La cheville ouvrière de la recherche spatiale européenne et de ses applications est le lanceur Ariane. Celui-ci, lors de son premier tir opérationnel, le 10 septembre, a un décollage parfait et un fonctionnement sans faute des deux premiers étages, mais, quatre minutes après l'allumage du troisième, la turbopompe tombe en panne et l'engin va s'engloutir dans les eaux de l'Atlantique, au large des côtes africaines, entraînant ainsi avec lui les deux satellites dont il était porteur, Marecs 2 et Sirio 2.

Les effets cumulés de cet accident et de celui qui avait fait échouer le deuxième tir auront pour conséquences de retarder le programme Ariane d'environ 17 mois et de grever son budget de quelque 790 millions de F. Mais ces échecs, que d'autres fusées ont connu à leur origine, notamment celles dont les moteurs consomment de l'hydrogène liquide, ne sont pas de nature à bloquer le déroulement des phases ultérieures du programme. Des Ariane plus puissantes et plus perfectionnées ont donc continué de prendre forme dans les ateliers et les bureaux d'études.

ONU et télévision en direct

L'espace est sans frontières. Il échappe aux visas et aux autorisations. Après tout, il n'est pas mal que chacun puisse survoler la maison Terre en long et en large comme si elle était la demeure commune de tous les hommes. Mais cela, du moins, tant que le survol se limite strictement à observer passivement ce qui se passe au sol.

Les choses changent dès lors qu'on cale à demeure un satellite géostationnaire au-dessus de l'horizon, l'antenne braquée sur un pays, et que, sans demander l'avis de ses représentants, on arrose celui-ci d'informations plus ou moins partisanes, de publicité contraire aux intérêts du pays ou de ses habitants, ainsi que de films, feuilletons et dramatiques nuisibles à l'acquis culturel du peuple concerné.

Cela à l'abri de toute réciprocité car, par manque de moyens, on voit mal Islandais, Égyptiens ou Cubains braquer leurs propres satellites sur l'Europe occidentale ou les États-Unis pour leur rendre la pareille. Telles sont les motivations qui, approuvées par une forte majorité (108 voix pour et 13 contre), font l'objet d'une résolution de l'ONU votée le 10 décembre.

Elle demande une réglementation interdisant l'usage des satellites de télévision directe qui diffuseraient des programmes à l'adresse de pays qui n'en ont pas fait la demande. Les États-Unis et les pays de l'Europe occidentale, à l'exception de la France, sont les seuls à avoir voté contre cette résolution.

Astronomie

L'âge de l'Univers : 10 ou 15 milliards d'années

Peu d'astrophysiciens doutent que l'Univers soit en expansion, et que les galaxies s'éloignent les unes des autres à une vitesse d'autant plus grande qu'elles sont plus distantes. Le rythme de cette expansion est fixé par la constante de Hubble, du nom de l'astronome américain qui, le premier, la détermina, dans les années 20. Celle-ci s'exprime en kilomètres par seconde et par mégaparsec. Mais sa valeur estimée a beaucoup varié depuis un demi-siècle et reste encore aujourd'hui un sujet de discorde pour les spécialistes, par suite des difficultés inhérentes à l'établissement d'une échelle de distance des galaxies.

La comète de Halley retrouvée

Activement recherchée à l'approche de son retour au voisinage du Soleil, prévu pour 1986, la célèbre comète de Halley est retrouvée le 16 octobre par une équipe américaine (D. Jewitt, E. Danielson, J. Gunn, J. Westphal, D. Schneider, A. Dressler et B. Zimmerman), sur un cliché obtenu à l'aide du télescope de 5,08 m de l'observatoire du mont Palomar, équipé de la caméra à grand champ conçue pour le futur télescope spatial de la NASA. L'astre, situé au-delà de l'orbite de Saturne, à plus de 1 500 millions de km de la Terre, apparaît dans la constellation du Petit Chien comme un tout petit point lumineux de magnitude 24,2, dont l'éclat est 20 millions de fois plus faible que celui de l'étoile la moins brillante visible à l'œil nu. Pas de doute possible pourtant sur son identité : l'objet se trouve à 8 secondes d'arc seulement de la position que lui assigne le calcul et une série de cinq clichés montre qu'il se déplace à la vitesse prévue de 3,5 secondes d'arc par heure. La découverte est d'ailleurs confirmée dès le 5 novembre par une autre équipe américaine, conduite par M. Belton. Ainsi les spécialistes sont-ils rassurés : la comète sera bien au rendez-vous en 1986 (le dimanche 9 février, avec 10 heures d'avance sur les prévisions !), et l'on peut poursuivre avec ardeur la mise au point des quatre sondes qui seront lancées à sa rencontre.

Critères

Les distances des galaxies sont trop considérables pour qu'on puisse les mesurer directement, comme celles de certaines étoiles, par des méthodes géométriques. On recourt donc à des méthodes indirectes, basées sur des relations fondamentales, ou critères de distances, établies et calibrées avec des astres de distance connue. Ces critères relient soit la luminosité, soit la dimension géométrique d'un objet bien défini à un paramètre qui peut être déterminé par l'observation, sans qu'il soit besoin de connaître la distance.