À l'heure où le comité d'entreprise des houillères du bassin Centre-Midi (HBCM) se réunit à Saint-Étienne (juillet 1992), les mineurs du bassin d'anthracite de La Mure (Isère) entament une grève avec blocage de l'accès à la mine. Le site doit être fermé en 1994. 381 emplois seront supprimés. Pour une production de 116 000 tonnes, le déficit atteint 85 millions de francs. La tonne de charbon extraite revient à 1 130 francs, alors qu'elle est vendue 400 francs.

Entre Bonneville et Cluses (Haute-Savoie), la vallée de l'Arve abrite plus de 9 000 salariés de l'industrie du décolletage (soit 65 % des effectifs français du secteur), répartis en 740 entreprises. 490 d'entre elles ne dépassent pas 10 salariés. Ces PME sont condamnées à se regrouper. PSA réduit le nombre de firmes avec lesquelles il traite en direct d'une trentaine en 1989 à une dizaine en 1992. Les équipements automobiles exigent une qualité totale. Cela signifie pour les entreprises un investissement important et une main-d'œuvre performante. Or la Haute-Savoie perd chaque année entre 200 et 300 personnes qui vont chercher en Suisse des salaires plus élevés.

Les maires de Chambéry, M. Louis Besson (PS), et d'Annecy, M. Bernard Bosson (CDS), relèvent les intérêts communs aux deux villes, pour que celles-ci soient aptes à résister à l'essor des métropoles européennes voisines. Le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIAT) leur a décerné le label « réseau de villes » : certaines opérations, jugées prioritaires par l'État, feront l'objet d'un soutien financier. Les villes travailleront en commun dans cinq directions : communication, urbanisme, économie, université et culture.

DOM-TOM

Le rendez-vous européen du 1er janvier 1993 n'évoque plus une vision d'apocalypse pour les populations des DOM-TOM. Certes, certains périls demeurent, que les indépendantistes et autres adversaires de l'intégration ne manquent pas d'exprimer : l'invasion des littoraux des Caraïbes et de l'océan Indien, libre circulation des hommes aidant, par les foules européennes : la perte des emplois et de l'identité ; la concurrence victorieuse des productions européennes provoquant la ruine de l'économie régionale, libre circulation des marchandises aidant. De fait, à titre d'exemple, la production de bananes peut paraître menacée, compte tenu des pressions commerciales qu'exercent la majorité des négociants anglo-saxons et allemands, qui ont intérêt à ouvrir le marché des Douze aux fruits de la zone dollar. À la Martinique, ils sont 8 000 producteurs qui viendraient alors renforcer la liste de 32 000 chômeurs officiellement recensés. Alors, comme la situation est déjà explosive... La démonstration serait la même pour le sucre et le rhum, le nickel.

En fait, la question européenne suscite un large débat. Les contacts noués par M. Louis Le Pensec avec les élus locaux, l'action de M. Jacques Delors pour sensibiliser les hautes instances communautaires ont familiarisé les habitants des DOM-TOM avec l'idée de Marché unique. Le Conseil des ministres du 29 avril 1992 a assoupli le régime de « l'octroi de mer ». Désormais, le produit de cette taxe qui touche tous les produits importés sera à la disposition des collectivités locales. Enfin, la « Déclaration sur les régions ultrapériphériques de la Communauté », annexée au traité de Maastricht, stipule que, « si les dispositions du traité instituant la Communauté européenne s'appliquent de plein droit aux DOM, il reste possible d'adopter des mesures spécifiques en leur faveur dans la mesure – et aussi longtemps – où il existe un besoin collectif de prendre de telles mesures en vue d'un développement économique et social de ces régions ». L'Europe : une chance pour les DOM ? Réponse : au référendum de 1992, les DOM-TOM ont approuvé à 68,9 % le traité de Maastricht, la fourchette s'étendant de 49,69 % (Nouvelle-Calédonie) à 76 % (Mayotte, Wallis-et-Futuna) en passant par les 67 % de la Guadeloupe ou de la Guyane ou les 72,12 % de la Martinique.