Le futur Schéma valorise des villes moyennes qui seraient autant de traits d'union vers les Régions voisines : Mantes vers la Normandie, Rambouillet et Étampes vers le Centre, Melun vers la Bourgogne, Meaux vers Champagne-Ardenne. Pour établir une « harmonie » entre habitat et emplois, ces derniers (il en faudrait 30 000 de plus par an) devront être mieux répartis. Paris intra-muros devra perdre 8 000 emplois tertiaires par an, mais construire des logements ; la petite couronne devra augmenter le nombre des logements et des emplois ; la grande couronne devra ralentir la construction et accélérer la création d'emplois.

La priorité aux transports en commun est à nouveau réaffirmée. Le Schéma tirera parti des projets existants : outre Orbitale (rocade ferroviaire autour de la capitale), le plan ICARE (Infrastructures concédées d'autoroutes régionales enterrées) refait surface. Mais le problème de son financement n'est pas résolu.

Languedoc-Roussillon

L'or ne paie plus. La mine de Salsigne (Aude), la principale mine aurifère d'Europe (2 000 kg d'or par an) et le premier employeur du département (424 employés), est en état de cessation de paiement. Les investissements nécessaires au traitement d'un minerai dont la teneur s'abaisse et la chute des cours du métal précieux ont confronté l'entreprise à un déficit de 50 millions de F. En revanche, la mine de bauxite de Villeveyrac (Hérault) est remise en activité grâce à l'emploi de personnes handicapées. La municipalité et des institutions spécialisées ont accepté d'apporter leur concours pour adapter les postes de travail aux possibilités des handicapés.

Vingt-deuxième ville de France en 1962, Montpellier se situe aujourd'hui au neuvième rang et accueille 60 000 étudiants. Depuis 5 ans, les emplois ont augmenté de 3,4 % par an. Avec l'aide des médias, le maire Georges Frèche vient de lancer une nouvelle opération qui vise à redéployer la ville vers l'est et la mer, seules possibilités d'extension de la cité. Port-Marianne – puisque tel est le nom de ce nouveau quartier – s'étendra à l'horizon 2010 (!) sur 600 ha, disposera de 5 500 logements, de centaines de bureaux et de commerces et d'un port de plaisance de 300 ou 400 anneaux.

Montpellier et Nîmes font la paix sous l'impulsion de leurs maires, MM. Georges Frèche et Jean Bousquet. Les accords de coopération se multiplient : création d'une liaison rapide entre les deux aéroports et d'un réseau commun de prospection d'entreprises.

Limousin

La COGEMA (Compagnie générale des matières premières), filiale du Commissariat à l'énergie atomique, a annoncé sa décision de mettre fin à l'exploitation des mines d'uranium de la Crouzille, à Razès (Haute-Vienne), d'ici à la fin de 1995. Outre les 479 salariés du site minier, la mesure touche 200 personnes travaillant dans l'usine de traitement du minerai à Bessines et 200 salariés des services de sondage de Limoges. Au total, 1 000 emplois directs et 3 000 emplois induits sont concernés. L'effondrement des prix de l'uranium et la mauvaise rentabilité des mines sont les causes de ces mesures.

La forêt limousine couvre 500 000 ha, soit plus du tiers de la superficie de la Région. Les 138 000 propriétaires qui se partagent le « gisement » ne possèdent en moyenne que 3,5 ha chacun. L'extension de la superficie boisée doit plus à l'exode rural (donc au développement des friches) qu'à une action volontaire. La filière bois, de la sylviculture à la commercialisation, fait pourtant vivre 10 000 personnes : trois fois plus que la porcelaine de Limoges.

Les porcelainiers n'échappent pas à la restructuration. Il reste à Limoges une trentaine de manufactures, qui emploient 3 000 personnes contre 10 000 au début du siècle. Dominée par Bernardaud et DLP (Decoster-Limoges-Prestige), l'activité réalise un chiffre d'affaires de 650 millions de F, dont la moitié à l'exportation.

Lorraine

La conjoncture économique pousse les Lorrains à chercher du travail au-delà de la frontière : ils étaient 18 500 frontaliers en 1982 ; ils sont aujourd'hui 31 000. La recherche d'un emploi, et l'attrait de salaires de 20 à 40 % supérieurs à ceux pratiqués en France, d'une couverture sociale aussi favorable et d'un taux d'imposition moins élevé expliquent cette ruée vers le Luxembourg et la Sarre.