Panorama

Introduction

Avec le déferlement de la vague néolibérale, les politiques d'ajustement se sont généralisées depuis 1979 et devraient permettre à terme la reprise sur des bases saines. Les conditions nécessaires à de meilleures performances sont réunies : maîtrise de l'inflation, redressement de la situation financière des entreprises, réduction des déficits budgétaires dans un certain nombre de pays, flexibilité accrue des marchés du travail.

Et pourtant, pour la troisième année consécutive, en 1987, en dépit d'une nette amélioration au troisième trimestre, la croissance s'est encore ralentie. Les résultats sont variables selon les pays : très satisfaisants en Italie et en Grande-Bretagne, meilleurs que prévus aux États-Unis et au Japon et moins bons en France et en Allemagne fédérale.

En fait, selon les experts, la langueur de l'économie mondiale provient essentiellement de la permanence des déséquilibres et de l'insuffisante concertation internationale pour tenter de les résoudre.

Cette situation crée une instabilité croissante sur les marchés des changes et boursiers, le secteur privé devenant de moins en moins confiant. L'année 1987 est particulièrement dominée par ces problèmes monétaires et financiers, qui ont provoqué le krach du 19 octobre.

De l'offensive américaine à la concertation internationale

Dès le début de l'année, les États-Unis cherchent à réduire leur déficit commercial. Le président Reagan, qui redoute la menace protectionniste brandie par le Congrès, adopte une politique plus agressive. Elle consiste à ne pas intervenir pour empêcher la baisse du dollar et à multiplier les pressions commerciales auprès de ses partenaires.

Commencée à l'automne 1986, la chute du dollar s'accélère. L'accord de stabilisation nippo-américain du 31 octobre 1986 limite la spéculation sur le yen, mais propulse vers le haut la devise allemande au détriment des autres monnaies du Système monétaire européen. Aussi, un réaménagement au sein de celui-ci devient nécessaire dès le 12 janvier et les monnaies allemande, néerlandaise et belgo-luxembourgeoise sont réévaluées. Pour sa part, le dollar continue de glisser, mais la spéculation se porte cette fois davantage sur le yen.

Dans le même temps, pour protéger leur marché et accroître leurs parts à l'exportation, les États-Unis n'hésitent pas à déclencher une guerre commerciale. Ils menacent leurs partenaires de représailles s'ils n'obtiennent pas de concessions en compensation des préjudices subis (produits agricoles européens) ou s'ils estiment que certaines règles sont transgressées (Airbus européen ; semi-conducteurs japonais). Ce regain de tension, suscitant des solutions plus ou moins tardives, s'accompagne de graves perturbations sur les marchés des changes.

Le recul excessif du dollar finit par perturber toutes les économies. Aussi, les six pays les plus industrialisés se réunissent à Paris le 22 février pour enrayer le mouvement. L'accord du Louvre, symétrique à l'accord du Plaza du 22 septembre 1985, repose sur deux principes d'ailleurs indissociables. Il s'agit d'abord de stabiliser le dollar en maintenant les parités dans des bandes de fluctuation volontairement non précisées, pour éviter toute spéculation, grâce à l'intervention des banques centrales : ces bandes sont évaluées implicitement par les experts entre 1,80 et 1,90 deutsche Mark, entre 1,40 et 1,55 yens et entre 6 et 6,30 francs. Des politiques économiques cohérentes et complémentaires doivent ensuite être entreprises pour rééquilibrer l'économie mondiale : aux États-Unis de réduire leur déficit budgétaire, au Japon et à l'Allemagne fédérale de stimuler leur demande intérieure.

Le dollar se stabilise en partie, du moins jusqu'à l'automne, mais provoque la hausse des taux d'intérêts. En revanche, les politiques économiques restent insuffisamment coordonnées (seulement un plan de relance japonais au printemps) et les déséquilibres subsistent.

La persistance des déséquilibres

Trois grands déséquilibres menacent essentiellement l'économie mondiale : l'endettement du tiers-monde, la divergence entre les soldes commerciaux des pays industrialisés et les déficits interne et externe des États-Unis. L'année 1987 est particulièrement concernée par les deux derniers.