Sciences de la terre

Le 7e meeting de l'EUG

En Europe, tous les deux ans, se tient au palais des Congrès de Strasbourg le meeting de l'European Union of Geosciences (EUG). Organisé cette année par les Pays-Bas, le 7e meeting s'est tenu du 4 au 8 avril 1993. Reflet des soucis propres aux Pays-Bas, l'accent a été mis sur les problèmes liés à l'environnement, en particulier l'étude de l'évolution des paramètres paléoclimatiques (« trou d'ozone », effet de serre, fusion de calottes glaciaires et montée du niveau moyen des mers).

Les zones à risques naturels d'origine profonde

Les catastrophes naturelles contribuent à alimenter la chronique. Elles ont une origine qui peut être soit superficielle (généralement climatique), soit profonde, soit une combinaison des deux. La notion de zones à risques n'est pas toujours facile à définir. En effet, à côté de régions déjà répertoriées pour les risques latents qui pèsent sur les populations viennent régulièrement s'ajouter d'autres régions, considérées jusqu'alors comme relativement stables.

Le problème majeur de prévention tient à la répétitivité des phénomènes. Un événement de courte période peut être assez aisément prévu, mais il n'est pas nécessairement dangereux. Les éruptions volcaniques se produisant tous les 14 mois environ à l'intérieur de l'Enclos du piton de la Fournaise, à la Réunion, constituent un exemple d'événement naturel sans réel danger.

Inversement, un événement potentiellement dangereux devient imprévisible si la périodicité dépasse le millénaire, voire le siècle.

L'activité volcanique aux Philippines

L'activité volcanique en 1993 des volcans Mayon et Pinatubo (Philippines) se situe dans un contexte bien connu de convergence de plaques où les risques potentiels sont importants. Ces deux édifices volcaniques présentent une activité persistante de dégazage, due à la présence à faible profondeur d'un corps magmatique actif. Le 23 février 1993, trois semaines après le début des éruptions du Mayon, des explosions phréatiques (mélange magma + eaux d'infiltration) se sont produites au Pinatubo. Le risque essentiel reste, cependant, celui des lahars (coulées de boue) au cours de la saison des pluies (juin-novembre). Le volume énorme de produits pyroclastiques émis en 1991 (3 km3 de retombées et 7 km3 de coulées) n'est, en effet, pas encore stabilisé sur les flancs du volcan.

Le séisme de la péninsule indienne

Un exemple de risque naturel inattendu a été fourni par le tremblement de terre qui s'est produit en septembre 1993 au centre de la péninsule indienne. Les séismes sont provoqués par des déplacements brutaux le long de fractures existant soit aux limites entre plaques, soit à l'intérieur de celles-ci.

Le contexte global de la tectonique du continent asiatique est assez bien connu depuis le début du siècle. Le cœur de la péninsule indienne avait toujours été considéré comme une zone rigide, agissant à la manière d'un poinçon.

Le tremblement de terre de septembre 1993 s'est produit en plein milieu de ce micro-continent réputé stable. L'épicentre se situe sur une fracture de la région des Trapps du Deccan, empilement de coulées volcaniques couvrant une surface de 500 000 km3 sur une épaisseur de plus de 1 000 m et émises à la limite crétacé-tertiaire (65 millions d'années). Les fractures ont servi de chenaux d'alimentation des coulées. On les supposait définitivement cicatrisées, car le nombre de séismes enregistrés au cours des périodes historiques y est à peu près nul (quelques-uns près de la côte aux environs de Bombay).

La violence du séisme (magnitude 6,4) a montré qu'il n'en était rien. La périodicité des séismes est suffisamment longue pour que la mémoire populaire n'ait pas enregistré d'événements antérieurs analogues. En conséquence, le danger de séismes violents et meurtriers est aggravé. Avec celui de Tangshan (Chine) de juillet 1976, ce tremblement de terre rappelle que les zones dites stables ne sont pas épargnées et que la notion de stabilité est toute relative.

« Understanding the Earth, a new synthesis », Cambridge University Press, constitué d'articles écrits par les meilleurs auteurs anglo-saxons, est un excellent ouvrage d'introduction aux sciences de la Terre.

Bernard Bonin