L'année 1991 devrait voir les jeunes remporter de plus en plus de succès ; toutefois, tout le monde se demande s'ils parviendront à empêcher une nouvelle confrontation entre les deux « K » en 1993.

Alain Fayard

Bridge

À la fin de l'année 1990, la Fédération française, qui exerce sa tutelle sur le bridge de compétition, comptait près de 75 000 membres. Ce chiffre traduit la progression, constante depuis sa création en 1933, de l'organisme actuellement présidé par Jean-Claude Beineix.

Le classement français place désormais en tête Hervé Mouiel, qui précède Paul Chemla. Les deux joueurs sont maintenant âgés d'une quarantaine d'années, mais le troisième, Jean-Christophe Quantin, n'a que 24 ans. Chez les femmes, la première joueuse est Sylvie Willard, qui devance de peu Danielle Allouche.

En 1990 ont eu lieu les premiers championnats d'Europe mixtes. Les Français ont remporté les deux titres : Catherine Saul et Jean-Christophe Quantin, par paires, et Ginette Chevalley, Élisabeth Faivre, Nicole Lesguillier, Régis Lesguillier, Paul Chemla et Philippe Toffier, par équipes.

Lors des championnats du monde disputés à Genève, les résultats ont été moins brillants : la France n'a obtenu aucune médaille. Ce sont les Brésiliens Gabriel Chagas et Marcelo Branco qui ont gagné à l'issue de l'épreuve par paires open. Dans l'épreuve par quatre, la surprise est venue de l'équipe allemande qui, pour la première fois dans l'histoire du bridge, a réussi à remporter un championnat du monde (Jocken Bitschene, Bernhard Ludewig, Roland Rohowski, Georg Nippgen). Dans les épreuves par paires − dames et mixtes −, on a pu assister au succès des Américains : Karen McCallum et Kerri Shoumann, d'abord, Juanita Chambers et Peter Weichsel, ensuite.

Lors du simultané, épreuve mondiale moins officielle qui s'est disputée en juin et à laquelle participaient 87 000 joueurs, ce sont les Danois Lupan et Godtfresden qui se sont imposés.

Le bridge a entrepris une opération de développement de grande envergure : près d'un millier d'établissements scolaires ont inscrit son enseignement à leur programme. Il dispose de moyens permanents de communication : le Bridgeur, Bridgerama et la Lettre du bridge, diffusés respectivement à 30 000, 6 000 et 2 500 exemplaires. Plusieurs quotidiens nationaux (le Monde, le Figaro, le Journal du Dimanche), plusieurs hebdomadaires (le Figaro Magazine, l'Express, le Point, Point de vue, l'Événement du Jeudi), ainsi qu'une vingtaine de quotidiens régionaux lui accordent une place dans leurs colonnes.

Jean-Paul Meyer

Mode

« On s'amuse avec toutes les longueurs. C'est dans les proportions qu'on trouve le bonheur », lance Karl Lagerfeld, qui, chez Chanel, écourte les jupes à l'infini et fait se rencontrer ourlets et bottes. « La silhouette fine et longue sous la jupe ultrabrève, vos jambes m'intéressent », affirme l'humour aux lèvres Angelo Tarlazzi, dont la fantaisie et le talent font se cambrer sur les talons aiguille l'image d'une Parisienne désinvolte et piquante d'allure et d'esprit, la hanche surmoulée dans un écrin impertinent.

La génération caleçon

Figure de proue du couturier Christian Lacroix, l'héroïne des collections, lovée dans une combinaison de Lycra peinte à la main par Sylvie Skinazi, symbolise avec luxe et éclat la « génération caleçon ». Année 90 : les prémices du changement, l'oubli du baroque et des références à la jeunesse des autres. Las de se plonger dans l'histoire du costume, de recourir aux archives ou d'évoquer des visions de stars dépassées, les couturiers et les créateurs cultivent l'art du quotidien, puisant leur inspiration dans l'atmosphère des mégapoles, influencés par l'air du temps et le style de vie de leur époque.

À nouvelle décennie, valeurs inédites et surtout envie de simplicité. La mode apparaît différente. Ligne et coupe, tout concorde. Elles s'accordent avec les formes dans un joli corps-à-corps. La silhouette se révèle au mieux de sa forme. Galbée, elle s'impose. Le ton de la mode est donné par « la rue », où l'on décide ce qui est bon à porter. L'élégance y perd de la prestance, mais l'allure y gagne une belle désinvolture moulée dans de charmants jodhpurs. Le body-seconde peau s'avère irrésistible. Figure d'époque, il s'impose comme valeur sûre de la mode. Symbole d'une génération émancipée des normes dirigistes, le body est né du détournement des genres et du métissage des matières. Propulsé au quotidien par la vogue de la danse et du sport, il va bien avec le culte du corps.