Journal de l'année Édition 1994 1994Éd. 1994

Océanie

Le succès des travaillistes en Australie et le développement de la coopération régionale, ainsi que, dans le domaine sportif, le choix de Sydney comme ville olympique pour les JO de l'an 2000 sont les données essentielles de 1993, qui confirment la position clef de l'Australie dans la région.

La victoire électorale du parti travailliste, inattendue, sanctionne en réalité des projets de réforme de la coalition libérale et nationale, qui ont suscité l'inquiétude. Une majorité d'Australiens a rejeté la déréglementation du marché de l'emploi et l'instauration d'une TVA, la Goods and Services Tax, génératrice de hausses des prix. Le nouveau gouvernement de Paul Keating s'est donné un triple objectif : restaurer la croissance, tombée à 0,5 % par an, limiter le chômage, qui atteint le taux de 11,3 %, et résorber une dette extérieure qui s'élève à 41 % du produit intérieur brut. Pour amorcer la reprise, les taux d'intérêt ont été abaissés, l'impôt sur les sociétés a été réduit et la diminution de l'impôt sur le revenu a été prévue pour 1994.

Le succès électoral des travaillistes renforce également la coopération régionale. Les partenaires de l'Australie apprécient la modération et le réalisme de la nouvelle diplomatie australienne. Le pays évite les controverses quand l'armée indonésienne intervient sans ménagement dans l'est de Timor, ou lorsque la Papouasie-Nouvelle-Guinée menace les entreprises minières australiennes, accusées de détournements et de déprédations. La défense des droits de l'homme et la protection de l'environnement, auxquelles l'opinion publique reste très sensible, sont plutôt évoquées, désormais, dans le cadre du Forum du Pacifique Sud. C'est en effet cette organisation, comprenant quinze États, qui a attiré l'attention de la communauté internationale sur la montée du niveau des mers et sur les mesures à prendre pour remédier au réchauffement de la Terre. Dès le mois de mai, le Forum avait mis en garde le nouveau gouvernement français contre la reprise des expériences nucléaires suspendues en 1992.

En Nouvelle-Zélande, les élections du 6 novembre ont difficilement confirmé l'équipe conservatrice du Premier ministre sortant, Jim Bolger, créditée d'à peine plus de 35 % des voix, contre 34,7 % pour l'opposition travailliste. Les deux partis paient leur commune adhésion, les années passées, à une gestion ultralibérale du pays, en rupture avec ses traditions sociales-démocrates. Les électeurs ont également approuvé l'introduction de la représentation proportionnelle, ce qui devrait favoriser à terme les deux autres partis, l'Alliance et le New Zeeland First, opposés tous les deux à la poursuite des privatisations.

L'arrêt des essais nucléaires en Polynésie française a été confirmé, même après l'explosion enregistrée en Chine en octobre. La réduction des activités militaires a tari une partie des flux financiers dont vit la Polynésie. Aussi, de nouvelles modalités d'intervention de l'État (en matière de santé et d'éducation) ont été prévues par une loi d'orientation décennale.

L'intégration de l'Océanie dans le reste du monde se marque tout d'abord par la lutte pour la maîtrise des réseaux de télévision, qui atteint cette année la région. News Corporation, le groupe de Sydney appartenant à Rupert Murdoch, a repris les deux tiers des parts de Star TV et conclu un accord de distribution de programmes avec cette chaîne qui diffuse à partir de Hongkong.

De plus, les perspectives offertes par le tourisme en Océanie et en Asie proche stimulent les investissements. Accor Asia Pacific a procédé à une augmentation de capital qui a obtenu un vif succès à la Bourse de Sydney. Le nouveau groupe compte doubler son réseau au cours des années 90.

Enfin, dans un tout autre domaine, l'Océanie ne paraît plus à l'abri de maladies qui, auparavant, n'affectaient pas les insulaires du Pacifique. C'est ce qui a été confirmé lors d'un congrès international tenu à Nouméa : le diabète devient fréquent en Océanie. L'abandon des régimes alimentaires traditionnels et la sédentarisation sont à l'origine de la dégradation de l'état sanitaire.

Georges Grelou