Journal de l'année Édition 1992 1992Éd. 1992

Le chauffage des dérivés sanguins fut systématisé en août 1985 et la distribution de produits non traités interdite à partir d'octobre. Entre ces deux dates, les concentrés non chauffés n'auraient été injectés qu'à des hémophiles déjà séropositifs.

En 1989, le ministre de la Santé Claude Évin avait créé une caisse nationale de solidarité dotée de fonds publics et privés, afin d'indemniser les hémophiles contaminés. Le 30 octobre, M. Jean-Louis Bianco annonce un accord entre l'État et les compagnies d'assurances au sujet du partage de l'indemnisation de tous les transfusés contaminés avant le 1er janvier 1990, indemnisation dont le montant est estimé à 12 milliards de francs. Le premier projet de loi, qui prévoit de taxer les contrats d'assurance, est rejeté par tous les parlementaires, y compris les socialistes. Le second, définitivement adopté le 21 décembre, instaure une participation forfaitaire des compagnies d'assurance pour un montant de 1,2 milliard de francs pour 1992, non imputables sur les contrats.

Le ministre des Affaires sociales annonce également une réforme du système transfusionnel, qui vise à garantir la sécurité de ses missions tout en maintenant ses principes éthiques. Ces objectifs sont-ils compatibles avec la rentabilité d'un système que son processus de collecte rend fragile ? Les erreurs de 1985 auraient-elles été commises si des priorités économiques ne l'avaient emporté sur des considérations sanitaires ? Ne faut-il pas admettre que le sang et l'argent ne font pas bon ménage ?

Christophe Péry