Dernier épisode de ces remous politico-audiovisuels, Hervé Bourges a annoncé le 7 décembre qu'il n'était pas candidat à sa succession. Élu pour trois ans par le CSA en 1990 en remplacement de Philippe Guilhaume, il a été nommé ministre plénipotentiaire auprès de l'Unesco. Pour le remplacer, le CSA a élu le 13 décembre Jean-Pierre Elkabbach, qui, douze ans après avoir été conspué le soir de l'élection de François Mitterrand, obtenait la récompense de son professionnalisme.

Quelques semaines plus tôt, Dominique Alduy avait quitté ses fonctions de directrice générale de France 3 pour prendre la direction du Centre Georges-Pompidou. Elle aurait été victime des pressions effectuées par nombre de députés souhaitant voir les stations régionales accorder une place (encore) plus grande à leur action sur le terrain lors des journaux régionaux.

Haute définition : une norme numérique européenne

Quatre-vingt dix industriels, diffuseurs et représentants des pouvoirs publics des douze pays de la Communauté européenne ont signé le 10 septembre à Bonn une déclaration d'intention par laquelle ils s'engagent à promouvoir une norme numérique européenne pour la télévision haute définition (TVHD). Signé notamment par les industriels Thomson, Philips, Nokia et Sony Europe, par les diffuseurs (TF1, France TV, BBC, Canal Plus, Sat1, ZDF) et par les opérateurs de satellites comme SES et Eutelsat, cet accord relance la marche européenne vers la TVHD numérique après l'échec de la norme HD Mac (combinant l'analogique et le numérique) et de son standard intermédiaire le D2 Mac. Devant les conflits d'intérêts entre industriels et diffuseurs puis le veto de la Grande-Bretagne, qui s'était refusée à soutenir plus longtemps la TVHD européenne, les Douze ont renoncé à imposer le HD Mac et changé leur fusil d'épaule. En outre, les Européens ont choisi de privilégier le câble et le satellite. En d'autres termes, le numérique intéresse essentiellement des chaînes comme Canal Plus ou la société européenne du satellite Astra, qui couvre tout le nord de l'Europe. Grâce à cette nouvelle technologie, les opérateurs multiplieront par huit le nombre de programmes diffusables sur le même canal. Dès 1995, l'abonné au câble pourra donc recevoir près de 200 chaînes, au lieu de 25 actuellement. En 1997, la norme numérique hertzienne pourra être européenne.

Presse

Tous ne sont pas malades...

Le bilan de santé présenté au début de l'été par les organismes de contrôle de la diffusion de la presse écrite a fait apparaître que, si les quotidiens et certains hebdomadaires d'information connaissaient de graves difficultés, les magazines spécialisés se portaient bien. La diffusion des quotidiens a baissé de 1,2 % et, parmi ceux-ci, les nationaux ont enregistré la plus forte baisse (– 1,8 %). Ces moyennes masquent des disparités, puisque le Parisien est l'un des rares titres nationaux à progresser, comme les Échos, de 3,9 %. À titre comparatif, Libération a connu une baisse de 4,5 %, le Monde de 3,25 % et le Figaro de 3,35 %.

La presse de télévision (+ 2,4 %) reste sur la même courbe ascendante depuis dix ans. En revanche, la presse jeune (– 7,1 %) et la presse masculine à sensation (– 7 %) enregistrent les plus forts reculs de la diffusion. Le désintérêt des jeunes lecteurs, qui peut s'expliquer par le succès des jeux vidéo, n'est pas sans alarmer les éditeurs, puisque la relève du « vieux lectorat » n'est pas assurée.

Un plan Carignon d'aide d'urgence

Dans ces conditions et alors que le Quotidien de Paris annonçait le 30 avril un proche dépôt de bilan, le ministre de la Communication, Alain Carignon, annonçait le 5 mai le déblocage de 150 millions de francs en faveur de la presse écrite. Sur cette somme, qui correspond à une baisse de 1 point de TVA (sur un taux de 2,1), 10 millions devaient être versés en premier lieu aux quotidiens à faibles ressources publicitaires (l'Humanité, la Croix, l'Écho du Centre, la Marseillaise, la Liberté de l'Est) et aux quotidiens en difficulté (l'Humanité, le Quotidien de Paris) ainsi qu'aux hebdomadaires nationaux et régionaux. Cent millions de francs ont par ailleurs été répartis entre tous les titres sur la base du chiffre d'affaires des ventes hors taxes. Enfin, 40 millions sont restés à la disposition du gouvernement pour aider à la restructuration d'entreprises de presse dont la survie se trouvait en jeu.