L'eau menacée

L'eau est une ressource abondante, en principe renouvelable, mais très inégalement répartie. Les prélèvements nécessaires à l'agriculture, à l'industrie et à la consommation d'une population mondiale sans cesse croissante font qu'elle pourrait finir par manquer. De plus, la qualité des eaux naturelles et de consommation se dégrade du fait de la pollution.

Le renouvellement naturel des eaux superficielles continentales s'explique par le climat, lui-même résultat d'un équilibre entre l'hydrosphère, l'atmosphère, la biosphère et l'énergie solaire. Cette dernière est le moteur du cycle de l'eau : elle entretient les mouvements ininterrompus de l'eau entre continents, océans et atmosphère. Le cycle se déroule ainsi : sous l'effet de l'évaporation des eaux océaniques et continentales et de la transpiration des êtres vivants, l'eau s'accumule dans l'atmosphère. Au cours de son ascension, la vapeur d'eau, en se refroidissant, se condense partiellement sous forme de nuages ; l'atmosphère se charge alors en eau à l'état de liquide, de vapeur ou de cristaux de glace. Les gouttes de pluie, les grêlons ou la neige retombent sous l'effet de la gravité, sur les océans et les continents. Une partie des eaux précipitées est soumise à l'évaporation et à l'évapotranspiration, tandis que l'autre ruisselle à la surface ou s'infiltre dans le sol et le sous-sol. Les eaux de ruissellement se concentrent dans les cours d'eau avant de rejoindre mers et océans, lacs et mers continentaux. Et le cycle reprend. L'inégale répartition des eaux superficielles s'explique par la dynamique du cycle de l'eau, elle-même déterminée par l'énergie solaire, les échanges énergétiques Terre-Soleil et Terre-atmosphère, le champ de pression atmosphérique, et par des facteurs astronomiques et géographiques. Les précipitations sont inférieures à l'évaporation dans les régions subtropicales et polaires, et supérieures dans les régions des basses et moyennes latitudes. Il n'est donc pas étonnant que la carte des ressources en eaux superficielles soit superposable à celle des précipitations.

La ressource

La réserve totale en eau de la planète, estimée entre 1,4 et 1,7 milliard de km3, est constante. Elle est constituée par les eaux océaniques, par les eaux que retiennent les calottes glaciaires et enfin par les glaciers et les eaux continentales. Soit, respectivement, 97,2 %, 2 % et 0,6 % de l'ensemble (les 0,2 % restants correspondent au cumul de l'eau du sol et de l'eau atmosphérique). Sur les 100 000 km3 d'eau qui retombent chaque année sur les continents, 15 000 s'infiltrent dans les sols ou sont absorbés parla végétation, 60 000 s'évaporent et 35 000 alimentent lacs et rivières. L'homme n'utilise que la moitié environ de ces eaux de surface, soit de 15 000 à 20 000 km3. Ce volume est très supérieur aux besoins actuels et il n'y a pas de risque de pénurie à court terme. Précisons cependant que la répartition spatiale des eaux douces superficielles est aussi inégale que celle des précipitations et que de grands gisements d'eau souterraine – généralement fossile donc non renouvelable – existent aussi bien dans les régions désertiques que dans les régions très pluvieuses. L'eau douce, à l'échelle de la planète, ne se trouve pas toujours où il faudrait au regard de la répartition de la population.

Les eaux superficielles

Il s'agit de l'ensemble des eaux de surface (eaux fluviales et lacustres) ainsi que des nappes phréatiques situées à moins de 100 m de profondeur. Ces eaux, là où elles existent, sont renouvelées dans les conditions climatiques actuelles. Leur abondance peut être affectée par des sécheresses aggravées, comme c'est souvent le cas dans les régions subtropicales et tropicales sèches (Sahel).

La qualité naturelle de ces eaux est fonction de leur contexte géologique, biogéographique et climatique. Les eaux courantes, en l'absence de toute influence humaine, contiennent et transportent des matières dissoutes et des matières en suspension : les premières proviennent de l'altération des roches, du lessivage des sols, des apports atmosphériques d'origine volcanique et océanique ; les secondes sont fournies par l'érosion mécanique des roches, des sols et des berges des rivières, ainsi que par la végétation.