Environnement

La conférence de Berlin

À l'occasion de la conférence des Nations unies sur l'Environnement et le Développement qui s'est tenue à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992, 178 États avaient signé la convention sur les changements climatiques ; ils s'engageaient ainsi à faire l'inventaire de leurs émissions de gaz à effet de serre (CO2, CH4, NO2, CFC...) et à élaborer des programmes de réduction de ces émissions. Finalement, les 167 pays qui ont ratifié la convention se sont retrouvés, à Berlin, du 28 mars au 7 avril 1995, pour participer à la « première conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ». Au terme de cette conférence, les États se sont engagés à stabiliser leurs émissions, voire à les réduire, d'ici à la fin du siècle, afin de ne pas aggraver leur responsabilité individuelle et collective dans les changements climatiques. La France, qui revendique souvent ses responsabilités internationales, envisage, comme le Japon, de stabiliser la quantité par habitant de ses émissions de gaz à effet de serre... ce qui se traduira en fait par une augmentation de sa production effective. Lorsque l'on considère la production de gaz carbonique par habitant (exprimée en tonnes), la France, avec 9 tonnes par habitant, vient après les États-Unis (24,6 t/hab.), la Pologne (15,2 t/hab.), le Royaume-Uni (13,2 t/hab.), le Japon (10,4 t/hab.), mais avant la Grèce (6 t/hab.), la Chine (3,3 t/hab.) et l'Inde (2 t/hab.). L'évaluation de la production totale de CO2 faite à partir de la population des États considérés montre que la France se place avant la Grèce mais après le Japon, la Chine ou les États-Unis. Quoi qu'il en soit, de plus en plus de spécialistes sont convaincus que le climat change et que le réchauffement de l'atmosphère a bien un rapport avec les activités humaines. La diminution de 5,6 % de la superficie des glaces de mer en Arctique, démontrée par une équipe de chercheurs de l'université de Bergen (Norvège), serait une des conséquences de cette évolution récente. Les pays présents à Berlin, conscients de l'insuffisance de leur engagement collectif depuis Rio, ont décidé de préparer un protocole précisant les mesures à prendre pour tenter de réduire effectivement les émissions de gaz à effet de serre. Ce protocole devrait être présenté à la prochaine conférence de Kyoto, en 1997. Seuls les 36 petits États insulaires du Pacifique, de l'océan Indien et des Caraïbes, groupés au sein de l'association OASIS, ont présenté un protocole... qui sera examiné « au cours de négociations ultérieures ». Ces petits États craignent en effet que les prochaines années ne soient marquées par la montée du niveau des mers et des océans (de nombreuses îles seraient alors submergées), l'augmentation de la cyclogenèse et la disparition des récifs coralliens. Le cas échéant, les populations souvent nombreuses qui vivent dans les régions côtières peu élevées, dans les deltas, à la périphérie des lagunes et des golfes seraient également menacées. En admettant que la responsabilité des hommes dans l'évolution climatique soit avérée, la communauté internationale se doit de trouver les parades simples et adéquates aux déséquilibres qu'elle a créés. Quelles parades ? Par exemple, la réorganisation des transports terrestres, en favorisant le train, le métropolitain, le tramway, la navigation fluviale, et en généralisant le pot catalytique ; les économies d'énergie dans toutes les formes d'habitat, l'intensification de la recherche-développement dans le domaine des énergies renouvelables, l'utilisation des biocombustibles... ; le traitement et le recyclage des déchets... ; la multiplication des actions de reboisement afin d'accroître le piégeage naturel du gaz carbonique par le biais de la photosynthèse... Si, en théorie, le problème du changement climatique admet des solutions, leur concrétisation n'est pas évidente, et ce pour des raisons le plus souvent inhérentes au niveau de développement et aux politiques économiques des États. Les pays développés, sous la pression des lobbies industriels, n'imaginent pas de réduire leur production de façon significative ; les pays de l'OPEP ne sont pas prêts à renoncer aux revenus qu'ils tirent du pétrole ou du gaz naturel ; les pays pauvres, parce qu'engagés dans la bataille du développement, ne se sentent pas responsables de la fébrilité du système climatique.