Amérique du Sud

L'année 1995 a été marquée par les conséquences en chaîne de la crise monétaire mexicaine de décembre 1994. La lutte contre les déficits publics affecte une nouvelle fois les populations. Le chômage progresse fortement et la mobilisation sociale devient inquiétante.

C'est dans un contexte de crise sociale et économique que, le 1er janvier 1995, l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay (associés au sein du marché commun de l'Amérique du Sud, Mercosur) inaugurent une union douanière qui témoigne de la vigueur du processus d'intégration en cours dans la région. En s'affrontant militairement pour le contrôle d'une zone frontalière mal délimitée, le Pérou et l'Équateur rappellent cependant la fragilité des équilibres en Amérique du Sud.

Argentine

En Argentine, la crise mexicaine a trois effets immédiats : la chute de la Bourse (24 % entre le 20 décembre et le 1er mars), la fuite des capitaux (entre 1 et 3 milliards de dollars en deux mois selon les estimations) et la hausse des taux d'intérêt.

La peur de voir se reproduire à l'identique la crise mexicaine conduit le gouvernement à prendre des mesures préventives, notamment pour lutter contre les déficits.

Pour faire face à la crise, l'Argentine est triplement handicapée : par une révolte larvée dans les provinces (émeutes à Córdoba le 22 juin), par la perspective des élections présidentielles du 14 mai, auxquelles Carlos Menem brigue un second mandat, et par un chômage catastrophique (12,5 % en avril, 18,6 % en août). Mais ces handicaps ne provoquent pas les troubles que l'on pouvait craindre.

Carlos Menem remporte facilement l'élection présidentielle le 14 mai 1995, ce qui lui permet de conserver son ministre de l'Économie, Domingo Cavallo, malgré l'impopularité des mesures que celui-ci doit prendre. Cependant, la croissance quasi-nulle de l'Argentine cette année ne lui permet pas de faire face à son « hyper-chômage ».

Chrono. : 14/05.

Bolivie

La politique économique du président Gonzalo Sanchez de Lozada est l'objet de très violentes critiques, en dépit de résultats honorables ; les projets de privatisation du gouvernement sont ainsi désapprouvés par les syndicats.

L'effervescence sociale se généralise. Le 18 avril, l'état de siège est décrété. En une dizaine de jours, plusieurs centaines de syndicalistes sont arrêtés. Le 11 mai, un accord mettant fin à la grève est finalement signé entre le gouvernement et les enseignants.

Plusieurs collectivités locales se mobilisent pour contraindre le gouvernement à respecter ses engagements en matière de décentralisation. En juin, la municipalité de Santa Cruz – la deuxième et la plus riche ville du pays – décrète la grève générale. Le 21 juillet, l'état de siège est prolongé pour 90 jours. En août, le gouvernement promulgue finalement une loi de décentralisation qui maintient toutefois les prérogatives essentielles de l'État central.

Chrono. : 19/04.

Brésil

Élu président en octobre 1994, Fernando Henrique Cardoso entre en fonction le 1er janvier 1995, dans des circonstances exceptionnellement favorables : une popularité personnelle très grande, des indicateurs économiques positifs, une croissance de près de 5 % en 1994, une inflation maîtrisée et une balance commerciale excédentaire de près de 11 milliards de dollars. Les conséquences de la création d'une nouvelle monnaie en 1994, le real, commencent à se faire sentir, surtout en termes de diminution du chômage.

Pourtant, les premières semaines sont difficiles. Le nouveau président rencontre des difficultés à faire passer sa volonté de réforme auprès du Congrès, la Bourse de São Paulo est fortement touchée par les conséquences de la crise mexicaine, et les réductions tarifaires prévues dans le cadre du marché commun de l'Amérique du Sud (Mercosur) provoquent une hausse spectaculaire des importations. Le gouvernement doit se résoudre, pendant tout le premier trimestre, à prendre des mesures pour freiner la demande intérieure et stimuler les exportations, ce qui provoque des tensions au sein du Mercosur. Le 22 juin, en dévaluant le real, le Brésil accentue le malaise de ses partenaires économiques. Cet ensemble de décisions s'avère cependant payant puisque, en juillet, la balance commerciale brésilienne est de nouveau excédentaire.