L'hypophyse sécrète, entre autres hormones, l'hormone de croissance, ou HGH, qui agit sur la croissance des tissus et des cartilages, sur le métabolisme, sur la morphogenèse. Mais sa libération dans l'organisme est contrôlée par un facteur produit par l'hypothalamus, région du cerveau située non loin de l'hypophyse et qui régit la libération de toutes les sécrétions hormonales hypophysaires. Ce facteur est le GRF, présent dans l'organisme en quantités infinitésimales.

Tests

C'est grâce à un médecin français, le Dr Geneviève Sassolas, du Centre de médecine nucléaire de la faculté de médecine Alexis-Carrel, à Lyon, qu'on a pu disposer de quantités suffisantes de GRF. Le Dr Sassolas avait diagnostiqué une tumeur du pancréas exceptionnelle fabriquant du GRF en abondance ; on l'a donc extrait de la pièce opératoire et on a pu isoler la molécule, déterminer sa structure et mettre au point des procédés aboutissant à sa synthèse in vitro.

Les tests semblent montrer que la molécule synthétique possède toutes les caractéristiques de la molécule naturelle. Reste à obtenir l'autorisation de la Food and Drug Administration pour procéder à des études cliniques chez l'homme.

Une fois les données expérimentales confirmées chez le volontaire normal, on entreprendra des traitements dans deux services de pédiatrie aux USA et dans un service lyonnais : c'est une question de quelques mois.

Selon le Dr Guillemin, 50 % environ des enfants aujourd'hui classés parmi les cas de nanisme hypophysaire relèvent du traitement par le GRF synthétique. Ce produit pourrait aussi s'administrer aux malades ayant subi de fortes pertes azotées (après chirurgie, radiothérapie, etc.).

Enfin, à doses faibles, le GRF augmente le poids et la taille de certaines espèces animales traitées en période de croissance.

Médecine

Première autogreffe réalisée sur des cellules cérébrales humaines

Une équipe suédoise du Karolinska Institutet de Stockholm a prélevé des cellules surrénales chez un patient atteint de la maladie de Parkinson pour les greffer sur son cerveau. Ces cellules sécrètent de la dopamine, un des médiateurs chimiques du système nerveux. On espère qu'elles prendront le relais des cellules grises dégénérées, qui, normalement, fabriquent cette substance indispensable au contrôle de la motricité et qui se situent dans certaines structures de la base du cerveau : le locus niger et le corps strié. L'expérience des docteurs Olof Backlund, Lars Olson et Aki Seiger ne remonte qu'au mois de mai ; une dizaine d'interventions semblables sont prévues. Il faut donc attendre avant de savoir si ce type d'autogreffe ouvre une voie efficace dans le traitement de la maladie de Parkinson, qui, en France, atteint 60 000 personnes.

Virus et cancer de Kaposi

La défaillance du système immunitaire cellulaire, ou SIDA (syndrome d'immunodépression acquise), a été recensée en France, en 1982, chez 22 patients du CHU Pitié-Salpêtrière. Dans cette série, on a trouvé 10 sarcomes de Kaposi et 12 infections virales.

Le syndrome n'est pas particulier aux homosexuels, comme on l'avait cru tout d'abord aux États-Unis pour ce cancer jusqu'alors rare qu'est le sarcome de Kaposi (tumeur maligne du tissu conjonctif) [Journal de l'année 1981-82]. Il n'est pas l'apanage des drogués au popper, nitrite d'amyle contenu dans des petites ampoules qui font entendre un bruit de pop-corn quand on les brise. Il est en augmentation, comme le prouvent les statistiques du Center for Disease Control d'Atlanta : 41 cas en juin 1981, 471 en juillet 1982. Il s'accompagne toujours d'infections graves, dont bon nombre causées par le cytomégalovirus (famille des herpès virus) et qui toutes sont liées à un effondrement des défenses immunitaires.

Un fait retient actuellement l'attention des autorités sanitaires : un certain nombre de cas américains concernent des ressortissants haïtiens, et, parmi les cas de SIDA observés en France, il y a deux femmes haïtiennes et un homme ayant épousé une femme originaire d'Haïti.

Plusieurs questions se posent : cette île des Grandes Antilles est-elle le foyer d'un virus particulier ? Y a-t-il une relation entre le sarcome de Kaposi et un virus ? La parole est maintenant aux épidémiologistes.

Statistiques sur le cancer

L'Enquête permanente cancer regroupe les principales données recueillies sur les consultants des vingt Centres de lutte contre le cancer qui existent en France. Pour la période 1975-1980, sur 541 581 consultants, on a décelé 221 061 cas de cancer et 67 064 lésions bénignes.