Le sport au défi des nouveaux dopages

Les progrès réalisés en biologie et en médecine font que l'on dispose aujourd'hui de nouvelles molécules capables d'augmenter notablement les performances physiques.
Ces substances hormonales sont, en toute illégalité, utilisées par de nombreux sportifs, alors que les techniques disponibles ne permettent pas de mettre toujours en évidence cette nouvelle forme de dopage.

C'est, pour l'essentiel, la mise sur le marché il y a une dizaine d'années de deux hormones humaines produites par les techniques du génie génétique, l'érythropoïétine (EPO) et l'hormone de croissance, qui a révolutionné la pratique du dopage. Excessivement variées, souvent toxiques lorsqu'elles étaient efficaces, les substances dopantes utilisées jusqu'alors (et qui continuent encore souvent à l'être) empruntaient à différentes familles pharmacologiques mais pouvaient assez facilement être détectés, notamment par dosage dans les urines. Ainsi, le dernier cas spectaculaire de dopage mis en évidence ces dernières années, celui du sprinter canadien Ben Johnson – privé de son titre olympique en 1988 avant d'être suspendu une nouvelle fois en 1993 –, avait pour origine la prise de testostérone, hormone sexuelle mâle connue pour ses propriétés anabolisantes ; à l'époque déjà, les spécialistes de l'endocrinologie et de la médecine du sport n'avaient pas caché leur surprise de voir un athlète de ce niveau recourir à des procédés aussi... démodés.

L'érythropoïétine (EPO)

Cette hormone a, de manière naturelle, la propriété de décupler la production par l'organisme de globules rouges et, ainsi, en augmentant la quantité d'air transportée par le sang aux tissus musculaires, d'améliorer les performances physiques. En médecine, l'EPO est utilisée chez les malades placés en hémodialyse (ou rein artificiel) souffrant d'une production insuffisante de globules rouges. Les techniques disponibles font que l'EPO prise à des fins dopantes n'est pas détectable dans les petites quantités d'urine prélevées lors des contrôles antidopage. La prise d'EPO peut avoir de graves effets secondaires dans la mesure où elle modifie les paramètres de la viscosité sanguine, exposant ainsi à la survenue d'accidents cardio-vasculaires. Les spécialistes estiment que l'EPO a commencé à être utilisée par certaines équipes cyclistes italiennes au début des années 80 avant que l'usage de cette hormone ne se répande largement dans les milieux cyclistes. On estime aussi que d'autres produits d'origine sanguine, comme les hémoglobines de substitution toujours en expérimentation chez des malades et pas encore commercialisées, sont d'ores et déjà détournés de leur usage et utilisés à des fins dopantes.

L'hormone de croissance

Synthétisée au niveau de l'hypophyse, elle a, outre sa fonction de stimuler la croissance chez l'enfant et l'adolescent, des propriétés anabolisantes, augmentant notamment, comme la testostérone, la masse musculaire et réduisant la masse graisseuse de l'organisme. Commercialisée pour les enfants souffrant d'insuffisance hypophysaire, elle est détournée de son objet et utilisée sous forme d'injections intradermiques par certains adeptes des sports de puissance ou d'endurance, ainsi que dans les milieux du culturisme.

Une autre version de cette hormone (fabriquée à partir d'extraits cérébraux humains) présente de sérieux risques sanitaires dans la mesure où elle peut (à la différence de l'autre issue des techniques du génie génétique) transmettre l'agent de la maladie neurodéeénérative de Creutzfeldt-Jakob.

Vers de nouvelles méthodes de dépistage

Les responsables des fédérations sportives concernées par le dopage et surtout ceux du Comité olympique international (CIO) ont rapidement pris conscience de la menace que représentent l'émergence et le développement de ces nouvelles possibilités, hormonales, d'amélioration artificielle des performances musculaires. Outre l'atteinte à l'éthique sportive, ces pratiques sont particulièrement dangereuses. Alors qu'elles modifient nombre de paramètres biologiques, elles sont le plus souvent mises en œuvre en dehors d'une véritable surveillance spécialisée.