Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Les Verts préservent une unité de façade

Réunis en congrès à Toulouse les 11 et 12 novembre, les Verts ont finalement fait taire leurs dissensions pour se rassembler autour de Dominique Voynet. La ministre de l'Environnement a péniblement reconstitué une majorité en ralliant ses principaux adversaires à une motion de synthèse votée par 67 % des militants, mais au prix d'importantes concessions. Le ton se fait ainsi plus dur à l'égard du PS, auquel les Verts entendent monnayer leur soutien en vue des législatives contre l'introduction d'une dose de proportionnelle.

Naufrages de pétroliers et autres tankers déversant leurs produits chimiques au large des côtes françaises, maladie de la vache folle qui empoisonne les consommateurs, effet de serre dont les conséquences se font de plus en plus sentir sur notre planète... L'actualité accorde une place prépondérante à l'écologie. Cette promotion politique de l'écologie ne semble pourtant guère avoir eu d'effet sur les Verts français, enfermés dans leurs querelles hexagonales. L'exercice d'un pouvoir partagé avec la gauche plurielle a exacerbé les rivalités au sein des Verts, minés par une guerre des chefs qui se durcit à l'approche des échéances électorales. La discipline gouvernementale a été mise à rude épreuve depuis le naufrage en janvier du pétrolier Erika, Dominique Voynet ayant été prise à partie pour ne pas avoir su évaluer à sa juste mesure l'ampleur de la tragédie. La crise des carburants, en septembre, n'a fait qu'ajouter au malaise des Verts. Les protestations de Mme Voynet concernant notamment la suppression de la vignette n'empêcheront pas les Verts de souscrire à la déclaration commune dans laquelle les cinq partis de la majorité énumèrent leurs engagements pour les deux ans à venir lors du sommet de la gauche plurielle à Paris le 7 novembre.

Le congrès des Verts, qui se réunissait quelques jours plus tard à Toulouse, avait donc toutes les chances de virer au règlement de comptes, en plaçant sur la sellette Dominique Voynet, accusée d'avoir sacrifié les ambitions politiques de son parti sur l'autel de sa participation au gouvernement, laissant les écologistes sur leur faim, alors qu'outre-Rhin les Grünen ont vu leur participation à la coalition dirigée par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder récompensée par l'annonce, le 15 juin dernier, de l'abandon par l'Allemagne de l'énergie nucléaire.

Une synthèse in extremis

Au terme d'âpres négociations, la ministre de l'Environnement parviendra toutefois à canaliser autour d'une motion de synthèse les courants antagonistes de son parti. Adoptée par 67 % des quelque 500 délégués de l'assemblée fédérale, cette motion de synthèse, présentée comme un « contrat d'orientation politique et de rénovation du mouvement », rectifie le tir par rapport à la position consensuelle manifestée au sommet de la gauche plurielle et se montre nettement plus dure face au PS sous la pression des principaux adversaires de Mme Voynet, le tandem Noël Mamère-Guy Hascoët et l'environnementaliste Maryse Arditi. C'est à ce prix que la ministre de l'Environnement a pu préserver une unité de façade, du moins jusqu'à l'assemblée générale extraordinaire prévue en juin 2001, date à laquelle devrait avoir été désigné le ou la candidate écologiste pour les présidentielles. Des négociations sur l'introduction d'une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif doivent entre-temps être conduites avec le PS, dont l'issue devra déterminer les modalités de l'alliance au sein de la majorité plurielle. Ce compromis avec l'aile dure de son parti ne garantit toutefois pas que Mme Voynet puisse se rallier les déçus de l'écologie qui l'attendent au tournant du sommet sur l'effet de serre, qui doit débuter le lendemain à La Haye et qui lui vaudra une volée de bois vert...

U. G.

Les avantages de la proportionnelle

Forts de leur score aux européennes de 1999 (9,7 % des suffrages), qui leur avait valu 9 sièges au Parlement européen, les Verts réclament le rétablissement de la proportionnelle ou d'une part de proportionnelle pour les législatives de 2002, menaçant de présenter des candidats autonomes dans toutes les circonscriptions en cas de refus du PS, qui a toutes les raisons de s'inquiéter de ces menaces. Le scrutin majoritaire à deux tours serait très défavorable aux écologistes qui risqueraient de perdre leurs 5 sièges obtenus en 1997 (avec 3,99 % des voix) en grande partie grâce aux électeurs socialistes, et ce même s'ils réitèrent, ce qui est peu probable, leur bon score des européennes.