Météo : le Printemps

De l'équinoxe à la fin de mars, les hautes pressions situées sur l'Europe centrale favorisent l'advection d'air chaud depuis le sud et entretiennent des types de temps estivaux. Les températures maximales atteignent de nouveaux records mensuels : 23,5 °C à Trappes, 21,9 °C à Langres, 24,7 °C à Paris-Montsouris... le 29 mars, 25 °C à Luxeuil, 25,6 °C à Romorantin, 25,5 °C à Colmar le 30. Les pluies sont peu abondantes ; le 31, cependant, de violents orages accompagnés de rafales de vent et de grêle s'abattent dans les régions de Samatan, de Bordes-sur-Arize et de Lannemezan. La douceur et la sécheresse qui prévalent depuis plus de trois mois sont brusquement interrompues par la disparition des hautes pressions et l'installation durable d'un régime perturbé. Du 31 mars au 8 avril, les perturbations circulant dans un flux de nord entraînent une chute de 13 à 22 °C des températures maximales ! Il neige même le 4 sur tout le quart nord-ouest du pays.

Que d'eau en avril !

Le mois d'avril, qui n'a connu qu'un court épisode de douceur, du 8 au 12, a été plutôt frais. Les températures moyennes régionales ont été inférieures aux normales 1951-1980, comme à celles de mars. Entre le 25 et le 30 avril, des températures maximales anormalement basses sont relevées : 7 °C à Chartres le 25 ; 6,4 °C à Troyes, 7,5 °C à Mâcon, 10,6 °C à Nîmes le 26 ou encore 10,2 °C à Dax le 29. Mais avril 1989 est surtout un mois extrêmement pluvieux qui, depuis 1957, n'a eu d'égal qu'avril 1986. Il est vrai que l'ensemble du pays a subi, tout au long du mois, l'influence de perturbations généralement actives venues du nord (du 31 mars au 7 avril), de l'Atlantique (du 9 au 22 et du 24 au 30) ou de remontées de masses d'air chaud imputables à des dépressions situées sur l'Espagne ou la Méditerranée. À l'échelle régionale, les hauteurs mensuelles représentent 1,7 à 2,7 fois les hauteurs normales ; à l'échelle locale, de nombreux records mensuels sont battus : 121 mm à Aulnat (a.r. : 115 mm en 1983), 154,2 mm à Vichy (a.r. : 132.3 mm), 229 mm à Mont-de-Marsan au lieu de 151,1 en 1986... Des pluies journalières remarquables par leur abondance sont mesurées dans la moitié sud du pays : 66 mm à Pau le 17,115 mm à Murat, 96 mm à Castans, 71 mm à Mâcon le 25. Ces abats provoquent dans la région lyonnaise, en Ardèche et dans le Gard la crue brutale de nombreux cours d'eau. Des chutes de neige ont été observées le 14 avril dans les Alpes centrales, dans le massif du Queyras et même dans les monts de Lacaune. Au 30 avril, le bilan hydrique des sols est redevenu normal à excédentaire sur la quasi-totalité du territoire. Le rapport R/RU de la réserve disponible à la réserve utile demeure cependant inférieur à 60 % dans l'Aude, le Roussillon, les Bouches-du-Rhône et dans les régions de Toulon et de Nîmes. D'autres régions du monde sont affectées par des pluies torrentielles et des inondations : Djibouti, une des régions les plus arides de la planète, du 7 au 10 avril ; l'État de Ceara au N.-E. du Brésil, du 10 au 12 ; en Nouvelle-Calédonie, le 10, au moment du passage du cyclone Lily. Le 26, la région de Manikganj, au Bangladesh, est ravagée par une tornade meurtrière (1 600 morts, 12 000 blessés).

Sécheresse en mai

Mai, à l'inverse d'avril, est exceptionnellement chaud et sec. Les températures moyennes sont, selon les régions, de 1,4 à 4,2 °C supérieures aux normales ; elles se placent au 1er ou au 2e rang des valeurs mesurées depuis 1957. Beaucoup de records ponctuels sont battus ; pour les températures minimales élevées, notons par exemple 17,2 °C à Vannes le 20, 15,4 °C à Saint-Dizier le 23, 19,3 °C à Bordeaux le 24 et, pour les températures maximales : 27,6 °C à Beauvais, 27,9 °C à Metz le 20, 29,1 °C à Dinard le 21 mai. Dans maintes stations, les températures moyennes mensuelles flirtent avec les records absolus et le nombre de jours chauds (jours où la température maximale est supérieure à 25 °C) est très élevé : 16 jours à Nîmes, 13 jours à Saint-Yan et à Bourges, 12 à Angers et Lorient... Au plan de la pluviométrie, mai 1989 se classe parmi les mois de mai les plus secs observés depuis 32 ans. Les déficits sont supérieurs à 39 % dans le Centre-Est, à 66 % dans l'Ouest et le Nord, à 80 % dans le Sud-Est et en Corse. La nébulosité étant très faible, la durée de l'insolation a atteint des valeurs inhabituelles : 315 heures à Paris-Montsouris au lieu de 288 en 1944, 350 heures à Reims au lieu de 255 en 1952, 320 heures à Angers au lieu de 280 en 1952. À la fin du mois, les réserves en eau des sols sont très faibles dans le sud de la Bretagne, en Berry, en Poitou-Charentes et au sud de la ligne Libourne-Albi-Nice, où R/RU est inférieur à 40 %.

Juin qui finit bien

Du 31 mai au 9 juin, l'ensemble du pays, à l'exception du Midi méditerranéen, connaît les effets d'un régime perturbé de nord, puis de nord-ouest. Brumes et nuages bas de début de matinée, averses ou pluies orageuses alternant avec de brèves éclaircies entretiennent des températures minimales et maximales inférieures aux normales (4 à 8°C et 16 à 19 °C respectivement dans les Pays de Loire et le Centre par exemple). Ce temps frais et maussade fait place, à partir du 10, à des types de temps qui, caractérisés par un bon ensoleillement, des températures élevées, de brefs orages de chaleur et une sécheresse accusée dans certaines régions, sont vraiment estivaux.

Philippe C. Chamard