Journal de l'année Édition 1992 1992Éd. 1992

Demi-finales : Bien que personne ne lui en ait fait reproche, Gavin Hastings se souviendra longtemps de la 62e minute du match Écosse-Angleterre. À la suite d'une faute commise dans un regroupement, son équipe bénéficia d'une pénalité située à 20 m en face des poteaux. Il plaça son ballon, prit tout son temps, et, au grand désapointement du public, manqua son coup de pied, qui aurait donné l'avantage à son camp et peut-être la victoire. Et finalement, c'est grâce à un drop de son demi de « fermeture », Rob Andrew, que l'Angleterre se qualifiait, à l'issue d'une rencontre où la peur de perdre domina sur l'envie de gagner. À l'opposé de l'autre demi-finale, remportée par l'Australie, qui a constamment pris de vitesse puis bousculé un XV All-Blacks méconnaissable, au bout du rouleau. Battu par plus conquérants, plus jeunes, plus dynamiques. Le triomphe de l'enthousiasme et celui d'un pays qui n'élève pas ses joueurs dans du coton, mais les forme à la dure réalité de la haute compétition. Ce match restera un des sommets de cette Coupe du monde, Une finale avant la lettre.

Finale. Ce fut féroce, mais la bataille se déroula sans un mauvais geste. Ce furent les entrechats de Campese, les percées de Ofahengaue et de Horan, l'essai accordé au petit bonheur la chance au pilier Daly. La victoire est allée à la formation qui la méritait le plus, celle qui a su alterner, au fil de l'épreuve, vertus offensives et défensives. Preuve que, lorsque la défense est mise au service de l'attaque, elle ne tue pas le jeu.

L'Angleterre a perdu. Mais elle a gagné l'estime de tous en relevant le pari du jeu en mouvement. A-t-elle eu tort ? On peut le penser. On ne change pas, en effet, de tactique impunément un jour de finale. La vitesse, la clairvoyance, cela ne s'improvise pas. En jouant à la main, les chevaliers à la rose ont fait vibrer le stade, mais en pure perte. Finalement, l'Australie a gagné grâce à un essai typiquement anglais ; et l'Angleterre, qui a eu la plupart des ballons, a perdu en tentant de jouer à l'australienne. Les finales, matches à gros enjeu, aboutissent souvent à des scénarios imprévus. À Twickenham, la preuve a été faite qu'en imposant des règles de bonne conduite strictes, la plus grande compétition jamais organisée par le monde de l'ovale pouvait rester propre.

Blanco quitte la scène

Un brin de tristesse au fond des yeux, un léger sourire aux coins des lèvres, sans doute pour masquer sa déception. Serge Blanco quitte la pelouse du Parc des Princes abattu, car, pour sa dernière apparition au sein de l'équipe de France dont il est le capitaine, il vient d'être éliminé en quarts de finale de la Coupe du monde par l'Angleterre, à l'issue d'une rencontre nauséabonde où il fut sauvagement agressé par l'ailier anglais Nigel Haslop, coupable sur sa personne d'un violent placage à retardement. Un geste inqualifiable à rencontre de celui qui, ayant reçu tous les dons du ciel, s'est imposé comme une des plus grandes figures de l'histoire mondiale du rugby. De celui que la presse galloise a surnomé le « Pelé » du ballon ovale pour ses dons offensifs qui ont fait de lui le meilleur arrière de son temps et l'actuel recordman du nombre de sélections (93) et des essais marqués (38) en équipe nationale. Bref, des adieux internationaux ratés pour ce génie de l'attaque qui méritait une tout autre sortie. Mais, cette fois, le rideau est tiré à jamais sur une fausse note. Hélas !

Palmarès

Né le 31 août 1958 à Caracas (Venezuela)

– Club : Biarritz Olympique depuis les cadets.

– Débute en équipe de France au poste d'ailier le 8 novembre 1980 à Pretoria contre l'Afrique du Sud (15-37).

– Termine sa carrière le 19 octobre 1991 au Parc des Princes face à l'Angleterre en 1/4 de finale de la Coupe du monde (10-19).

– Participe en 1987 à Auckland à la finale de la première Coupe du monde contre la Nouvelle-Zélande (9-29).

– Vainqueur du tournoi des Cinq Nations en 1981 et en 1983 et de 1986 à 1988. Deux grands chelems (1981 et 1987).

Tournoi des cinq nations

Grâce à sa victoire obtenue à Twickenham sur la France, l'Angleterre a réussi le 9e grand chelem de son histoire, son premier depuis 1980. C'était prévisible et le scénario que tout le monde attendait s'est déroulé comme prévu. Car, face à un paquet d'avants remarquablement organisé et structuré, d'une puissance étonnante, le XV Tricolore n'a jamais été en mesure de s'imposer, malgré l'étroitesse du score et trois essais marqués, dont un d'anthologie, de plus de 110 mètres (Saint-André). Reste que pour cette jeune équipe de France, l'avenir ne s'annonce pas si mal, même si l'écart qui la sépare de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande semble encore trop important pour qu'elle puisse espérer l'emporter lors de la prochaine Coupe du monde.

Championnat de France

À l'issue d'une finale qu'il a dominée de toute son assurance, Bègles-Bordeaux est devenu champion de France aux dépens du Stade toulousain, qui s'est montré bien trop fébrile pour espérer l'emporter. L'équipe girondine, qui vaut essentiellement par son paquet d'avants, formé de joueurs à la fois puissants et toniques, a ainsi enlevé le deuxième titre de son histoire après celui de 1969. Avec le Racing-Club de France, les trois-quarts et le jeu à la main étaient à l'honneur. Avec Bègles, c'est donc au tour des « déménageurs de pianos » d'être promus têtes d'affiche. Et encore pour longtemps, semble-t-il, tant la marge de progression de ce groupe réputé jusqu'alors pour sa trop grande violence reste importante. Tous les spécialistes du ballon ovale s'accordent à le reconnaître. De par sa parfaite maîtrise collective. Bègles sera sans nul doute le club français des années 90. Ces jeunes gens au crâne rasé (Gimbert, Moscato, Simon, Vergé), qui conçoivent le rugby comme une « aventure humaine », n'ont pas fini de faire parler d'eux.

Rugby à XIII

De mal en pis

Le XIII régresse avec une alarmante régularité. En moins de trois mois, l'équipe de France a en effet subi quatre sévères défaites. Face à l'Australie (60 à 4 et 34 à 10), puis contre la Grande-Bretagne (45 à 10 et 60 à 4). Au total 199 points à 28, trente-sept essais encaissés pour six marqués. Un naufrage sans précédent ! Dépourvu d'atouts, incapable de produire un jeu cohérent, le rugby à XIII français est arrivé à un point de non-retour.