Journal de l'année Édition 1994 1994Éd. 1994

Météo : l'Automne

La première décade de l'automne (de l'équinoxe au 30 septembre) se caractérise par une grande fraîcheur, une forte nébulosité et, surtout, par des précipitations extrêmement abondantes qui, s'ajoutant à celles déjà relevées du 1er au 21, font de septembre 1993 le mois de septembre le plus pluvieux depuis 1957 ; pour l'ensemble de la France continentale, l'excédent pluviométrique a été de 234 % ! Des pluies orageuses, abondantes et très intenses, dévastatrices et parfois meurtrières se sont en effet abattues sur l'Aquitaine, le Limousin et le Centre le 21, sur les départements du Vaucluse, du Gard, de l'Ardèche, de la Lozère, des Bouches-du-Rhône, de la Drôme et de la Corse, du 22 au 24, et de nouveau sur le Vaucluse, la Drôme et le Var, du 30 septembre au 1er octobre. Les abats pluviométriques suivants mesurés en 24 heures : 302 mm à Ales, 300 mm à Villefort, 230 mm à Pertuis, 222 mm à Aix-en-Provence le 22, 406 mm au Cap Corse le 23 ou encore 142 mm à Montélimar et 118 mm à Valréas le 30 permettent de mieux comprendre la soudaineté et l'ampleur des crues des cours d'eau qui, du 22 au 24 (un an après Vaison-la-Romaine) et du 30 septembre au 1er octobre, ont dévasté plus de 11 départements du sud-est de la France.

Octobre est un mois frais, peu ensoleillé et très pluvieux. Les températures moyennes mensuelles ont été, en France continentale et selon les régions, de 0,3 °C à 1,7 °C inférieures aux normales et supérieures de 1 °C à celles-ci dans l'Île de Beauté. En fait, la première quinzaine a été marquée par la douceur et la seconde, par la froidure. Tout au long du mois se sont succédé des perturbations généralement actives, circulant dans des flux de S.-O. à S., et, plus rarement, dans un flux de N. (du 21 au 24). Les seules brèves accalmies observées dans ce régime perturbé sont dues à des hausses fugaces de la pression atmosphérique (le 9, les 18 et 19 et du 25 au 31, dans la moitié nord du pays). Ces conditions météorologiques expliquent la persistance d'une forte nébulosité et la faiblesse de l'insolation (57 h à Angers au lieu de 88 h en 1979, 61 h à Nantes au lieu de 91 h en 1987...) ainsi que les forts excédents pluviométriques réalisés sur tout le territoire : 38 % dans l'Ouest, 48 % dans le Nord, 102 % dans le Nord-Est, 166 % dans le Centre-Est, 68 % dans le Sud-Ouest... Ces pluies, ajoutant leurs effets à celles de septembre, ont provoqué notamment la crue du Rhône, de ses affluents et sous-affluents (21 départements du Sud-Est ont été, à des degrés divers, victimes de ces intempéries), des inondations dans le Cotentin, des glissements de terrain dans les départements du Rhône et des Alpes-Maritimes. Ces pluies, exceptionnellement abondantes, ont eu cependant des effets bénéfiques : elles ont reconstitué localement les réserves en eau du sol et du sous-sol et assuré le remplissage des lacs de retenue des barrages comme celui de Serre-Ponçon, par exemple. Au 31 octobre, le bilan hydrique est très satisfaisant ; le rapport R/RU est en effet supérieur à 90 % sur plus des trois quarts du pays.

Les pluies très abondantes qui, de le mi-septembre à la mi-octobre, se sont abattues sur la France, l'Italie, la Suisse, l'Autriche et la Grande-Bretagne ont été à l'origine d'inondations, de coulées de boue et de mouvements de terrain meurtriers et destructeurs dont les conséquences humaines (plus de 25 morts), sociales et économiques sont catastrophiques. Les dégâts occasionnés aux réseaux routier, autoroutier et ferroviaire, aux habitations et aux biens, aux usines et aux entrepôts, aux cultures représenteraient un coût supérieur à 25 milliards de F pour l'ensemble des pays concernés.

Novembre, froid et sec, a tous les caractères d'un mois d'hiver. Après novembre 1985, il se place au 2e rang des mois de novembre les plus froids. Si la première quinzaine est douce et pluvieuse, la seconde est très froide et sèche ; il est vrai que la France est sous l'influence d'un puissant anticyclone centré sur la Russie occidentale, qui détermine dans une masse d'air froid un flux d'est soutenu. De nombreux records de température sont alors battus et, parmi les températures minimales basses, on peut citer : – 6,8 °C à Nantes le 21, – 12 °C à Romorantin et – 10 °C à Poitiers le 22, – 13 °C à Fontainebleau ou – 12,1 °C à Nevers le 23... Les précipitations de la première quinzaine ont été, à l'exception du Sud-Est et de la Corse, très déficitaires sur l'ensemble du pays (– 70 % dans le Nord-Est, – 60 % dans l'Ouest, – 53 % dans le Sud-Ouest et le Nord...). On retiendra surtout les pluies diluviennes qui, du 31 octobre au 5 novembre, ont ravagé la Corse-du-Sud et la Haute-Corse dans les secteurs de Bastia, Lucciana et Ghisonaccia (232 mm à Bastia et 141 mm à Solenzara le 1er). Les chutes de neige observées dans la moitié nord du pays du 21 au 24 et du 29 au 30 ainsi que les pluies verglaçantes ont, en perturbant les trafics routier, ferroviaire et aérien, affecté l'activité économique. Du 12 au 14, les côtes de la Manche subissent une tempête ; les vents ont, à cette occasion, atteint des vitesses instantanées élevées : 122 km/h à Fécamp, 115 km/h à La Hève ou 118 km/h à Carterel le 14.