lente maturation des filières classiques, réexamen de l'ensemble des filières et des cycles de combustibles associés, telles sont les deux tendances principales dans l'évolution du nucléaire.
Journal de l'année Édition 1979
Énergie L'examen du bilan énergétique de la France et surtout de son évolution depuis le début de la crise en 1973 apporte quelques enseignement significatifs. En cinq ans, la consommation totale n'a augmenté que de 4 %, pas davantage qu'en une seule année avant la crise ; la consommation de pétrole a diminué, alors que c'était elle qui augmentait le plus vite ; enfin l'énergie nucléaire a commencé, en 1978, sa longue marche en avant. Les chiffres montrent l'inévitable lenteur des évolutions dans un secteur industriel lourd et à forte inertie, mais ils sont orientés dans un sens favorable, en tout cas conforme à la politique que la France a mise en vigueur dès 1974.
Énergie Le 19 décembre 1978, à 8 h 27, le dispatching central d'EDF constate une baisse générale de tension sur le réseau d'alimentation à très haute tension. Quelques instants plus tard, la ligne de 400 000 volts qui, entre Bézaumont (Meurthe-et-Moselle) et Creney (Aube), transporte de l'énergie électrique vers la région parisienne, disjoncte en raison d'une surchauffe due à une demande trop forte.
Journal de l'année Édition 1980
Énergie Les secousses imprimées depuis 1974 à l'économie de l'énergie dans le monde par les événements du Moyen-Orient (Journal de l'année 1973-74) se sont encore aggravées en 1979-1980. Jamais, sur le marché pétrolier, la confusion n'a été aussi grande. Mais aussi des orientations, des décisions ont été prises en Occident — tardives, certes, et encore sporadiques — en vue de s'affranchir d'une trop grande dépendance du pétrole. Il serait risqué de dire que l'horizon est désormais dégagé, mais du moins commence-t-on à voir s'inscrire dans les faits les transformations en profondeur que les experts préconisaient depuis longtemps.
Priorité au nucléaire et aux énergies renouvelables Électricité de France poursuit la réalisation du programme de centrales nucléaires à eau pressurisée et uranium enrichi, arrêté en 1978 et dont le calendrier a été revu, en accélération, par le conseil des ministres du 4 avril 1979. En décembre paraissent les décrets autorisant la construction de deux nouveaux réacteurs, de 900 MW chacun, sur le site de la centrale de Chinon et de deux réacteurs de 1300 MW à Flamanville ; puis, en février 1980, les décrets d'autorisation des tranches 3 et 4 de Blayais. En tout doivent être mises en chantier, de 1979 à 1981, cinq tranches de 900 MW et neuf de 1 300 MW, dont l'entrée en divergence s'étalera jusqu'à la fin de la décennie.
Journal de l'année Édition 1981
Énergies L'exploitation de substances diverses d'origine végétale ou animale devrait fournir annuellement à la France, dès 1990, entre 7,5 et 9 millions de tep (tonnes d'équivalent pétrole). Du solaire on n'escompte, à la même date, que 1,5 million de tep, de la géothermie 1 million, des autres sources d'énergie dites nouvelles encore moins. Ces chiffres, en net changement par rapport à certaines prévisions antérieures, ont été communiqués au gouvernement le 30 juillet 1980 par André Giraud, le ministre de l'Industrie de l'époque. Ils reflètent les incertitudes qui affectent l'essor des énergies de remplacement du pétrole, ainsi que la modestie relative — souvent critiquée — des investissements publics et privés dans ce domaine. Quant à l'aérogénérateur Enez Eussa, inauguré à Ouessant en octobre 1979, il a été disloqué par le vent en juillet 1980.
Énergie L'histoire se répète, mais avec des nuances. En 1973-74, c'était un conflit entre deux puissances ennemies, l'Égypte et Israël, qui avait été le prétexte du premier choc pétrolier (hausse des prix et glissement du pouvoir vers les pays producteurs). En 1978-79, ce fut un soulèvement intérieur — la révolution iranienne — qui déclencha le second choc.
Journal de l'année Édition 1982
Énergie 1981 restera dans l'histoire comme l'année du grand tournant dans la crise énergétique mondiale qui avait éclaté à la fin de 1973. Après des années de hausse, le prix du pétrole s'est orienté franchement à la baisse. La stagnation de l'activité et les efforts d'économie d'énergie ont fini par créer une pléthore de combustibles liquides, obligeant les producteurs non seulement à réduire l'extraction, mais à comprimer leurs prix pour garder des clients.
Journal de l'année 1er juillet - 31 décembre 1982
Énergies Rapsodie, premier surgénérateur expérimental français (Journal de l'année 1966-67), inauguré en 1967 avec une puissance de 24 MW, portée plus tard à 40 MW, a été définitivement arrêté fin septembre. En quinze années de fonctionnement, coupées de divers incidents, ce prototype aura démontré la faisabilité des réacteurs à neutrons rapides, mais aussi mis en lumière leur point faible : la difficulté d'assurer l'étanchéité des circuits de sodium fondu. Le CEA poursuit ses expériences sur le surgénérateur de 250 MW Phénix, à Marcoule, tandis que s'achève à Creys-Malville la construction de Super-Phénix, prototype de taille industrielle (1 250 MW), qui devrait entrer en service en 1984. En RFA, seul autre pays occidental à entreprendre un programme de réacteurs à neutrons rapides, la contestation antinucléaire allonge considérablement les délais prévus pour la construction du surgénérateur de Kalkar (300 MW) au point de compromettre la poursuite du projet, que le nouveau chancelier affirme cependant vouloir mener à son terme.
Énergie 1973-1983 : dix ans qui ont changé la face du monde de l'énergie.
Journal de l'année Édition 1984
Énergie Le retournement du marché pétrolier mondial, passé, à partir de 1981, d'une situation de crainte de pénurie (caractérisée par la hausse des prix et la domination des producteurs) à une situation d'abondance (baisse des prix et revanche des consommateurs), continue de développer ses effets. Et les nouveaux problèmes qui apparaissent ne sont pas forcément plus faciles à résoudre que les anciens.