Lancé au mois de mars à l'initiative du président F. Mitterrand et du ministre de la Recherche, Hubert Curien, le projet « Eurêka » relève le défi. Il s'agit de bâtir une Europe de la technologie selon des axes de recherche qui sont pratiquement les mêmes que ceux du projet IDS : la microélectronique, les grands ordinateurs, l'intelligence artificielle, les matériaux nouveaux et la physique des particules.

Six mois après le lancement du projet, Eurêka a recueilli l'accord de principe des partenaires européens. Il est encore loin cependant d'atteindre ses objectifs initiaux. Les dix projets engagés à Hanovre le 5 novembre restent ponctuels, n'associent qu'un nombre restreint de pays européens, et leurs budgets ne dépassent guère 30 millions de dollars. L'impact d'Eurêka est malgré tout incontestable. Tous les pays européens sont désormais conscients que l'union est la seule réponse efficace à l'invasion des produits américains et japonais.

Nicolas Witkowski

L'isolation sensorielle

Déjà expérimenté à partir de 1953 aux États-Unis par le neurophysiologiste John Lilly, le caisson d'isolation sensorielle s'apparente à une baignoire à couvercle, remplie largement d'eau tiède saturée de chlorure de magnésium. Le patient flotte dans l'obscurité et dans un silence presque total Un séjour d'une petite heure dans cette ambiance le transporte dans un état spécial qui n'est ni la sieste, ni la relaxation classique, ni le sommeil Les promoteurs vantent l'effet de fausse apesanteur procurée par la forte densité de la solution de sel et le bien-être assuré par l'élément aquatique. L'isolement sensoriel véritable, très poussé, est, au contraire, accusé de désorienter la pensée et de mener éventuellement à l'hallucination. Les caissons n'en sont pas là, mais certains sujets n'y trouvent pas tous les bienfaits espérés.

Architecture

Le mot crise qualifie encore cette année l'architecture, et la nouvelle baisse (– 2,5 %) de la production du secteur économique de la construction de la CEE est là pour en témoigner. La diminution des opérations qui en découle a pour corollaire positif un approfondissement du discours architectural qui aboutit à une amélioration de l'habitat et du cadre de vie ; le projet d'Édith Girard du quai de la Loire à Paris illustre bien cette évolution. En 1985, le président Mitterrand a réaffirmé sa volonté de laisser dans l'espace urbain parisien l'empreinte de son septennat. La simulation de la pyramide du Grand Louvre de Ieoh Ming Pei et l'approbation tacite donnée à ce projet par le maire de Paris ont contribué à désamorcer une polémique non sans arrière-fond politique. Ont été inaugurés : la Géode de la Villette d'Adrien Fainsilber et le musée Picasso de Roland Simounet. Tandis que l'opération « Banlieue 89 » de Roland Castro suivait son cours, Paul Chemetov a réalisé aux Halles une piscine d'une grande valeur architectonique. Enfin, cette année aura été celle des récompenses pour Michel Andrault et Pierre Parat (grande médaille d'or de l'Académie d'architecture) et pour Edmond Lay (grand prix national d'Architecture).

Sur le plan international, citons le Centre Schlumberger de Cambridge, œuvre High-Tech de l'architecte britannique Michael Hopkins, le laboratoire de recherche appliquée de Princeton (États-Unis), de Richard Rogers, et, dans un genre très différent, le musée Romain de Mérida (Espagne), de Rafael Moneo. La biennale de Paris nous a révélé, entre autres, l'étonnant et imposant Centre de l'État de l'Illinois à Chicago, œuvre de Helmut Jahn. O.M. Ungers, un des chefs de file de la Nouvelle Abstraction, a concrétisé ses dernières recherches dans son projet de Tour de bureaux de la Foire de Francfort et l'équipe d'Arquitectonica, connue en France pour ses grands immeubles de luxe du front de mer de Miami, a expérimenté, à Houston, ses idées sur des projets de logements d'échelle plus réduite qui ne sont pas sans évoquer le mouvement De Stilj.

Jacques Florent

Archéologie

L'archéologie continue de se diversifier, de se multiplier. Les chantiers sont innombrables dans le monde et les techniques se raffinent. Les problèmes sont en nombre croissant. Ainsi, les sites les plus célèbres doivent être protégés contre une dégradation lente ou rapide : marbres qui s'altèrent, édifices de terre crue qui s'érodent. À l'Acropole d'Athènes, les monuments ne sont plus seuls concernés : la consolidation des rochers, trop fissurés, doit être prise en compte. En Égypte se produit un phénomène déjà observé ailleurs (notamment à Mohenjo-Daro) : l'élévation de la nappe phréatique, qui est ici causée par la pression de l'eau retenue par le barrage d'Assouan. Elle provoque des remontées salines dans le sol et dans les murs antiques : ainsi s'effritent depuis peu les pierres des grands monuments de Louxor et de Karnak. Aucune solution radicale n'est en vue. Au Yémen, la fascinante vieille ville de Sanaa est menacée d'effondrement : l'eau, aujourd'hui disponible en abondance, se répand dans le sol et le déstabilise. Les inondations sont de plus en plus fréquentes.