Pierre Thibault

Expositions

Une très passionnante présentation de la naissance de Chicago a marqué le premier anniversaire du musée d'Orsay, qui, en un an, a accueilli quatre millions de visiteurs.

Auparavant, Fragonard nous avait enchantés lors de la belle rétrospective du Grand Palais. Le poète de l'art d'aimer n'était pas qu'un joyeux drille. Le charme de son pinceau, de sa palette sensuelle a séduit tout Paris. La rapidité avec laquelle il a capté des instantanés font de lui un lointain annonciateur de « l'action painting ».

L'art espagnol au Petit Palais, au musée d'Art moderne de la Ville de Paris et à l'ARC a offert un raccourci de quatre siècles de peinture en 150 chefs-d'œuvre avec, comme point commun, le refus de l'académisme.

Au musée du Luxembourg, Pierre Rosenberg, conservateur du département des peintures du Louvre, a sorti de l'ombre un excellent peintre du début du xviiie siècle, Pierre Subleyras, qui par ses peintures religieuses étonnantes, ses harmonies de gris, de roses et de blancs trouve une place parfaitement convenable aux côtés des génies de ce siècle.

L'or et les pharaons ont toujours subjugué les imaginations. L'or de Tanis ne pouvait que fasciner. La capitale des XXIe et XXe dynasties, fouillée dans les années vingt par Pierre Montet, a révélé des trésors d'un raffinement extrême.

Lucio Fontana, le pourfendeur de toiles à coup de cutter, était retenu comme maître de l'élégance au Centre Pompidou, qui a reçu 74 millions de visiteurs pour son dixième anniversaire. Rembrandt, graveur de l'ombre et de la lumière, était mis au jour à la Bibliothèque nationale comme génie malicieux cachant dans des fourrés des amoureux enlacés visibles seulement à la loupe. Enfin, des galeries ont rendu un juste hommage aux deux géants de la peinture disparus cette année : l'abstrait repenti, réinventeur de la nature morte, Jean Hélion, et le surréaliste magique André Masson.

Nicole Duault

Ventes

Les Japonais sont omniprésents dans les salles de ventes de New York, Londres, Paris, et Tokyo bien sûr. Ils s'intéressent aux tableaux impressionnistes, aux verreries Art déco et Art nouveau, aux pierres précieuses... et même aux livres et aux autographes. Les événements les plus retentissants ont été trois super-records successifs sur Van Gogh, à Londres et à New York, et la vente délirante, à Genève, des bijoux de la duchesse de Windsor, qui ont totalisé plus de 300 millions de francs, au profit de l'Institut Pasteur. Parmi les grands moments, notons, en novembre, à Londres, l'adjudication d'une Bugatti royale à 50 millions de francs, et la vente Daum, à Tokyo, sous la direction d'un commissaire-priseur opérant habituellement à l'hôtel Drouot, en duplex avec le public parisien de la tour Eiffel, qui a battu tous les précédents records. Pour le marché français, le moment le plus fort aura été, le 20 novembre, l'ouverture à Paris d'une salle de prestige au théâtre des Champs-Élysées et la collection de tableaux qui l'inaugura, soirée mémorable ponctuée par une dizaine de records. Voici une sélection des meilleures enchères :

Tableaux modernes : le secteur le plus spéculatif. 315 000 000 F pour les Iris et 247 000 000 F pour les Tournesols de Van Gogh (New York, Sotheby's, et Londres, Christie's).

Tableaux anciens : un marché plus difficile et très sélectif. 26 400 000 F pour Télémaque et Eucharis de David (New York, Sotheby's).

Dessins anciens : des records étonnants pour les xvie et xviie siècles. 17 600 000 F pour la Madonna del Popolo de F. Barocci (Londres, Christie's).

Meubles : le beau siège xviiie en vedette. 14 820 000 F pour un cabinet à plaques de porcelaine par Carlin (Londres, Sotheby's).

Art nouveau – Art déco : frénésie des Japonais et boom des verreries de Daum. 4 153 000 F pour une coupe Libellules (Béthune).

Françoise Deflassieux