La danse occupe une situation de pointe parmi les arts contemporains. « Le ballet, constatait Maurice Béjart en 1973, prend la place occupée au XIXe siècle par l’opéra et aux XVIIe et XVIIIe par le théâtre parlé. »
Journal de l'année Édition 1967
Journal de l'année Édition 1968
Journal de l'année Édition 1969
Danse Nouveauté dans le domaine de la danse française avec la naissance du Ballet théâtre contemporain, premier centre chorégraphique national, fixé à Amiens. Cette nouvelle compagnie prétend faire la synthèse entre les arts plastiques et l'expression corporelle de notre époque. Ses responsables se sont fixé pour but le rayonnement de l'art chorégraphique ; ils veulent faire de la danse un art populaire.
Journal de l'année Édition 1970
Danse Les spectacles du théâtre français de la danse, dirigés par Joseph Lazzini, ouvrent la saison. La diversité de son répertoire ne réussit pas à assurer le succès de cette nouvelle troupe. Le public parisien, maintenant familiarisé avec les tendances de la danse contemporaine des autres pays, est devenu exigeant. Les ballets de Lazzini, notamment les reprises de Ecce Homo et de E = MC 2, pourraient être intéressants s'ils étaient construits sur une chorégraphie solide. Mais, trop souvent, la chorégraphie est simplifiée et ensevelie sous une profusion d'inutiles éléments scéniques. L'interprétation de Claire Sombert dans le pas de deux Pour deux orchestres à cordes et deux danseurs, sur une partition de Serocki, a été remarquable. On a beaucoup apprécié aussi le mobile d'Alexandre Calder réalisé pour le ballet les Métaboles, sur une musique d'Henri Dutilleux. Mais une danseuse étoile et un sculpteur ne suffisent pas pour assurer le succès d'une première saison.
Journal de l'année Édition 1971
Danse L'avenir de la danse en France semble compromis. Le palais Garnier fermé, les créations nouvelles deviennent impossibles. Seuls quelques danseurs se regroupent pour donner des séries de représentations sur des scènes parisiennes ; mais que restera-t-il des qualités acquises par le corps de ballet de l'Opéra ?
Journal de l'année Édition 1972
Journal de l'année Édition 1975
Danse Une fois de plus, M. Béjart marque l'année de son empreinte avec trois créations importantes. Il donne à Florence, dans les jardins Boboli, Golestan ou le jardin des roses, un ballet conçu pour les fêtes de Persépolis. Il ne s'agit pas d'une évocation pittoresque de l'Orient, mais d'une peinture du pèlerinage de l'homme vers la sagesse. Ici, le voyage se fait à travers la doctrine soufite. M. Béjart a déjà exploré le mysticisme hindou dans Bakhti, la doctrine de saint Jean de la Croix dans La nuit obscure, un panthéisme syncrétique dans Les vainqueurs, paraphrase de la légende de Tristan et Iseult. Une étonnante continuité. Golestan ou le jardin des roses fait connaître à l'Occident une musique traditionnelle iranienne d'une beauté formelle et d'une profondeur surprenantes.
Journal de l'année Édition 1976
Danse Faire de la danse un art d'expression libre et universelle, c'est ce que veulent les tenants de la danse dite « moderne » ou « contemporaine ». Il semble que, cette année, ils aient gagné du terrain.
Journal de l'année Édition 1977
Danse La danse est actuellement en plein essor. Un mouvement irrésistible et désordonné, amorcé depuis cinq ou six ans, s'étend à travers la France comme un feu de brousse. On peut dire que la danse échappe au genre structuré du ballet pour participer, comme les autres arts, à la recherche de moyens d'expressions nouveaux en résonance avec l'époque.
Journal de l'année Édition 1978
Danse Noureev au Palais des Sports, un Forum de la danse au Théâtre des Champs-Elysées, le Roméo et Juliette de Grigorovitch à l'Opéra, Béjart, Blaska, Roland Petit, Murray Louis, Nikolaïs, Pilobolus, le ballet de Stuttgart au Théâtre de la Ville, Cunningham à Nanterre... la saison chorégraphique 1977-1978 est brillante. Partout des salles combles, des publics intéressés par tous les styles.
Journal de l'année Édition 1979
Danse Il est désormais admis que la danse occupe une situation de pointe parmi les arts contemporains. « Le ballet, constatait Maurice Béjart en 1973, prend la place occupée au XIXe siècle par l'opéra, aux XVIIe et XVIIIe par le théâtre parlé. » Les faits ne l'ont pas démenti. Les spectacles chorégraphiques pullulent ; tous les festivals d'été font appel à une ou deux compagnies, les stages prolifèrent et les travaux d'université s'intéressent de plus en plus au sujet.
Journal de l'année Édition 1980
Danse « Il n'y a plus de saisons » ; cet adage populaire pourrait s'appliquer aujourd'hui à la danse. L'époque des balletomanes, jalonnée de quelques grands moments chorégraphiques, a fait place à un spectacle diffus et permanent. Le Festival d'automne, autrefois symbole de la rentrée parisienne, est noyé dans une activité à plein temps qui sollicite le public douze mois sur douze et condamne les compagnies à d'interminables migrations.
Journal de l'année Édition 1981
Danse D'année en année, en matière de création, la danse marque des points sur la musique et le théâtre. Un immense brassage de courants se fait entre les pays, entre les techniques. Si l'on excepte l'URSS — où le ballet demeure engagé obstinément dans un immobilisme sclérosant —, la dichotomie entre le classique et le moderne s'estompe progressivement. Un peu partout en Europe, et principalement en France, les danseurs pratiquent très largement les techniques américaines.
Journal de l'année Édition 1982
Journal de l'année Édition 1984
Danse La disparition de Balanchine le 30 avril 1983 est ressentie dans le monde entier. Le XXIe Festival international de danse de Paris, qui l'avait invité, accueille à la rentrée de septembre une troupe orpheline encore en état de choc. La venue à Paris du New York City Ballet fut un événement d'autant plus important qu'avec la hausse du dollar elle risque de ne plus se reproduire de sitôt.
Journal de l'année Édition 1985
Danse L'événement se préparait en douceur depuis une dizaine d'années. Il a éclaté soudainement. En 1984, la danse a fait une percée spectaculaire ; on peut dire qu'elle est aujourd'hui l'art le mieux en rapport avec notre époque. C'est l'événement catalyseur qui permet à la musique, à la vidéo et aux arts plastiques de se situer dans une dynamique nouvelle. Des créateurs qui, voici quelques années, auraient choisi le théâtre ou le cinéma pour s'exprimer se tournent plus volontiers vers la danse.
Journal de l'année Édition 1986
Danse De nombreuses créations ont eu lieu en 1985 : en mars, Maurice Béjart a présenté à Paris le « ballet-polar », Le Concours, avec Jorge Donn, et, à Stuttgart, Opérette, avec Marcia Haydée. Régine Chopinot créait Rossignol, en avril à Angers, et Le Défilé, en septembre au Pavillon Baltard, avec la complicité du couturier Jean-Paul Gaultier et Daniel Larrieu Romance en stuc peint en juillet, en Avignon et Karol Armitage créait Double duo, sur une partition de David Linton, à Grenoble, dans le cadre du festival Jazz Musique. Mais l'événement de l'année restera probablement le Mahabharata, une épopée d'une durée de neuf heures, qui a symboliquement clôturé à l'automne l'Année de l'Inde. Le Mahabharata est un drame musical indien très connu qui a beaucoup surpris lors de sa présentation en France.
Journal de l'année Édition 1987
Danse Bien que la danse du xxe siècle figure parmi les priorités officiellement admises, la France accueille de plus en plus d'étrangers : elle a fêté ses retrouvailles avec Merce Cunningham, venu créer Un jour ou deux, à l'Opéra, tandis que d'autres, comme Carolin Carlson, Trisha Brown, Mats Ek, ont pu utiliser toutes les scènes disponibles de la capitale et d'ailleurs. Le VIe Festival international Montpellier-Danse a attiré plus de 200 danseurs d'une quinzaine de compagnies venus des quatre coins du monde pour donner quarante représentations dont sept créations. Toujours tourné vers l'extérieur, Paris a apporté sa contribution aux fêtes du centenaire de la statue de la Liberté. En effet, le GRCOP (Groupe de recherche chorégraphique de l'Opéra de Paris) a monté l'opération Dancing in Paris, en mettant à contribution des chorégraphes américains spécialement invités.
Journal de l'année Édition 1988
Danse État de choc. Quelle année ! Les professionnels ont du mal à le croire : 1987 sera l'année de la reconnaissance. Les pouvoirs publics ont enfin pris des décisions, les plus grandes troupes étrangères ont manifesté leur respect aux artistes français, les maîtres ont été honorés, les jeunes créateurs encouragés. François Léotard a annoncé que 1988 serait l'année de la danse. Pour la préparer, il a instauré une Délégation de la danse au sein de la Direction de la musique. C'est à Brigitte Lefèvre, ancienne créatrice et responsable du théâtre du Silence, qu'a été confiée la mission de donner à l'art chorégraphique autonomie et lettres de noblesse. Le budget 1988 de la danse sera augmenté de 27 millions de francs (+ 40 p. 100), non compris la dotation de l'Opéra. Le ministre a décidé la création d'un Conseil supérieur de la danse présidé par Maurice Eisner.
Journal de l'année Édition 1989
L'Année de la danse Les Français ont toujours aimé la danse. Pourtant, ils boudent les spectacles chorégraphiques. À l'occasion de l'Année de la danse, on s'est demandé ce qu'il fallait faire pour les attirer vers cet art vivant.
Journal de l'année Édition 1990
Danse Des danseurs manifestant contre un projet de loi, une étoile (Sylvie Guillem) aux prises avec son directeur de ballet, ce même directeur en conflit avec l'administration et sa troupe..., 1989 a été une année conflictuelle, peut-être mal venue au moment où le gouvernement voue le Palais Garnier à l'art chorégraphique.
Journal de l'année Édition 1991
Danse Les mesures prises à l'occasion de l'Année de la danse commencent à porter leurs fruits (éd. 1989). Chiffres à l'appui (presque cent millions de francs de budget ; plus de 258 000 spectateurs au palais Garnier), l'année 1990 lui a encore permis de renforcer son image de marque. La nouvelle politique de l'enseignement a été mise en place ; les nouvelles formules d'implantation des compagnies se sont révélées efficaces pour retenir les créateurs et sensibiliser le public, et la première saison du palais Garnier entièrement consacrée à la danse a été un succès, avec une programmation fondée sur les reprises des « classiques ».
Journal de l'année Édition 1992
Journal de l'année Édition 1993
Danse La capitale et la province ne sont pas à égalité. Sans heurt, mais comme pour la musique, le renouveau se vit au-delà du périphérique. La politique artistique des Régions, plus incitative, a laissé à Paris le soin de représenter la danse – ni laide ni ennuyeuse – académique ou contemporaine... à la mode.
Journal de l'année Édition 1994
Journal de l'année Édition 1995
Danse : valse hésitation La mission confiée par le ministère de la Culture à plusieurs personnalités du monde de la danse pour contribuer à la solution du problème des compagnies attachées aux théâtres municipaux n'aura, pour l'instant, guère obtenu de résultats concrets. La plupart des directeurs d'Opéras régionaux sont trop jaloux de leurs prérogatives pour abandonner une part majoritaire du contrôle de leurs compagnies, d'autant que la danse reste un élément de prestige important. De son côté, le ministère veut bien donner des conseils gratuits, mais pas d'aide financière s'il n'a pas droit de regard sur les nominations et programmations. Ainsi, 1994 aura surtout vu arriver de nouveaux noms à la tête d'institutions existantes, sans vraie refonte des structures. Mathilde Monier succède à Dominique Bagouet à Montpellier, Catherine Diverres remplace Gigi Gagiuleanu à Rennes, Joëlle Bouvier et Régis Obadia s'installent au CNDC d'Angers, Daniel Larrieu prend à Tours la place de Jean-Christophe Maillot, nouveau patron à Monte-Carlo ; enfin, Éric Vu An est nommé à Bordeaux à la suite de Paolo Bortoluzzi. La seule vraie crise a été celle du Ballet du Nord, laissé par Jean-Paul Comelin avec un vaste déficit. Désigné par le conseil d'administration, Angelin Preljocaj se heurte alors à la résistance des danseurs et à un mouvement d'opinion s'élevant contre la transformation en compagnie contemporaine de l'un des ultimes centres classiques restant en France. Ayant mieux à faire que de s'imposer par la force, sollicité de toutes parts, le nouveau directeur a l'élégance de se retirer. On lui donne Châteauvallon à la place. Mais la victoire des défenseurs de classique a été de courte durée : c'est finalement Maryse Delente qui l'emporte, préférée contre toute attente à deux étoiles de l'Opéra, Guizerix et Lormeau.
Journal de l'année Édition 1996
Danse : la paix des braves ? Sans doute moins de conflits cruciaux en 1995 dans le domaine de la danse et peut-être un espoir de détente entre les tenants du « moderne » et ceux du « classique ». Le principal affrontement fut de nature politique, puisqu'il découlait de l'arrivée à la mairie de Toulon, dont dépend Châteauvallon, d'un élu Front national. Sitôt en place, le nouveau maire faisait connaître ses réticences quant à la nature du Festival de Châteauvallon, qui est l'un des temps forts de la vie chorégraphique française. Il préférerait une manifestation pluridisciplinaire réservée aux artistes français. Simultanément, la direction du Festival faisait savoir qu'elle refuserait dorénavant toute subvention de la ville, chercherait ailleurs les crédits nécessaires et, au besoin, s'efforcerait de s'en passer. Simultanément encore, Angelin Preljocaj, nommé directeur du centre chorégraphique, annonçait qu'il renonçait à ce poste, refusant d'être le porte-drapeau culturel d'une mairie de cette couleur politique. Crise ouverte donc, à laquelle aucune solution précise n'est trouvée à ce jour. L'élection du maire étant remise en cause pour diverses raisons légales, il est possible que tout se dénoue au cas où de nouvelles élections, avec une issue différente, auraient lieu dans un avenir proche.
Journal de l'année Édition 1997
Danse Hormis la crise de Châteauvallon, la danse aura connu en 1996 une année plutôt paisible, sans grands bouleversements artistiques ni structurels. Pas de routine cependant, même à l'Opéra de Paris, qui reste toujours le thermomètre de la danse classique, et aujourd'hui contemporaine. En effet, la présence de Brigitte Lefèvre à la tête de la compagnie a accentué la tendance de ces dernières années allant vers un élargissement de l'horizon moderne du répertoire. Galotta, Mats Ek, Preljocaj sont devenus monnaie courante. On y annonce des créations de Carolyn Carlson et l'entrée au répertoire du Sacre du printemps de Pina Bausch. Et tout cela aux côtés du Casse-Noisette et de la Belle au bois dormant, version Noureïev, des multiples programmes Robbins et Balanchine, et aussi de la présence régulière de Roland Petit, dont on a remonté Notre-Dame de Paris à l'Opéra-Bastille. Maurice Béjart aussi a fait un retour fracassant avec sa Neuvième Symphonie dans cette même salle particulièrement adaptée à un spectacle de cette ampleur. La compagnie se porte mieux que jamais. Elle a triomphé à New York, en juin, comme à Paris toute l'année, devant des salles combles, avec parfois le même jour spectacle à Garnier et à Bastille. Le classique n'est pas mort. Un deuil pourtant avec la disparition à quatre-vingt-quatre ans de Lycette Darsonval, grande étoile de Lifar.