Ce libéralisme aura pour conséquence une banalisation des radios locales. La loi sur la communication, votée en 1986, règle une situation fort confuse, celle des réseaux qui s'étaient constitués auparavant sans support légal. Cette innovation résulte de la logique économique du marché : économies d'échelle, rationalisation des charges, même programme, ou presque, diffusé simultanément sur l'ensemble du territoire et donc rapprochement vers le marché publicitaire.

La guerre des sondages fait rage entre les principaux réseaux : NRJ, qui rivalise en audience avec RMC ; Chic FM, qui appartient au groupe Hersant ; Hit FM, regroupant UGC et l'agence de publicité RSCC-RFM, qui a repris les stations du réseau CFM après le désengagement d'Europe, Fun, Skyrock, qui fait partie à 50 p. 100 du groupe Filipacchi, et 95,2 qui a vu l'arrivée du Suisse Jean-Claude Nicole. Certains diffusent via le satellite Télécom 1, tandis que d'autres développent des programmes spécifiques à chaque région. Dans le même temps, ces radios, qui se sont stabilisées dans leur progression, auront drainé plus de 500 millions de francs de recettes publicitaires, soit 20 p. 100 des investissements radio. Aussi, les périphériques inquiètes tentent d'occuper le terrain et se précipitent sur la FM.

On est loin du désir d'émergence d'une expression radiophonique locale. D'autant qu'à moyen terme moins de cinq réseaux subsisteront et pas plus de 200 radios locales...

Jacques Vebret

Échecs

1986 est incontestablement l'année des jeunes. Sokolov, Youssoupov, Short, sans oublier Kasparov, dominent leurs aînés. La vieille garde composée de Spasski, Kortchnoi, Portisch, Polougajevski et Tal est reléguée au second plan. Les jeunes grands maîtres, sans complexes, règnent. En janvier, Short donne le ton en gagnant facilement le traditionnel tournoi des Hauts-Fourneaux à Wijk aan Zee. Pendant ce temps, à Minsk, le jeune Sokolov, 22 ans, écrasait par 6 points à 2, en demi-finale du tournoi des candidats, le « vieux » Vaganian (35 ans). Dans l'autre demi-finale, Youssoupov, 25 ans, battait Timman, 34 ans, 6 points à 3.

En février, le Français Gilles Mirallès, 20 ans, se distingue en gagnant le tournoi de Cannes devant Kortchnoi. Mirallès réalise à cette occasion sa première forme de grand maître. Un mois plus tard, à Londres, Flear, 26 ans, l'emporte devant toutes les vieilles gloires, Portisch, Polougajevski, Spasski, Larsen...

Ceskovski créa en avril l'une des plus grosses surprises de l'année en devenant champion d'URSS ; il est vrai que les meilleurs Soviétiques étaient absents. La nouvelle génération, avec Malanjouk et Bareev, pointe son nez aux premières places.

La championne du monde Maia Chibourdanidze réalise un exploit en obtenant le match nul 4 points partout contre le grand maître Popovic, cinquantième joueur mondial. Sa performance passe un peu inaperçue, car, au même moment, à Bâle, Kasparov exécute Miles, 5,5 points à 0,5. Un avertissement pour Karpov avant le championnat du monde. Karpov lui répond en remportant le plus fort tournoi de l'année, Bugojno ; tous les meilleurs sont là, à l'exception du champion du monde et de Kortchnoi. Une petite ombre pourtant au tableau : Karpov perd contre Sokolov lors de leur première confrontation. Les feux de l'actualité sont à la fin juillet braqués sur Londres où les deux K s'affrontent pour la troisième fois en deux ans. Les bookmakers donnent Kasparov favori ; pour eux, le champion du monde conservera son titre sans problème. Le début du match leur donne raison. Lorsque les deux joueurs vont à Leningrad pour la seconde phase du championnat, Kasparov a un point d'avance. Là, le champion du monde se déchaîne et accroît son avance, 2 points, puis 3. Pour tous les spécialistes, tout est fini. Sauf pour Karpov. L'ex-champion du monde réagit vigoureusement et gagne trois parties de suite, revenant à égalité, 9,5 points partout. Le match est relancé et tout peut arriver. La chance sourit à Kasparov, qui, en remportant la vingt-deuxième partie, s'assure un avantage décisif. Deux petites nulles lui permettent de conserver son titre sur le score de 12,5 points à 11,5 face à un Karpov qui est loin d'avoir démérité.