Journal de l'année Édition 1990 1990Éd. 1990

Point de l'actualité

La télévision

Afin de remplacer la CNCL (éd. 1989), la loi du 17 janvier 1989 a institué un Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) dont les missions ont été ainsi définies par son article premier : le CSA, « autorité indépendante, garantit l'exercice de la liberté de communication... Il assure l'égalité de traitement ; il garantit l'indépendance du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision ; il veille à favoriser la libre concurrence ; il veille à la qualité et à la diversité des programmes, au développement de la production et de la création audiovisuelles nationales ainsi qu'à la défense et à l'illustration de la langue et de la culture françaises. Il peut formuler des propositions sur l'amélioration de la qualité des programmes ». Le Conseil est composé de neuf membres désignés pour une durée normale de six ans : trois par le président de la République, trois par le Sénat et les trois derniers par l'Assemblée nationale. Il est renouvelable par tiers tous les deux ans. Son président est choisi par le président de la République, qui a désigné Jacques Boutet.

La crise du secteur public de l'audiovisuel a perduré. Son audience a été affaiblie par la concurrence des chaînes privées plus dynamiques. C'est pourquoi le gouvernement a décidé, par la loi du 2 août 1989, de créer une présidence unique pour les deux sociétés nationales A2 et FR3 dans le but d'harmoniser les programmes, d'établir une complémentarité réelle et de redynamiser l'ensemble. Philippe Guilhaume a été choisi par le CSA pour en assumer la charge.

En terme de parts de marché, les positions acquises par les six chaînes hertziennes généralistes nationales pourraient être remises en question en 1990 par la mise en service des chaînes-satellite (TDF 1) et par l'adoption par le Conseil des Communautés européennes d'une directive sur la télévision transfrontière, première étape vers la constitution d'un marché commun de l'audiovisuel.

La télévision française par satellite devrait donc voir le jour en 1990, sauf difficultés techniques persistantes. Le CSA a retenu six chaînes thématiques : Canal Enfants, Sports 2/3, Euromusique, la Sept, Canal + et Canal + Allemagne, ainsi que Radio France sur le canal son. Mais les opérateurs n'ont pas encore résolu de manière satisfaisante le problème de la réception de ces chaînes : l'équipement individuel (antenne parabolique et désembrouilleur) restera onéreux, surtout si l'on doit remplacer son récepteur pour pouvoir bénéficier de la qualité d'image liée à la norme D2 MAC.

Un million de prises seulement ont été installées sur moins de 50 sites avec moins de 10 % d'abonnés. À titre comparatif, les réseaux câblés allemands comptent trois millions d'abonnés. Les programmes fournis par les chaînes hertziennes nationales, les huit chaînes thématiques françaises et six chaînes étrangères, à dominante anglo-saxonne, sont attractifs. Mais, là encore, le coût peut paraître dissuasif (150 F par mois).

70 % des Français estiment que les six chaînes généralistes présentent un éventail suffisant. L'offre de programmes va aller en s'accroissant mais, pour l'instant, les habitudes de consommation télévisuelle des Français évoluent peu.

Christine Leteinturier