En novembre, dans le cadre de l'expérience Hydra 10, trois volontaires tentent d'atteindre, en caisson, la profondeur fictive de 700 m, où il est prévu qu'ils accomplissent un programme de travail de quatre jours, simulant une intervention réelle. À cette profondeur, la pression à laquelle est soumis l'organisme est 70 fois plus forte que la pression atmosphérique régnant au niveau de la mer. Pour permettre aux plongeurs de la supporter, on leur fait respirer un mélange d'oxygène, d'hydrogène et d'hélium. En fait, l'expérience doit être interrompue prématurément, à – 675 m, en raison des symptômes de fatigue manifestés par les trois hommes. Cette profondeur constitue très probablement une limite pour la plongée humaine à finalité industrielle.

Nouveaux espoirs en médecine

Les problèmes de santé sont au cœur des préoccupations humaines. Chaque année apporte aux patients de nouveaux espoirs. Sur le front du sida, 1992 est marquée par la mise en œuvre de nouveaux essais thérapeutiques et les premières injections sur l'homme d'un vaccin expérimental. Dans le domaine chirurgical, le projecteur est braqué sur les xénogreffes, après la greffe d'un foie de babouin effectuée le 28 juin à Pittsburg par le professeur Thomas Starzl sur un homme de 35 ans atteint d'une hépatite B et condamné à très brève échéance. Le patient décède deux mois plus tard des suites d'une hémorragie cérébrale. Encore hautement expérimentales, les greffes d'organes d'animaux sur l'homme permettront-elles demain de pallier le manque chronique de greffons humains ? Les problèmes à résoudre auparavant sont à la mesure des enjeux : il faut apprendre à maîtriser les réactions de rejet de l'organisme et vérifier que les organes utilisés (rein, foie, pancréas...) remplissent bien chez l'homme les fonctions attendues.

Autre intervention spectaculaire, cette fois couronnée de succès : celle que le professeur Frédéric Bargy, de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, révèle, en mars, avoir pratiquée, pour la première fois en Europe, le 22 juillet 1991, in utero, sur un fœtus atteint d'une forme grave de hernie diaphragmatique qui risquait, après sa naissance, de compromettre sérieusement ses chances de survie. À l'avenir, d'autres pathologies graves, telles que des malformations rénales, cardiaques, pulmonaires, voire neurologiques, pourraient bénéficier de cette technique chirurgicale. Ce nouveau succès de la médecine fœtale vient s'ajouter aux progrès considérables accomplis dans cette spécialité depuis vingt ans grâce à l'échographie et aux techniques de détection d'anomalies génétiques.

La cartographie du génome humain

Déchiffrer intégralement le grand livre de l'hérédité humaine : tel est l'objectif du programme « génome humain », le plus ambitieux programme de recherche biologique jamais entrepris, auquel participent quelque 250 laboratoires dans le monde. La communauté scientifique en attend des retombées capitales, notamment pour la détection et la compréhension des mécanismes à l'origine des 3 000 maladies génétiques recensées, étape indispensable à la mise au point de leur traitement. Présentés en 1992, les résultats des travaux de deux équipes françaises, celle du docteur Daniel Cohen, du Centre d'étude du polymorphisme humain et de Généthon, sur la cartographie physique du génome, et celle du docteur Jean Weissenbach, de l'Institut Pasteur, concernant la carte génétique à haute résolution du génome, marquent une avancée considérable et constituent un formidable coup d'accélérateur pour les recherches sur les maladies génétiques.

En quête d'autres intelligences

Alors que l'exploration des mystères de la vie terrestre reste encore balbutiante, beaucoup rêvent de découvrir des indices de l'existence de la vie sur d'autres mondes que la Terre. Plusieurs fois annoncée, puis démentie, la mise en évidence de planètes autour d'autres étoiles que le Soleil semble enfin établie. Si d'autres civilisations aussi technologiquement avancées que la nôtre résident dans la Galaxie, elles tentent peut-être de signaler leur présence par des émissions radioélectriques. L'ambitieux programme Méga-SETI de la NASA, très symboliquement inauguré le 12 octobre à l'occasion du 500e anniversaire du débarquement de Christophe Colomb sur le Nouveau Monde, permettra-t-il de les déceler ? Il met en œuvre un dispositif capable d'analyser 10 millions de fréquences par seconde et comporte deux volets complémentaires : l'écoute spécifique de quelque 800 étoiles comparables au Soleil, toutes situées dans un rayon de 80 années de lumière, et une surveillance de l'ensemble du ciel.

Révolution du numérique et miniaturisation

Quelle que soit l'importance que lui accorderont les médias, la détection d'un signal intelligent provenant d'une planète lointaine bouleversera moins notre vie quotidienne que les techniques de numérisation de l'information. En dix ans, les disques compacts audionumériques, en raison de la qualité du son qu'ils restituent et de leur résistance à l'usure, ont complètement détrôné les disques noirs traditionnels en vinyle. Ils donnent aujourd'hui naissance à toute une famille de dérivés : le CD-Rom, le CD-I et, nouveauté de 1992, le CD-Photo, de Kodak, tandis que, sur le marché de la musique, s'affrontent désormais la cassette compacte numérique (DCC) de Philips et le Mini-Disc de Sony. En attendant, d'ici quelques années, l'arrivée de la télévision numérique. Une autre révolution en perspective est celle qu'annonce l'avènement des nanosciences, qui laisse espérer la mise au point, au début du siècle prochain, de dispositifs mécaniques ou électroniques ultraminiaturisés.

Philippe de La Cotardière