Par 4 voix de majorité, John Major parvient à faire repousser la motion de défiance des travaillistes sur sa politique européenne. L'enjeu principal de ce scrutin visait surtout la fraction « eurosceptique » de la majorité conservatrice qui cherche à déstabiliser le Premier ministre sur les questions européennes. (chrono. 22/06)

Vladimir Listiev est abattu devant chez lui. Cet assassinat provoque une grande émotion dans l'opinion. M. Listiev, qui devait prendre la tête de la chaîne publique, aurait été assassiné par la mafia parce qu'il entendait remettre en cause la politique publicitaire de la chaîne, notoirement liée aux organisations criminelles. Le président Boris Eltsine salue la mémoire du disparu et accuse lui aussi la mafia.

Les chercheurs du Fermilab de Chicago annoncent qu'ils ont pu observer le sixième quark, le quark top, la plus lourde des briques élémentaires constituant l'atome. Déjà, en avril 1994, ce quark top avait été identifié, mais les résultats attendaient une confirmation. Une équipe internationale de 400 physiciens, dont une dizaine du CEA de Saclay, a procédé à de nouvelles collisions de particules dans le puissant accélérateur du Fermilab et a abouti à cette confirmation : l'Univers peut être décrit à partir d'un modèle standard de deux groupes de six particules se répartissant en trois familles comprenant chacune quatre particules.

Vitali Massol démissionne pour protester contre la politique économique d'austérité prônée par le président Leonid Koutchma, qui souhaite bénéficier ainsi des crédits du Fonds monétaire international (FMI). (chrono. 4/04)

Marc Fumaroli, 62 ans, historien des lettres, professeur au Collège de France, est élu à l'Académie française au siège d'Eugène Ionesco.

Pour la première fois, les sondages donnent Jacques Chirac gagnant aux élections présidentielles devant Édouard Balladur. (chrono. 23/04)

Ce procès, du nom du bureau d'études lié au circuit de fausses factures en faveur du PS, s'ouvre devant le tribunal de Saint-Brieuc. Le 14, le procureur réclame deux ans de prison avec sursis contre Henri Emmanuelli, trésorier du parti au moment des faits. (chrono. 15/05)

Le tribunal de Palerme décide que l'ancien président du Conseil, âgé de 76 ans, passera en procès à partir du 26 septembre pour association avec la Mafia. Figure dominante de la politique italienne pendant près d'un demi-siècle, M. Andreotti est soupçonné d'avoir passé des accords avec les dirigeants de Cosa Nostra : ceux-ci faisaient voter la Sicile en faveur de la Démocratie chrétienne ; en échange, le pouvoir à Rome faisait pression sur les juges pour qu'ils abandonnent leurs poursuites contre les chefs mafieux. En outre, M. Andreotti est directement mis en cause dans le meurtre, en 1979, d'un journaliste qui s'apprêtait à publier des révélations sur lui. Toutes ces accusations ont été établies sur la base de déclarations d'une quinzaine de « repentis » de la Mafia.

La force internationale de maintien de la paix quitte définitivement Mogadiscio. Les deux principales factions – l'Alliance nationale somalienne (SNA) du général Mohamed Farah Aïdid et le G12 du « président par intérim » Ali Mahdi Mohamed – continuent de se faire face autour de l'aéroport. Elles ont cependant conclu un accord sur la réouverture du port et sur la formation d'une milice mixte.

Le Parlement européen rejette une directive instaurant la possibilité de déposer des brevets sur les inventions biotechnologiques, notamment à partir du génome humain. La majorité des députés de Strasbourg ont refusé de « considérer le gène humain comme n'importe quelle matière première ». Ce vote peut être lourd de conséquences, car il risque de détourner les laboratoires pharmaceutiques d'investir dans cette technologie d'avenir ou de les pousser à installer des laboratoires aux États-Unis.

Malgré la signature des accords de paix en novembre 1994. les combats reprennent dans le nord du pays entre forces gouvernementales et UNITA. Le représentant de l'ONU attribue à cette dernière la responsabilité de cette nouvelle flambée de violence. (chrono. 6/05)

La coalition des ex-communistes et des agrariens menée par Tiit Vahi remporte les élections législatives au détriment de la coalition sortante ultralibérale, Pro Patria.

Conséquence de la chute du dollar, les devises espagnole et portugaise sont dévaluées respectivement de 7 % et de 3,3 %. La devise espagnole connaît ainsi sa quatrième dévaluation en deux ans et demi, date de son entrée dans le système monétaire européen (SME). Cette nouvelle attaque contre la monnaie nationale va contraindre les autorités espagnoles à assainir l'économie, marquée par des taux de chômage et des déficits publics élevés. Le franc, notamment du fait des incertitudes politiques liées à la campagne présidentielle, est également attaqué, mais dans une moindre mesure, sur les marchés internationaux au profit du Mark.

Le chef américain James Conlon, 45 ans, est nommé à la tête de l'Orchestre de l'Opéra de Paris. Brillant technicien au très large répertoire, il dirigeait jusqu'alors l'Orchestre et l'Opéra de Cologne.

Raymond Barre renonce à se présenter aux élections présidentielles. Il est imité le lendemain par Valéry Giscard d'Estaing, qui semble indiquer une préférence pour Jacques Chirac. Le 11, les clubs giscardiens Perspectives et Réalités, dirigés par Hervé de Charette, ministre du Logement, se prononcent en faveur du maire de Paris. Cette prise de position marque la division de l'UDF, dont la majorité s'est prononcée en faveur d'Édouard Balladur.

Conséquence de la crise mexicaine, le dollar passe sous le seuil des 5 francs et de 1,387 Mark. Même si la plupart des économistes estiment que le dollar est sous-évalué (étant donné la faible inflation aux États-Unis et les progrès de la productivité américaine), la tendance à long terme est à l'affaiblissement du rôle international de la devise américaine, laquelle se trouve handicapée notamment par la répugnance croissante des financiers japonais à acheter de nouveaux bons du Trésor américains.

La présidence française est parvenue à surmonter l'opposition de la Grèce en assurant à celle-ci que des négociations d'adhésion seraient bientôt ouvertes avec Chypre et Malte. Des réserves ont toutefois été officiellement formulées quant à la situation des droits de l'homme en Turquie, notamment vis-à-vis des Kurdes. (chrono. 20/03)

Après quelques jours de grève en Bavière, les métallurgistes obtiennent des hausses de salaires de 4 % pour 1995 et 1996. Ce compromis témoigne une nouvelle fois de la force du dialogue social outre-Rhin, mais il marque aussi la priorité donnée à ceux qui ont un emploi sur ceux qui n'en ont pas.

Les points principaux en sont la réduction à 37 heures du temps de travail pour 1997, la reconstruction des banlieues, l'aide à l'emploi des jeunes, l'allègement des charges sur les bas salaires, l'augmentation de la représentation des femmes dans les instances politiques, la lutte contre la pollution, l'instauration d'une taxe sur les émissions de gaz carbonique et la réduction à cinq ans du mandat présidentiel. Le total des dépenses envisagées est estimé à 90 milliards de francs ; celui des recettes nouvelles (majoration des impôts sur les revenus des capitaux, économies budgétaires), à 135 milliards. (chrono. 23/04)

Le célèbre explorateur polaire Paul-Émile Victor meurt à 87 ans dans sa maison de Bora-Bora, en Polynésie française. Ingénieur de formation, il part au cours des années 30 pour ses premiers voyages polaires avec le commandant Charcot. Après la guerre, il crée les Expéditions polaires françaises (EPF), qui contribueront à la présence française dans ces parties du globe. Il aura dirigé vingt campagnes en Antarctique et dix-sept en Arctique.

Son nom avait été prononcé à l'occasion de l'affaire Agusta, cette société italienne d'hélicoptères soupçonnée d'avoir versé des pots-de-vin importants à plusieurs responsables belges. Le général Lefebvre était également connu comme étant proche des milieux aéronautiques français. (chrono. 22/03)

Élu par le Parlement, Kostis Stefanopoulos succède à Constantin Caramanlis comme président de la République. Âgé de 69 ans, le nouveau chef de l'État est un conservateur qui a bénéficié du soutien des socialistes d'Andréas Papandréou. Sa fonction sera plus honorifique que politique. (chrono. 29/11)

Le Défi français est éliminé de la Coupe de l'America et ne participera pas aux demi-finales des challengers. Son budget, un des plus élevés de la compétition, s'élevait à environ 185 millions de francs. L'élimination prématurée du bateau risque de poser à l'entreprise de graves problèmes financiers. Les choix techniques de Marc Pajot, son option en faveur d'une filière exclusivement française comme ses choix humains sont souvent critiqués. (chrono. 14/05)

La Cour de cassation rejette le pourvoi formé par le jardinier marocain condamné en février 1994 pour le meurtre de sa patronne Ghislaine Marchal. Cette affaire avait fait grand bruit, et certains avaient évoqué un racisme judiciaire.

Le président-directeur général du groupe Alcatel Alsthom, déjà mis en examen depuis juillet 1994 pour des travaux effectués aux frais de la société à son domicile personnel, est à nouveau mis en examen pour ces mêmes faits par le juge Jean-Marie d'Huy. Il est en outre mis sous contrôle judiciaire et il lui est interdit de gérer le groupe. L'affaire a débuté en février 1993 lors d'un banal contrôle fiscal. Il apparaît alors qu'Alcatel aurait pratiqué un système de surfacturation à l'encontre de son principal client, France Telecom. Plusieurs cadres dirigeants du groupe sont mis en examen, dont Denis Gazeau qui avoue que d'autres surfacturations ont été commises à l'encontre de France Telecom. En mars 1995, Françoise Sampermans, P-DG de la Générale occidentale, filiale communication du groupe, est soupçonnée d'avoir cherché à faire pression sur M. Gazeau. Malgré tous ces événements, le conseil d'administration d'Alcatel renouvelle son soutien à M. Suard. (chrono. 18/04)

Mis en cause pour ses gains au sein de l'entreprise GSI (Générale de services informatiques) dont il fut le président puis le conseiller, le Premier ministre rend public l'état de son patrimoine. Compte tenu des 124 150 francs payés par lui en 1994 au titre de l'impôt sur la fortune, ce patrimoine est évalué à au moins 21 millions de francs. Certains reprochaient à M. Balladur d'avoir bénéficié d'importantes plus-values en 1986 et en 1993 lors de la cession de ses actions GSI, une filiale de CGE-Alcatel dont lui-même avait nommé en 1987 le P-DG, Pierre Suard. Dans les jours qui suivent, Jacques Chirac et Lionel Jospin dévoilent également l'état de leur patrimoine : le premier fait état d'un patrimoine évalué à un peu plus de 7 millions de francs ; le second, qui ne paie pas d'impôt de solidarité sur la fortune, ne possède aucun bien en capital et déclare un revenu annuel imposable de 609 000 francs (contre 430 000 francs pour Philippe de Villiers et 231 000 francs pour Robert Hue).

Dans la même journée, 21 personnes sont tuées, s'ajoutant aux 170 victimes de février. Tous ces morts sont à mettre au compte des affrontements entre organisations extrémistes chiites et sunnites. Jusqu'alors, la minorité chiite (20 % de la population) avait vécu en bonne intelligence avec la majorité sunnite.

Les tensions entre la majorité hutue et la minorité tutsie, qui contrôle les forces armées, continuent de s'exacerber.

Ce départ précipité marque l'aboutissement d'un bras de fer entre l'ancien et l'actuel président ; ce dernier, Ernesto Zedillo, déclare que rien ne l'empêchera de faire toute la lumière sur les assassinats politiques de 1994.

Le parti du Premier ministre Narasimha Rao perd les élections dans deux des États les plus riches de l'Union, le Gujerat et le Maharashtra. Ces revers s'ajoutent à ceux déjà subis quelques semaines auparavant dans l'Andhra Pradesh et le Karnataka. Dans le Maharashtra, une coalition fondamentaliste hindoue, formée du Shiv Sena et du Bharatyia Janata Party (BJP), prend le pouvoir à Bombay sur la base d'un programme anti-immigrés et antimusulmans. Le recul du parti du Congrès (1) s'explique par la nouvelle politique libérale du gouvernement central qui frustre ses soutiens populaires habituels – minorités, pauvres, femmes –, alors que les classes moyennes, favorisées par le nouveau cours économique, voient leur identité flattée par les partis fondamentalistes. Toutefois, l'autorité du Premier ministre, en place depuis juin 1991, ne semble pas encore sérieusement ébranlée, faute de concurrent crédible.

Même s'il ne s'agit pas d'une visite officielle, il est reçu à l'Élysée et à l'Assemblée nationale. L'épouse du président, Danielle Mitterrand, lui donne même un baiser en public, ce qui choque de nombreux adversaires du leader cubain accusé de nombreuses atteintes aux droits de l'homme. M. Mitterrand estime pour sa part que l'embargo américain à l'encontre de La Havane ne se justifie plus.

Déclenché fin février par les fonctionnaires qui réclamaient une augmentation de leurs primes contre la vie chère sur l'île, le mouvement a été rejoint par les salariés du privé, poussés par le Syndicat des travailleurs corses (STC), puis par les patrons et les commerçants excédés de ne plus être en mesure de continuer leurs affaires.

Devant le tribunal correctionnel de Valenciennes s'ouvre le procès du match de football truqué entre l'Olympique de Marseille et Valenciennes, le 20 mai 1993. Les débats vont être marqués par l'omniprésence de Bernard Tapie et par deux rebondissements spectaculaires. Jean-Pierre Bernès, ancien n^o 2 de l'OM, se rétracte, pour reconnaître qu'il a bien organisé la corruption des joueurs de Valenciennes, mais sur ordre de Tapie. Le 18, Jacques Mellick, député maire PS de Béthune, ancien ministre, est forcé d'avouer qu'il a fourni un faux témoignage en affirmant qu'il était avec Bernard Tapie le 17 juin 1993, à l'heure où l'ancien entraîneur de Valenciennes, Boro Primorac, prétend avoir été reçu par ce dernier qui lui proposa contre rémunération de mentir. M. Mellick est aussitôt poursuivi pour faux témoignage et sera exclu des instances dirigeantes du PS dans les jours qui suivent. Le procureur Éric de Montgolfier réclame 18 mois de prison contre M. Tapie, dont 6 ferme, pour corruption et tentative de subornation de témoins. (chrono. 14/04 et 15/05)

Des manifestations d'Alévis, qui protestaient contre des attentats perpétrés à l'encontre de membres de leur communauté, dégénèrent à Istanbul et se soldent par 16 morts et plusieurs dizaines de blessés. Les Alévis (15 millions de personnes dans le pays) sont des musulmans chiites, mais modérés, adeptes de la tolérance et de la laïcité et penchant politiquement vers la gauche.

L'exercice est périlleux, car le passé du candidat est plutôt antieuropéen tandis que son alliance de fait avec les giscardiens suppose une adhésion à la construction européenne. M. Chirac présente ainsi un discours très balancé : il réaffirme son acceptation du traité de Maastricht et propose l'institution d'un président du Conseil européen (une idée défendue depuis plusieurs années par Valéry Giscard d'Estaing) ; il prône, en revanche, l'Europe des patries (chère à Philippe Séguin), sans citer une fois le mot « fédéralisme ». (chrono. 23/04)

Gyula Horn et Vladimir Meciar, chefs des gouvernements hongrois et slovaque, s'entendent sur un statut concernant la minorité magyare de Slovaquie (600 000 personnes), à laquelle l'autonomie serait accordée. Ce compromis est entériné par un « accord de bon voisinage », signé à Paris le 19 mars à l'occasion de la conférence finale sur le pacte de stabilité en Europe.

Par 315 voix contre 309, la Chambre des députés accorde sa confiance sur le budget au gouvernement de Lamberto Dini. Communistes et centristes se sont alliés à la gauche PDS et à la Ligue du Nord pour contrer Silvio Berlusconi et l'Alliance nationale qui souhaitaient le renversement du gouvernement et des élections le plus tôt possible. (chrono. 4/08)

Il s'agit à la fois de rassurer les contribuables – en ne leur donnant pas l'impression que c'est à eux de payer les erreurs de gestion de l'établissement bancaire – et de ne pas indisposer la Commission européenne, hostile à toute ingérence de l'État dans la vie des entreprises. Edmond Alphandéry, ministre de l'Économie, indique qu'à un terme de cinq ans la banque devrait être privatisée ; d'ici là, le Crédit Lyonnais devra apurer sa situation en cédant ses participations, notamment dans l'immobilier, l'industrie et le cinéma, en améliorant sa gestion et en diminuant son personnel. L'État se contentera d'apporter sa garantie à hauteur de 50 milliards de francs ; cette somme est elle-même gagée sur les profits à venir de la banque et sur une émission d'obligations.

L'ancien ministre délégué chargé de la Sécurité de 1986 à 1988 et président du groupe RPR au conseil régional d'Île-de-France est mis en examen par le juge Éric Halphen dans l'affaire des fausses factures des offices HLM de la région parisienne. Il lui est reproché un abus de biens sociaux au profit de son collaborateur Rémy Halbwax, lui-même mis en examen puis en détention pendant trois semaines dans le cadre de la même affaire.

Le commandant Ahmed Shah Massoud, chef des forces gouvernementales du président Burhanuddin Rabbani, repousse les talibans (étudiants islamistes) hors de Kaboul. Devant la recrudescence des combats, le président Rabbani renonce à quitter le pouvoir dans l'immédiat, alors que son mandat est achevé depuis la fin du mois de décembre. (chrono. 3/09)

Condamné à mort depuis 1989 par le gouvernement iranien pour ses écrits jugés impies, l'écrivain britannique se rend de nouveau en France. Il rencontre à cette occasion les candidats aux élections présidentielles et leur demande d'appuyer la proposition danoise exigeant que l'Iran ne le poursuive pas sur tout le territoire de l'Union européenne. Alain Juppé promet de poser le problème au prochain Conseil des ministres des Affaires étrangères.

Avec 28,3 % des voix, les sociaux-démocrates dirigés par Paavo Lipponen gagnent les élections législatives devant la coalition conservatrice-libérale sortante de Esko Aho. Comme c'est l'habitude dans le pays, les vainqueurs du scrutin vont former une coalition en cherchant des accords avec plusieurs des composantes de la majorité sortante.

Les affrontements autour de Tuzla rendent quasiment caduc le cessez-le-feu de quatre mois passé entre Bosniaques et Bosno-Serbes au début de l'année. (chrono. 14/04)

Réunis à Paris à l'initiative d'Édouard Balladur, les 52 pays membres de l'Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) adoptent un pacte de stabilisation dont le but est de prévenir les conflits de frontières et de minorités en Europe centrale et orientale. La déclaration est assortie d'une centaine d'accords de bon voisinage (dont celui entre la Hongrie et la Slovaquie), de projets bilatéraux et de mesures d'accompagnement soutenues par l'Union européenne. Malgré leur ampleur, ces textes ne constituent qu'un premier pas vers un véritable système de sécurité collective.

Vers huit heures du matin, 10 personnes sont tuées et 70 autres gravement intoxiquées dans le métro de Tokyo. L'émotion est intense, d'autant que le gaz employé était du sarin, une des substances les plus nocives dans la panoplie des armes chimiques. L'enquête de la police s'oriente rapidement vers la secte Aum shinri-kyo qui s'était déjà signalée en 1994 par des émanations de gaz en provenance d'un de ses locaux. Dans les jours qui suivent, les perquisitions permettent de découvrir dans plusieurs bâtiments de la secte de grandes quantités de produits pouvant servir à fabriquer du sarin. Créée en 1987, la secte Aum revendique 30 000 fidèles, dont la moitié en Russie, où elle possède de nombreux intérêts. Au Japon, son activité est assise sur la vente d'ordinateurs. Le 30, Tagaki Kunimatsu, le chef de la police japonaise qui suivait spécialement l'enquête, est sérieusement blessé dans un attentat ; mais la secte dément être à l'origine de cette agression. (chrono. 19/04)

Ankara envoie plus de 30 000 hommes dans le nord de l'Irak, vers la zone réservée aux Kurdes depuis 1991, afin d'y poursuivre les militants kurdes du PKK. Le Premier ministre turc, M^me Tansu Ciller, affirme que Bill Clinton « comprend la nécessité pour la Turquie d'agir avec détermination ». Au nom de l'Union européenne, Alain Juppé met en garde Ankara et prévient que le Parlement de Strasbourg ne ratifiera pas l'union douanière avec la Turquie si celle-ci continue de traiter le problème kurde « par des méthodes exclusivement répressives ». En lutte également contre sa minorité kurde, l'Irak condamne néanmoins l'intervention turque sur son territoire.

Frank Vandenbroucke est à son tour obligé de remettre sa démission à la suite du scandale Agusta, ayant reconnu l'existence d'une caisse noire au Parti socialiste flamand (PSP), alors qu'il présidait cette formation de 1989 à 1991. Le parti avait reçu lui aussi de l'argent en provenance de la firme italienne Agusta qui cherchait alors à faire acheter ses hélicoptères par l'armée belge.

Le cosmonaute russe Valeri Poliakov regagne la Terre après un an, deux mois, treize jours et dix heures au sein de la station orbitale Mir. Il établit ainsi le record de durée d'un homme dans l'espace.

La gestion de la secrétaire générale Nicole Notat est rejetée par 52 % des suffrages exprimés. Celle-ci est réélue à son poste, mais elle subit une forte perte d'autorité.

Les accords de Schengen, prévoyant la suppression des contrôles aux frontières pour les ressortissants de ces pays, entrent en application entre l'Allemagne, le Benelux, l'Espagne, la France et le Portugal. (chrono. 28/06)

Le film Forrest Gump remporte six distinctions, dont celle du meilleur film, de la meilleure réalisation (pour Robert Zemeckis) et du meilleur acteur (pour Tom Hanks, qui reçoit l'oscar pour la deuxième année consécutive).

Yasmina Reza reçoit la distinction du meilleur auteur et celle du meilleur spectacle privé pour sa pièce Art. Le molière du meilleur spectacle subventionné va à la pièce Les affaires sont les affaires, d'Octave Mirbeau, et celui du meilleur metteur en scène, à Alain Françon pour Pièces de guerre d'Eward Bond. Les meilleurs comédiens sont Pierre Meyrand et Suzanne Flon.

Alors que les étrangers, notamment français, évacuent le pays, Bernard Debré, ministre de la Coopération, tente de mener une médiation entre factions hutues et tutsies. Sous l'autorité du président Sylvestre Ntibantunganya et du gouvernement composé de Hutus et de Tutsis modérés, un plan est présenté visant au désarmement des bandes extrémistes, c'est-à-dire essentiellement les milices tutsies qui, avec l'aide plus ou moins active de l'armée majoritairement tutsie, terrorisent les communautés hutues, pourtant majoritaires dans le pays. La France exclut une intervention armée dans le pays et tente ainsi de s'appuyer sur les éléments modérés de l'armée. Il y a déjà plus de 500 morts, victimes des violences ethniques, depuis le début du mois.

À la suite de révélations dans le Canard enchaîné, Pierre Méhaignerie, ministre de la Justice, ordonne l'ouverture d'une enquête préliminaire sur le financement, entre 1986 et 1991, de son propre parti, le CDS, dont il était alors le président. Les responsables du CDS font valoir que la caisse noire incriminée n'a fonctionné que jusqu'à l'adoption, en 1990, de la loi sur le financement des partis politiques. L'hebdomadaire satirique établit que cette caisse noire a été utilisée pendant encore une année après le vote de ladite loi.

François Mitterrand inaugure le nouveau bâtiment de la Bibliothèque nationale de France, situé en bord de Seine, dans le XIII^e arrondissement de Paris. Lancé en 1988 et confié à l'architecte Dominique Perrault, ce bâtiment se compose de quatre tours de verre, en L, hautes de 80 mètres et reliées entre elles par un jardin central. Le projet, réalisé en un temps record, aura coûté près de 8 milliards de francs et mobilisé plus de 1 600 ouvriers permanents. Cette bibliothèque, la deuxième du monde, après celle de Washington, sera ouverte au public comme aux chercheurs. L'ensemble sera pleinement opérationnel au printemps de 1998, mais l'ouverture au publie est prévue au début 1997.

Jean-Paul II rend publique sa onzième encyclique, intitulée Evangelium vitae (Évangile de la vie). Le souverain pontife y maintient fermement sa condamnation de l'avortement, de toute intervention ou expérimentation sur les embryons humains, de la contraception et de la procréation artificielle ainsi que de l'euthanasie, même en cas d'agonie très douloureuse. Le pape oppose la loi morale à la loi civile, celle-ci devant, selon lui, se plier à celle-là. Il va jusqu'à mettre en doute la légitimité des structures démocratiques lorsqu'elles autorisent l'avortement ou la contraception. « Ces crimes, écrit-il, cesseraient-ils d'être des crimes si, au lieu d'être commis par des tyrans sans scrupules, ils étaient légitimés par l'assentiment populaire ? » En revanche, le chef de l'Église catholique admet la peine de mort « lorsque la défense de la société n'est pas possible autrement ».

Le tribunal correctionnel de Bastia rend son verdict dans l'affaire de la catastrophe du stade Furiani. Les deux techniciens responsables de la construction et du contrôle de la tribune défectueuse ainsi que quatre des six responsables locaux du football sont condamnés à des peines allant de un à deux ans de prison ferme et à des amendes de 30 000 francs. Les responsables administratifs, dont le préfet de Haute-Corse de l'époque, sont relaxés, ce qui provoque l'indignation du public et des familles des victimes.

La cour d'appel de Paris confirme la mise en liquidation personnelle de l'homme d'affaires et son « incapacité d'exercer une fonction publique élective » pour une durée de 5 ans. M. Tapie se pourvoit aussitôt en cassation. La chancellerie hésite à engager contre lui la procédure de déchéance de ses mandats en cours (député, conseiller général des Bouches-du-Rhône et député européen). Le passif global connu de M. Tapie est chiffré à 1 553 770 000 francs. (chrono. 15/05)

Bill Clinton assiste au départ des derniers soldats américains d'Haïti et à leur remplacement par un contingent de 6 000 Casques bleus. Ceux-ci doivent rester jusqu'en février 1996. Le dirigeant américain vient également assurer de son soutien le président Jean-Bertrand Aristide, alors que le pays demeure marqué par une grande misère et par la violence politique. (chrono. 25/06)