Sciences et techniques

En l'espace de quelques années, la Terre est devenue l'une des vedettes de la science. La prise de conscience du caractère unique et fragile de ce patrimoine commun de l'humanité s'accompagne de la mise en œuvre de vastes programmes internationaux mobilisant des moyens considérables pour l'étudier dans sa globalité. De grands efforts sont aussi déployés pour apprécier les effets des activités humaines sur l'environnement et, plus particulièrement, sur le climat. Mais, parce que l'avenir de la planète conditionne celui de nos descendants, l'enjeu de toutes ces recherches dépasse largement le cadre strict de la science. Il ne s'agit pas seulement de comprendre, mais de comprendre pour agir. Ainsi l'écologie est-elle devenue un passage obligé de tout programme politique. Toutefois, si tout le monde s'accorde sur la nécessité de protéger l'environnement, les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir suscitent bien des discussions.

Le Sommet de la Terre

Au-delà du consensus sur la nécessité de préserver l'avenir de la planète et de mieux en gérer les ressources, comment assurer la protection de l'environnement sans compromettre l'avenir des pays en voie de développement ? La question est au centre des débats de la Conférence des Nations unies pour l'environnement et le développement qui rassemble à Rio de Janeiro, au Brésil, du 3 au 12 juin, les délégués de 178 pays et précède un sommet de 117 chefs d'État et de gouvernement. S'il a le mérite de témoigner solennellement devant l'opinion mondiale de l'attention que portent à présent les gouvernants aux problèmes écologiques, ce « Sommet de la Terre » se solde par un bilan en demi-teinte, les seules résolutions adoptées étant très générales et peu contraignantes. On est encore loin de la dictature écologique internationale redoutée par certains, et notamment par les 264 scientifiques et intellectuels, dont 52 lauréats du prix Nobel, qui, le 14 avril, à Heidelberg, dans un appel solennel aux chefs d'État et de gouvernement présents à Rio, ont tenu à souligner les dangers d'une idéologie irrationnelle qui conduirait, par une défense aveugle de l'environnement, à entraver le progrès scientifique et industriel.

200 000 ans d'archives climatiques

Le problème de l'impact des activités humaines sur l'évolution du climat est l'un de ceux qui suscitent des controverses parmi les experts. L'appréciation objective de cet impact passe par une reconstitution quantitative des climats anciens permettant d'explorer la variabilité naturelle du système climatique. L'étude de carottes de glace prélevées dans les calottes polaires représente l'un des moyens privilégiés de connaître les climats du passé. Le 12 juillet, l'expédition scientifique européenne GRIP (Groenland Ice Core Project) atteint la profondeur record de 3 028,8 m, ce qui équivaut à une remontée dans le temps d'environ 200 000 ans. Le record antérieur était détenu par les Russes, depuis 1990, avec un forage à 2 546 m à la station de Vostok, dans l'Antarctique.

Une oasis de vie souterraine

La nature recèle encore bien des secrets. Une nouvelle preuve en est fournie avec l'annonce, en septembre, par le CNRS, de la découverte d'un écosystème exceptionnel dans une grotte entièrement fermée, la grotte de Movile, mise en évidence fortuitement lors d'un forage, en 1986, sous le plateau de Dobrogea, au sud-est de la Roumanie. Cette grotte renferme une association exceptionnelle d'êtres vivants adaptés à l'absence totale de lumière et à une faible teneur en oxygène : bactéries, champignons, protozoaires, invertébrés. On y a découvert 27 espèces nouvelles, dont certaines apparentées à des groupes tropicaux. Toute l'activité biotique repose sur la présence de bactéries capables de décomposer l'hydrogène sulfuré contenu dans l'eau. Rappelant, par certains aspects, les oasis de vie localisées au fond des océans, autour des sources hydrothermales, cet écosystème souterrain vivant en complète autarcie va fournir aux scientifiques nombre d'informations nouvelles sur les mécanismes imaginés par la nature pour assurer l'évolution des espèces et leur adaptation au milieu environnant.

Aux limites de la plongée profonde

S'adapter à des milieux hostiles : c'est l'un des défis que l'homme s'impose à lui-même. En mai, le sauvetage en orbite d'un satellite de télécommunications par trois astronautes qui le capturent manuellement confirme tout à la fois la difficulté du travail dans l'espace et le rôle irremplaçable, en certaines circonstances, de l'intervention humaine. Les profondeurs sous-marines offrent un autre exemple de milieu hostile où l'homme est appelé parfois à intervenir, notamment pour l'inspection des plates-formes pétrolières offshore. Avec son programme de plongée profonde Hydra, la Comex, à Marseille, s'attache, depuis 1968, à développer les techniques autorisant la descente et le travail de plongeurs sous plusieurs centaines de mètres d'eau.