Les éruptions de ces deux volcans, dont l'existence est liée à la subduction (ou à la plongée) de la plaque des Philippines sous la plaque continentale eurasiatique, sont identiques, dangereuses et spectaculaires. Ces appareils volcaniques émettent des produits visqueux qui obstruent la cheminée et empêchent les gaz de s'échapper. Les manifestations les plus remarquables de ces éruptions de type explosif sont les coulées pyroclastiques et les nuées ardentes, avalanches incandescentes de gaz et de cendres qui dévalent les versants du volcan à plus de 200 km/h. Si une partie des cendres, ou tephra, s'accumule à proximité du volcan, l'autre, mêlée de produits chlorés, fluorés et soufrés, est injectée dans la haute troposphère et la stratosphère.

De ce point de vue, l'éruption du volcan philippin serait, par le volume des produits émis et par l'importance du panache circumterrestre qu'elle a formé, beaucoup plus importante que celle de l'Unzen, du Saint-Helens (1980) ou du volcan mexicain El Chinchon (1982). L'augmentation de la turbidité de l'atmosphère inférieure et l'atténuation de la radiation solaire pourraient avoir pour conséquences d'affecter la couche d'ozone et d'abaisser de quelques dixièmes de degré – et pendant plusieurs années – les températures moyennes à la surface du globe. D'après les travaux les plus récents de chercheurs de la NASA, la diminution de la quantité d'ozone atmosphérique imputable aux produits chlorés d'origine naturelle comme aux CFC s'observe non seulement au-dessus des pôles, mais aussi aux latitudes moyennes.

L'Unzen a fait 41 victimes, dont les volcanologues Maurice et Katia Krafft et le géologue Harry Glicken ; le Pinatubo en a fait 720. Le bilan de ces éruptions est lourd, tant au plan éconolique (villages détruits, cultures anéanties, un million de personnes évacuées...) qu'au plan environnemental. Il est vrai qu'aux dégâts causés par les nuées ardentes et l'abondance des chutes de cendres se sont ajoutés – dans le cas du Pinatubo notamment – ceux occasionnés par les coulées de boue et les inondations consécutives aux pluies diluviennes des premiers typhons de l'année.

Deux autres volcans philippins ont montré des signes de réveil : le Didicas dans les îles Babuyan au nord de Luzon le 22 juin et le Sibucal dans l'île de Mindanao le 17 septembre. Les volcans de la ceinture de feu ont été précédés ou accompagnés par des volcans situés à des milliers de kilomètres. Le volcan Hekla situé à 120 km de Reykjavik s'est réveillé le 17 janvier ; la vallée du Soleil en Patagonie chilienne a été transformée en un désert de cendres après les éruptions du volcan Hudson survenues entre les 11 et 15 août. L'Etna a produit, cette année encore, près de 25 millions de tonnes de CO2...

Philippe C. Chamard
Philippe C. Chamard, géographe et quaternariste, est maître de conférences à l'université de Paris-X et consultant d'organismes internationaux.