Quant aux grands programmes d'infrastructures orbitales et de vols spatiaux habités, ils pâtissent non seulement du contexte économique actuel mais aussi du nouvel ordre politique international. La compétition américano-soviétique représentait, en effet, un moteur très puissant de la conquête spatiale. Depuis qu'elle a disparu, aucun programme spatial d'envergure n'a été engagé par l'une ou l'autre des deux superpuissances. L'Europe elle-même, contrainte pour des raisons financières à renoncer au programme d'avion spatial Hermes, éprouve désormais les plus grandes difficultés à définir un plan spatial à long terme, tandis que se dessine un projet de station spatiale internationale.

La fin d'un long casse-tête mathématique

En dépit du rôle essentiel que jouent leurs applications, les mathématiques progressent dans l'ombre. La presse se fait rarement l'écho des travaux des mathématiciens, tant ceux-ci sont difficiles à mettre à la portée d'un public non spécialisé. En 1993, le Britannique Andrew Wiles parvient pourtant à briser ce mur du silence en démontrant la validité de la conjecture de Fermat, une célèbre hypothèse qui résistait aux mathématiciens depuis plus de 350 ans. Celle-ci s'énonce généralement sous la forme : an + bn = cn, où a, b, c sont des nombres entiers et n est un exposant entier. Les Grecs de l'Antiquité savaient déjà qu'il existe une infinité de nombres a, b, c qui vérifient l'équation quand l'exposant n est égal à 2. Au xviie siècle, le mathématicien Pierre de Fermat s'était demandé si la même équation a encore des solutions quand n est égal à 3, 4, etc., et il avait fini par se convaincre que tel n'est pas le cas. C'est une note écrite de sa main en marge d'un exemplaire des Arithmétiques de Diophante qui a stimulé les recherches des mathématiciens. Fermat y affirme : « Un cube n'est jamais la somme de deux cubes, une puissance quatrième n'est jamais la somme de deux puissances quatrième et, plus généralement, aucune puissance supérieure à deux n'est jamais la somme de deux puissances analogues. J'ai trouvé une merveilleuse démonstration de cette proposition, mais je ne peux l'écrire dans cette marge, car celle-ci est trop petite pour la contenir. » Cette démonstration n'a, en fait, jamais été retrouvée, et, malgré de multiples tentatives effectuées depuis, la validité de la conjecture n'avait pu être établie que pour des valeurs particulières de l'exposant n. Après plusieurs mois de vérification, certains spécialistes affirment cependant que la démonstration proposée par A. Wiles renferme quelques lacunes mineures !

Informatique et télécommunications : l'ère des machines nomades

Dans le domaine technologique, on note d'année en année une alliance de plus en plus étroite entre l'informatique, l'électronique et les télécommunications.

Désormais, les micro-ordinateurs les plus performants intègrent des téléphones, des répondeurs, des télécopieurs, des lecteurs de CD-ROM, gèrent des images, des données et du son, se transforment peu à peu en téléviseurs interactifs et commencent à reconnaître l'écriture et la voix.

Simultanément, on entre dans l'ère des machines nomades, que l'on peut utiliser au gré de ses déplacements.

L'ordinateur portable devient de plus en plus petit et facile à transporter. Dépourvu de clavier mais muni d'un stylet grâce auquel l'utilisateur peut écrire sur l'écran, il se réduit à une tablette tenant dans la paume de la main et cumule les fonctions d'agenda, de répertoire et de carnet de notes, tout en étant capable de communiquer avec l'extérieur. Ce bloc-notes électronique simplifie, par exemple, le remplissage de formulaires ou la prise de commandes par des représentants. Sur ce marché naissant, Apple fait en 1993 une entrée remarquée avec son Newton, qui doit affronter la concurrence de produits commercialisés par Sharp, Compaq, AT&T, etc.

Jacques Blamont, le Chiffre et le Songe, Odile Jacob, 1993.
Georges Charpark et Dominique Sandinos, la Vie à fil tendu, Odile Jacob, 1993.

Philippe de La Cotardière
Journaliste scientifique