Disciplines

Athlétisme

À l'image de son point d'orgue, les Championnats du monde organisés à Paris, la saison 2003 d'athlétisme a été riche en émotions mais pauvre en performances chronométriques. Seuls trois records du monde ont été battus, tous par des athlètes féminines et, outre le 400 m haies, dans des disciplines récentes, le 3 000 m steeple et le saut à la perche.

Plus que tous les autres, ce sont les sprinteurs qui, un an après le record du monde de Tim Montgomery (9″ 78), sont restés en deçà des canons de leur discipline à l'image de Kim Collins, vainqueur surprise du 100 m mondial en 10″ 07, devant de bien faibles rivaux. Mais une compétition d'athlétisme privée de record du monde n'est pas forcément de piètre qualité. Pour une fois, les stars du sprint ont cédé la vedette à des héros plus discrets qui ont su livrer d'homériques bagarres et l'emporter avec panache.

Du spectacle avant tout

Parmi les images de Paris 2003, on retiendra ainsi la course acharnée et vaine d'Eunice Barber pour rattraper l'invincible Suédoise Carolina Kluft à l'heptathlon, devant un public partagé et enthousiaste. Battue après avoir tout donné, la Française a finalement remporté une médaille d'or inattendue à la longueur, surclassant la concurrence lors de son ultime tentative. Touchante aussi, l'attitude du Marocain Hicham El Guerrouj envers son dauphin du 1 500 m Mehdi Baala, superbe de courage. Après avoir remporté sa 77e victoire en 80 courses et son quatrième titre mondial, le roi du demi-fond, également deuxième du 5 000 m, s'est emparé dans les tribunes du fils de Baala, son ancien compatriote, pour lui faire faire un tour d'honneur qui fut l'un des moments les plus émouvants de ces Mondiaux. Test grandeur nature en vue de la candidature de Paris à l'organisation des jeux Olympiques 2012, les IXe Championnats du monde ont été une véritable fête populaire suivie par quelque 500 000 spectateurs, dans le Stade où les Français avaient remporté la Coupe du monde de football 1998. Comme El Guerrouj – désigné athlète masculin de l'année –, Allen Johnson sur 110 m haies, Felix Sanchez sur 400 m haies, Maria Mutola sur 800 m ou Hestrie Cloete – athlète féminine de l'année – à la hauteur ont su conserver leur couronne mondiale. La Mexicaine Ana Guevara a confirmé sa suprématie sur 400 m, tandis que l'Italien Giuseppe Gibilisco, fut vainqueur au Stade de France de son premier concours de niveau international à la perche. À l'inverse, plusieurs héros vivaient leur crépuscule : Haile Gebrselasie, battu sur sa distance fétiche, le 10 000 m, par son compatriote Kenenisa Bekele, Johnatan Edwards ou Gabriela Szabo écartés des podiums du triple saut et du demi-fond. En l'absence de Marion Jones et de Konstantin Kenteris et en raison de la méforme du triple champion du monde du 100 m Maurice Greene, de Tim Montgomery et de Zhanna Block, le sprint a connu un véritable renouvellement de génération avec des athlètes qui auront encore tout à prouver en 2004 comme Kim Collins, John Capel mais aussi Kelli White.

Paris rattrapé par les scandales

Sacrée sur 100 et 200 m, cette dernière aurait pu être la grande dame des Championnats du monde sans son contrôle positif, au soir du 100 m, à un stimulant mineur. Le cas Kelli White, qui était susceptible de déboucher sur une confiscation de ses médailles au terme d'une longue procédure, a choqué en raison du palmarès de l'intéressée. Mais d'autres affaires plus sérieuses ont terni la saison et les Championnats du monde. Cinq athlètes ont été ainsi contrôlés positifs à l'EPO au cours de 2003. Parmi eux le Français Fouad Chouki l'a été à Paris et a mis en porte-à-faux son équipe, réputée pour être l'une des plus virulentes en matière de lutte antidopage.

Le contrôle positif de Chouki a jeté une ombre sur le bilan tricolore, pourtant le meilleur de son histoire aux Championnats du monde. Avec sept médailles dont deux en or, la France se place au cinquième rang du classement des nations, largement devancée par les États-Unis (20 podiums) et la Russie (19) mais faisant jeu égal avec l'Éthiopie et la Biélorussie (7). Une fois n'est pas coutume, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Espagne, toutes trois très décevantes, se laissent devancer par la France au bilan final.