Chronique judiciaire
1966-1996
L’argent bien sûr, la politique aussi, le pouvoir et les magouilles évidemment, mais aussi les erreurs humains : tous les procès, les condamnations et les coups de théâtre qui ont fait la une dans l’Hexagone.
Journal de l'année Édition 1967
Chronique judiciaire Le 5 juin 1967, l'affaire Ben Barka, qui avait passionné l'opinion française pendant 18 mois, trouvait, après deux procès, son épilogue judiciaire devant les Assises de la Seine. Un épilogue surprenant, puisque la plupart des accusés étaient acquittés, mais qui, pourtant, passa presque inaperçu. Car le jour même du verdict devait éclater le conflit entre Israël et les pays arabes, qui mobilisa ailleurs les passions politiques.
Journal de l'année Édition 1968
Chronique judiciaire Le crime pour lequel la cour d'assises du Cher, vers la fin du mois d'octobre, a condamné Ernest Rodric à la réclusion criminelle à perpétuité est assez banal dans les annales judiciaires : l'accusé avait assassiné à coups de barre de fer, près de La Guerche-sur-l'Aubois, un employé de la Société générale en tournée, M. Segrétin, pour s'emparer d'une somme de 2 000 F ; après quoi il avait fait brûler près d'un bois la voiture et le corps de la victime. Mais ce qui sort de l'ordinaire, c'est que deux innocents, Mme Monique Caze et le gendarme Barrault, avaient bien failli se trouver dans le box à la place de Rodric...
Journal de l'année Édition 1969
Chronique judiciaire La Cour de cassation a prononcé, cette année, un arrêt exceptionnel, en décidant que Jean-Marie Deveaux — jeune commis boucher condamné à vingt ans de réclusion criminelle, en 1963, par la cour d'assises du Rhône, qui l'avait déclaré coupable du meurtre de la fillette de ses patrons — serait à nouveau jugé.
Journal de l'année Édition 1970
Chronique judiciaire Quatre ans après l'incendie et l'explosion qui, le 4 janvier 1966, à la raffinerie de Feyzin, ont provoqué la mort de 18 personnes et entraîné des blessures pour 84 autres, la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Vienne (Isère) a eu à juger l'affaire. Cinq inculpés ont comparu devant elle : Bernard Delapalme, directeur général de la Société Rhône-Alpes, dont dépendait la raffinerie, Julien Berthelet, directeur de cette dernière, Robert Dechaumet, aide-opérateur, Edmond Fossey, agent de la sécurité, et André Pierret, chef du corps des sapeurs-pompiers de Lyon.
Journal de l'année Édition 1987
Chronique judiciaire Les procès apparaissent parfois en retard par rapport aux mœurs de la société ou bien annonciateurs des problèmes de demain. Au chapitre de l'archaïsme criminel, les meurtres pulsionnels de toujours : à Ajaccio, c'est la condamnation du pécheur Antoine Recco à la prison à vie pour avoir étranglé deux jeunes touristes dans sa barque. Son frère Tony, en 1985, avait été condamné à la même peine pour six meurtres de sang-froid, dont celui d'une enfant de 12 ans. Itinéraire également trouble que celui de Lionel Carton : il s'empara de la femme d'un médecin de Pessac comme d'une proie, avant de la tuer et de marquer son chemin sanglant de la mort d'un policier.
Journal de l'année Édition 1988
Chronique judiciaire Quatre grands procès en 1987. Quatre histoires de terreur. Terreur clandestine des groupuscules révolutionnaires (Action directe, Fraction armée rouge libanaise de Georges Ibrahim Abdallah), terreur institutionnalisée de l'Ubu noir de Bangui, Jean Bedel Bokassa, et de Klaus Barbie.
Journal de l'année Édition 1989
Chronique judiciaire Procès du passé, du présent, du futur, groupés sur une même année. Le passé recomposé, c'est celui de Christian David, dit « le Beau Serge ». Le présent radiographié, c'est la médecine et ses turpitudes aux assises de Poitiers. Le futur annoncé, c'est la mouvance terroriste d'Action directe, qui passe en correctionnelle en avant-première.
Journal de l'année Édition 1990
Chronique judiciaire Pour solde de tout compte... C'est ainsi que la justice pourrait qualifier elle-même les procès de l'année 1989 qui s'apparentent plus à des bilans qu'à des affaires criminelles. Ainsi, les deux passages devant les assises des dirigeants d'Action directe à Paris et à Lyon n'ont signifié aucunement la résurgence d'un terrorisme à la française, mais plutôt sa liquidation judiciaire. Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani, Joëlle Aubron n'obtiennent qu'une indifférence marquée, bien pire pour eux que les condamnations à perpétuité que la cour d'assises spéciale de Paris leur inflige pour l'assassinat du P-DG de Renault, Georges Besse. Quant aux 20 membres de la branche lyonnaise du terrorisme, dont André Olivier, l'idéologue, et Max Frérot, le dynamiteur, ils tiennent des propos usés et confus devant les bancs vides de la gigantesque salle d'assises de Lyon.
Journal de l'année Édition 1991
Journal de l'année Édition 1993
Chronique judiciaire : le sang contaminé Ce n'est pas un procès d'assises qui aura été la plus grande affaire de l'année et même de la décennie judiciaire. C'est une simple correctionnelle portant sur une infraction ordinaire – tromperie sur la marchandise – qui prendra, malgré ce qualificatif dérisoire, sa véritable dimension tragique, car il s'agit de l'immense scandale de la transfusion sanguine et du sida.
Journal de l'année Édition 1994
Chronique judiciaire : le procès des initiés C'est parce qu'elle touchait à la fois au monde de l'argent, à celui de la politique et au demi-monde tout court, et parce que sur elle planaient les morts controversées d'un Premier ministre (Pierre Bérégovoy, suicidé le 1er mai 1993) et d'un ami intime du président de la République (Roger Patrice Pelat, mort d'une crise cardiaque le 7 mars 1989), que l'affaire Pechiney a été en 1993 le procès qui, de loin, a le plus attiré l'attention des journalistes.
Journal de l'année Édition 1995
Chronique judiciaire : le procès des assises Bien sûr, on ne saurait comparer les procès d'Omar Raddad et d'Élisabeth Cons-Boutboul avec celui de Paul Touvier. Il y a d'un côté deux affaires criminelles, mystérieuses mais somme toute classiques, et de l'autre le premier procès fait en France à un milicien, accusé et condamné pour complicité de crime contre l'humanité. Bref, la petite histoire contre la grande. Cependant, ces procès ont connu une couverture médiatique comme on en voit peu. De plus, par leurs verdicts contestés, par les étonnantes réactions qu'ils ont suscitées, tant en France qu'à l'étranger, par les débats qu'ils ont provoqués et surtout par la remise en cause de la vieille et classique cour d'assises qu'ils ont entraînée, les procès d'Élisabeth Cons-Boutboul et surtout d'Omar Raddad ont eu des résonances qui les dépassent.
Journal de l'année Édition 1996
Chronique judiciaire L'argent bien sûr, la politique aussi, le pouvoir et les magouilles évidemment, et toujours les affaires : il n'a été question que de cela dans les prétoires en 1995. Dans tout l'Hexagone, on a assisté à une floraison de procès où, sur le banc des prévenus, se trouvaient des ministres, des politiciens, des maires, des hommes d'affaires et des vedettes du show-business. À Saint-Brieuc, Henri Emmanuelli, ancien trésorier du PS, comparaissait dans le cadre de l'affaire URBA-SAGES. Michel Noir, maire de Lyon, et Michel Mouillot, maire de Cannes, siégeaient côte à côte dans l'affaire Botton. Bernard Tapie à Valenciennes, Alain Carignon à Lyon, Jacques Médecin à Grenoble, les chroniqueurs judiciaires ne savaient où donner de la tête. Partout il n'était question que d'abus de biens sociaux, de recel d'abus de biens sociaux, de corruption active et passive.
Journal de l'année Édition 1997
Chronique judiciaire « N'est pas grand assassin qui veut. Pour se faire une place, même modeste, au Panthéon du crime, pour prétendre à une célébrité durable, il faut de la chance, de l'imagination, voire de la persévérance et du talent. Les amateurs de faits divers sont des censeurs sévères. Dans leur rubrique préférée ils ne supportent ni la banalité, ni les effets faciles et même avec tout le talent du monde on ne saurait ni forcer leur curiosité, ni leur imposer un héros médiocre. » Dans son introduction aux Grandes Affaires criminelles (Éd. Bordas, 1988), Alain Monestier explique que dans le flot de sang qui macule les longs fils des téléscripteurs, seule une toute petite partie obtient les honneurs de la chronique judiciaire.