Journal de l'année Édition 1998 1998Éd. 1998

En jetant les bases d'un « concept stratégique commun », Paris et Bonn ont réactivé le principe d'une sorte de communauté de défense franco-allemande, qui n'est pas sans rappeler le projet du général de Gaulle (1963), mais à cette différence près qu'elle serait désormais placée sous le double parrainage de l'Europe et de l'OTAN. S'il vrai que la France et l'Allemagne parlent d'une même voix dans la CIG, envisagent une stratégie commune, entendent coordonner leurs présidences de l'UEO afin d'accélérer la création d'un « pilier européen de Défense », on rappellera aussi que ce n'est pas la première fois. Il y a quelques années, Paris et Bonn envisageaient déjà de fondre leurs présidences du Conseil européen en une présidence commune. Peu de temps après, il ne s'agissait plus que d'une simple concertation pour assurer la continuité, prélude à l'abandon du projet. Dans le domaine de la Défense, les principes ne trouvent pas à se concrétiser sous forme de projets industriels. Pour des raisons financières, l'Allemagne a écarté sa participation au programme de satellite Horus, projet auquel la France tient particulièrement. Quelques observateurs avisés de la « chose » allemande n'ont pas manqué d'émettre des doutes quant aux capacités de Bonn à résister au lobbysme américain et quant à sa fermeté dans l'affaire du commandement sud de l'OTAN, si d'aventure Washington accentuait sa pression.

Quelles que soient les réserves que l'on peut former à l'endroit du parfait synchronisme du tandem franco-allemand, l'affirmation d'une communauté de principes vérifie une constance des relations entre Bonn et Paris : les différences d'appréciations écartées, il n'existe d'aucun côté du Rhin de solution de rechange à la coopération.

P. F.

Des intérêts de sécurité indissociables

Selon le texte adopte lors du sommet de Nuremberg, Paris et Bonn sont engages à part égale dans la défense de l'alliance contre un ennemi extérieur, comme dans la préservation de la stabilité internationale. Il est ainsi question d'« interopérabilité » et de « rapprochement des structures ». Le chapitre consacré à la coopération en matière d'armement – les industries devant coopérer pour produire du matériel répondant indifféremment aux besoins des deux armées – exprime le même souci de complémentarité. Le document franco-allemand souligne la nécessité pour les deux pays de disposer « de capacités stratégiques de renseignement pour une appréciation indépendante des situations de crise ».