Philippe de la Cotardiere

Espace

Huit vols de la fusée européenne Ariane, les vols V41 à V48, tous réussis, marquent l'année spatiale. Ils autorisent le placement de onze gros satellites et de quatre microsatellites en orbite de transfert géostationnaire.

La version Ariane 44 L, la plus puissante, équipée de quatre propulseurs d'appoint à propergols liquides, est utilisée à quatre reprises : le 15 janvier, pour lancer Italsat 1, premier satellite italien de télécommunications, et Eutelsat II-F2, deuxième exemplaire d'une nouvelle génération de satellites de télécommunications de l'organisation européenne Eutelsat ; le 14 août et le 29 octobre, pour lancer chaque fois un exemplaire des satellites de télécommunications Intelsat VI ; enfin, le 16 décembre, pour mettre en orbite les satellites de télécommunications Telecom 2A et Inmarsat 2-F 3. La version Ariane 44 P, dotée de quatre propulseurs auxiliaires à poudre, est employée à deux reprises : le 4 avril et le 27 septembre, pour le lancement des deux premiers exemplaires de la cinquième génération de satellites de télécommunications canadiens Anik. Un exemplaire de la version Ariane 44 LP, munie de deux propulseurs d'appoint à liquides et de deux à poudre, permet de lancer, le 2 mars, Astra 1B, deuxième satellite luxembourgeois de télévision directe, et MOP-2, deuxième satellite météorologique européen Meteosat opérationnel. Enfin, un exemplaire de la version Ariane 40, sans propulseur d'appoint, place sur orbite, le 16 juillet, ERS-1, premier satellite européen de télédétection (équipé notamment d'un radar à synthèse d'ouverture lui permettant d'obtenir, de jour comme de nuit, des images de grande qualité de la surface du globe) et quatre microsatellites scientifiques ou de communication.

L'avenir incertain

Le 29 mai, le satellite de télécommunications géostationnaire expérimental Olympus (lancé en 1989) est victime d'une panne qui lui vaut de ne plus réagir aux ordres envoyés de la Terre et de tourner sur lui-même en s'écartant de sa position orbitale correcte. Une vaste opération de sauvetage est rapidement déclenchée et, au terme d'une longue série de télécommandes, les techniciens de l'Agence spatiale européenne et de British Aerospace parviennent, le 31 juillet, à reprendre le contrôle de l'engin, qui retrouve le 13 août sa position orbitale correcte, par 19,2° de longitude ouest.

Très attendue, la réunion du Conseil de l'Agence spatiale européenne au niveau ministériel, à Munich, du 18 au 20 novembre, déçoit les observateurs. On espérait qu'elle déboucherait sur des décisions majeures pour l'avenir de l'Europe spatiale, avec, en particulier, un engagement financier pluriannuel garanti et un échéancier ferme pour les programmes Columbus (laboratoire orbital), Hermes (avion spatial) et DRS (satellites relais de télécommunications à haut débit). En fait, après d'âpres discussions, les ministres ne parviennent qu'à un accord politique minimal. Tout en réaffirmant l'adhésion des États membres de l'Agence spatiale européenne aux objectifs définis en 1987, lors de la conférence de La Haye, ils reportent à la fin de 1992 la décision d'achever le développement des programmes Columbus, Hermes et DRS, sous la pression de certains États, comme l'Allemagne, soucieux de réduire leur contribution financière. La principale décision positive prise par les ministres réunis à Munich est celle de mener à bien un nouveau programme européen d'observation de la Terre à l'aide de plates-formes en orbite polaire dont la première, POEM-1, poursuivra et étendra les observations réalisées par les satellites radar ERS.

Aux États-Unis, l'année est marquée par six missions de la navette spatiale. Elles autorisent notamment la mise en orbite du satellite d'astronomie gamma GRO (6 avril), d'un satellite relais de télécommunications TDRS (2 août), du satellite d'aéronomie UARS (14 septembre), d'un satellite militaire d'alerte avancée DSP (25 novembre), et un vol Spacelab emportant des expériences qui intéressent les sciences de la vie (5-14 juin). Après avoir cartographie au radar les trois quarts de la surface de Vénus, la sonde Magellan entame le 16 mai son deuxième cycle de survol de la planète. La sonde Galileo, en route vers Jupiter, passe le 29 octobre à 1 600 km de l'astéroïde Gaspra, dont elle recueille 150 clichés.