Journal de l'année Édition 2003 2003Éd. 2003

Alain Polak

Batasuna et ETA

Euzkadi Ta Akatasuna (ETA) – « Patrie et Liberté » – est créé en 1959 par des opposants aux conservateurs du Parti nationaliste basque (PNV). En décembre 1973, il se distingue par l'assassinat de l'amiral Carrero Blanco, président du gouvernement et successeur désigné de Franco. En novembre 1975, la mort du caudillo ouvre la voie à la démocratisation du pays. Coalition indépendantiste de l'extrême gauche « patriote », Herri Batasuna (HB) – « Unité populaire » – est créée en avril 1978 en prévision de l'octroi d'un statut d'autonomie au Pays basque – il sera adopté par référendum en octobre 1979. Soutenue par l'aile dure de l'ETA, HB fait figure de « vitrine légale » de l'organisation clandestine. Lors des premières élections régionales, en mars 1980, les modérés du PNV remportent la majorité au Parlement basque, qu'ils détiennent toujours. En octobre 1998, un mois après la proclamation par l'ETA d'une trêve « illimitée », la coalition Euskal Herritarok (EH) fondée par HB crée la surprise en obtenant près de 18 % des suffrages et 14 élus sur 75 aux élections régionales. En mai 2001, seize mois après la rupture de la trêve par l'ETA, EH perd la moitié de ses représentants au Parlement de Vitoria, plafonnant à 10 % des voix. Selon le sociologue basque Javier Elzo, « dans Batasuna, 30 000 à 50 000 militants approuvent les actions de l'ETA et une minorité y collabore. Mais la majorité, 100 000 personnes environ, est contre et 25 000 autres changent d'opinion selon les cas ».