Météo : L'Automne

L'alternance irrégulière de périodes chaudes et froides très contrastées, le caractère et la localisation des pluies, la fréquence des brumes, des brouillards et des nuages bas, le nombre élevé de jours de mistral et de tramontane, la diversité des types de temps ont fait de cet automne une véritable saison de transition.

Du jour de l'équinoxe au 27 septembre, les températures ont été, selon les régions, de 2 à 5 °C supérieures aux normales et les pluies faibles sur l'ensemble du territoire. À cet épisode estival succède un épisode froid et pluvieux. Du 28 au 30 septembre, le pays est balayé par un front froid très actif qui occasionne des pluies abondantes dans le Nord-Est et le Centre-Est (22 mm à Colmar en 6 heures le 29) et la chute des températures maximales (10,6 °C à Mâcon ; 11,3 °C à Vichy le 30). Du 1er au 3 octobre, un front ondulant nord-ouest-sud-est traverse l'Hexagone et les températures minimales se rapprochent de zéro (1,1 °C à Auch le 1er octobre et 1,9 °C à Cognac le 3, par exemple).

Au sud du Massif central et au niveau 500 hectopascals (soit 5 500 m environ), le contact entre l'air froid du nord-ouest et l'air chaud et humide d'origine méditerranéenne engendre un gigantesque amas nuageux cumuliforme.

Nîmes sous le déluge

Les trombes d'eau qui s'abattent sur Nîmes et sa région dans la nuit du 2 au 3 (225 à 250 litres d'eau par m2) provoquent alors des inondations brutales, meurtrières et dévastatrices (11 morts et dégâts matériels considérables : 150 km de voies ferrées détruites, routes défoncées, ponts emportés, des centaines de véhicules endommagés ou détruits...).

Du 4 au 20 octobre, des perturbations plus ou moins actives se succèdent mais c'est du 8 au 15 et du 18 au 20 que des précipitations particulièrement abondantes et intenses sont enregistrées dans les départements de l'Isère, de la Drôme, de l'Ardèche, du Gard et de la Lozère (215 mm à Grenoble-Saint-Geoirs du 9 à 6 TU au 12 à 6 TU, 284 mm à Saint-André-de-Rauquepertuis du 11 à 6 TU au 12 à 6 TU ou encore 137 mm au Pont-de-Montvert du 18 à 6 TU au 19 à 6 TU...).

La présence de hautes pressions au cours de la dernière décade explique la rareté ou l'absence de pluie. Octobre a été chaud en toutes régions ; les températures supérieures aux normales de 1,2 °C à 2,5 °C ont atteint des valeurs records : 14,6 °C à Saint-Êtienne et 19,9 °C à Salon-de-Provence le 18, 14,6 °C à Brest le 26,14,9 °C à Lyon-Bron le 28... pour les températures minimales élevées ou 24.1 C à Aurillac le 9, 28,2 °C à Marignane le 15, 29,5 °C à Biarritz le 26... pour les températures maximales. Au 30 octobre, le bilan hydrique des sols est inférieur à 50 % dans le Sud-Ouest, les Pays de la Loire, le Centre, le Roussillon et la Moselle.

Hors de France, l'actualité météorologique a été marquée par deux événements majeurs : le cyclone Joan dévaste le Costa Rica et le Nicaragua dans la nuit du 22 au 23 octobre, après avoir causé d'importants dégâts en Colombie et au Panama. Quasiment au même moment (du 22 au 24), les Philippines subissent le typhon Ruby, le 18e de l'année ! Le bilan est très lourd : 600 morts ou disparus, 500 000 sans-abri et 1 milliard de F de dégâts.

En novembre, les températures moyennes ont été de 0,2 °C à 1,3 °C inférieures aux normales dans tout le pays, à l'exception du Sud-Ouest qui a bénéficié d'une étonnante douceur. Ce mois vraiment automnal doit son originalité à l'alternance de périodes froide (du 1er au 8), très froide (du 21 au 28), relativement chaude (du 8 au 13) ou normale (du 14 au 20). De nombreux records de températures basses ont été battus entre le 22 et 27 novembre : – 11,2 °C à Romorantin, – 9,6 °C à Château-Chinon, – 0,4 °C à Saint-Raphaël le 22, – 8,1 °C à Toulouse-Francazal, – 2,4° à Montélimar le 23, – 6,1 °C à Salon-de-Provence et – 2,3 °C à Ajaccio le 25 pour les températures minimales ou 2,4 °C à Nîmes, – 1,4 °C à Lyon-Satolas, – 4,2 °C à Colmar le 22 pour les températures maximales. C'est d'ailleurs pendant cette vague de froid que les premières chutes de neige ont été observées en Savoie (Bourg-Saint-Maurice), en Isère (Chamrousse), dans le Var (Saint-Raphaël) et dans la région d'Ajaccio. Les précipitations ont été très inférieures aux normales et les déficits ont varié entre 32 % dans le Nord et 75 % en Corse.

Le Bangladesh victime des éléments naturels

La faiblesse des pluies concentrées sur 3 à 5 jours au plus, la nébulosité réduite et l'insolation élevée dans toute la moitié ouest du pays s'expliquent par la persistance de conditions anticycloniques. Du 6 au 9 novembre, le sud de l'île de Luçon, aux Philippines, est balayé par le typhon Skip. Les pluies diluviennes qui s'abattent sur la région de Nakhon Si Thammarat, en Thaïlande, entre le 21 et le 28, provoquent des inondations et des coulées de boue d'autant plus meurtrières que la déforestation y est systématique (450 morts et 250 000 sans-abri). Les 29 et 30 novembre, les régions de Barisāl et de Khulnā, au Bangladesh, sont, cette fois-ci, ravagées par un cyclone très puissant (1 150 morts ; 2,5 millions de sans-abri).

Si, du 1er décembre au solstice d'hiver, les températures ont été clémentes, les écarts entre les températures extrêmes journalières ont été plus importants dans les régions méditerranéennes, où mistral et tramontane ont soufflé fréquemment, que dans le reste du pays. Les pluies orageuses observées au nord de la Loire du 1er au 7 et les très modestes précipitations ultérieures n'ont pas suffi à améliorer le bilan hydrique des sols toujours déficitaire sur l'ensemble du territoire. Au 21 décembre, l'enneigement est tout juste moyen dans les stations de sports d'hiver.

Philippe C. Chamard