Certes, le modèle mis au point par les docteurs William Kolff et Robert Jarvik, en polyuréthane et aluminium, de la taille d'un cœur normal, avec quatre valves à disque formant un système indépendant, constitue un progrès grâce à la miniaturisation du compresseur électrique qui fournit de l'air sous pression pour faire fonctionner la prothèse. Ce n'est cependant pas avec ses deux tuyaux qui lui traversent la poitrine pour relier les veines caves et les veines pulmonaires au compresseur, lequel conserve le volume d'une valise, que le malade peut prétendre à l'indépendance. Celle-ci suppose une implantation totale du dispositif cœur-chaîne d'énergie.

Cobaye

Barney Clark peut être considéré et se considère lui-même comme un cobaye humain. Ni les matériaux composant les chambres cardiaques, ni les valves, ni la source d'énergie, ni le système régulateur ne sont tout à fait au point, le Dr Jarvik lui-même le reconnaît, et l'évolution postopératoire orageuse du malade le prouve.

Un des éléments du cœur artificiel avait déjà dû être remplacé pour défaillance en cours d'opération le 2 décembre. Puis, le logement de la valve ventriculaire gauche s'étant rompu, Barney Clark a été réopéré 12 jours plus tard ; il a fallu remplacer le ventricule gauche tout entier. Entre-temps, le patient avait encore subi une intervention rendue nécessaire par la rupture de bulles d'emphysème et il avait fait des convulsions, peut-être d'origine métabolique, sans parler d'une dépression et d'une pneumonie.

Dernière chance

Il faut dire que, pour ce dentiste de 61 ans, le cœur artificiel, dont le coût est estimé à 20 000 dollars, était la dernière chance : il était arrivé au stade ultime de sa maladie cardiaque dégénérative, au point que la date prévue pour l'opération avait dû être avancée. Vingt jours après la mise en place de son nouveau cœur, le malade s'est levé. On lui a remis une petite clé qui lui permettra d'arrêter le fonctionnement de l'appareil, le jour où il sera lassé de l'expérience, ce qui était expressément prévu dans le document signé par le patient avant l'opération.

Et, déjà, d'autres modèles sont à l'étude ailleurs dans le monde, en URSS et en France, notamment.

Techniques

Énergies

L'électronucléaire au ralenti

Rapsodie, premier surgénérateur expérimental français (Journal de l'année 1966-67), inauguré en 1967 avec une puissance de 24 MW, portée plus tard à 40 MW, a été définitivement arrêté fin septembre. En quinze années de fonctionnement, coupées de divers incidents, ce prototype aura démontré la faisabilité des réacteurs à neutrons rapides, mais aussi mis en lumière leur point faible : la difficulté d'assurer l'étanchéité des circuits de sodium fondu. Le CEA poursuit ses expériences sur le surgénérateur de 250 MW Phénix, à Marcoule, tandis que s'achève à Creys-Malville la construction de Super-Phénix, prototype de taille industrielle (1 250 MW), qui devrait entrer en service en 1984. En RFA, seul autre pays occidental à entreprendre un programme de réacteurs à neutrons rapides, la contestation antinucléaire allonge considérablement les délais prévus pour la construction du surgénérateur de Kalkar (300 MW) au point de compromettre la poursuite du projet, que le nouveau chancelier affirme cependant vouloir mener à son terme.

Fusion

La conférence de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique), réunie à Vienne en septembre, a enregistré un net ralentissement des programmes électronucléaires dans les pays industrialisés, avec les exceptions notables de l'URSS, du Japon et de la France. Les industries qui produisent des réacteurs ne travaillent qu'au dixième de leur capacité de production, et plusieurs mines d'uranium annoncent leur fermeture. En France, la part du nucléaire dans la production d'électricité a approché 40 % en 1982 (contre 37,8 % l'année précédente). L'électricité d'origine nucléaire coûte 30 à 40 % moins cher que celle des centrales thermiques à charbon importé, et environ 3 fois moins que celle des centrales à produits pétroliers.