En matière de lutte contre le cancer, de nouveaux points ont été marqués. On a, notamment, relevé les résultats prometteurs obtenus grâce à la chimiothérapie « première », c'est-à-dire appliquée dès le diagnostic, avant toute autre thérapeutique : en réduisant le volume des tumeurs, elle facilite les interventions chirurgicales sur des patients jugés auparavant inopérables.

Mais, pour le grand public, le dossier médical le plus brûlant de l'année aura été, de loin, celui du Sida (Syndrome Immuno-Déficitaire Acquis). Avec quelque 15 000 cas signalés dans le monde, cette affection reste pourtant très marginale en regard du cancer ou de certaines parasitoses comme la bilharziose ou le paludisme. S'il existe à présent une véritable psychose du Sida, les médias en portent largement la responsabilité. Il n'en demeure pas moins vrai que le Sida est, pour l'instant, une mystérieuse affection virale qui échappe à la thérapeutique. À ce titre, il constitue peut-être la meilleure illustration des défis qu'il appartient aujourd'hui à la science de relever.

Philippe de la Cotardière

Médecine

Prix Nobel 1985

On sait depuis quelques années que le cholestérol circule dans le sang sous forme de lipoprotéines de faible densité, ou LDL (de l'anglais Low Density Lipoproteins), qui forment les plaques d'athérosclérose et de lipoprotéines lourdes, ou HDL (High Density Lipoproteins), qui ne semblent pas avoir d'effet athérogène et auraient même un pouvoir protecteur. M. Brown et J. Goldstein ont mis en évidence le rôle des récepteurs du cholestérol à la surface des cellules. Ils ont montré que les récepteurs de la membrane cellulaire retirent du sang les particules de LDL, le cholestérol ainsi soustrait étant libéré dans la cellule et utilisé pour les besoins de celle-ci. Les récepteurs de LDL existent sur toutes les cellules, mais surtout au niveau du foie. La vitesse d'évacuation de cholestérol du sang dépend du nombre total des récepteurs de LDL sur les cellules de l'organisme. Lorsqu'un sujet possède peu de récepteurs de LDL, le cholestérol ne peut être retiré du sang, sa concentration augmente dans la circulation sanguine et il s'accumule sur les parois artérielles en formant des plaques d'athérosclérose, qui sont à l'origine des accidents vasculaires coronariens (infarctus du myocarde) et cérébraux. L'action des récepteurs de LDL explique pourquoi, à régime alimentaire identique en graisses, certains individus ont des artères souples et un taux de cholestérol sanguin bas, alors que d'autres ont des lésions d'athérosclérose et une hypercholestérolémie. Elle permet aussi de mieux comprendre une maladie héréditaire, l'hypercholestérolémie familiale, caractérisée par un taux constitutionnel de cholestérol supérieur de 3 ou 4 fois à la normale ; les sujets sont génétiquement incapables de fabriquer des récepteurs de LDL à la surface de leurs cellules (ce sont les homozygotes) ou en fabriquent un nombre insuffisant (ce sont les hétérozygotes) et sont exposés, de ce fait, à des accidents cardio-vasculaires graves plus ou moins précoces.

Dr Georges de Corganoff

Chimie ou géométrie ?

L'image du chimiste en blouse blanche dans un laboratoire encombré d'éprouvettes appartient désormais au passé. Une autre chimie est née, qui fait largement appel à l'informatique. Il ne s'agit plus tant d'étudier les propriétés des éléments chimiques que d'inventer de nouvelles substances.

En jouant à l'architecte suprême devant un écran d'ordinateur, le « nouveau chimiste » parvient à créer des molécules qui n'existent pas dans la nature et à choisir leurs propriétés. Car la géométrie des molécules détermine la façon dont elles s'assemblent, c'est-à-dire les réactions chimiques ou biologiques auxquelles elles participent.

Jean-Marie Lehn, professeur au Collège de France, a ouvert la voie en fabriquant – sur ordinateur – un nouveau type de molécules, les « cryptâtes ». Grâce à leur forme enveloppante, ils peuvent piéger, comme dans une cage, de gros atomes métalliques. Obtenus par synthèse, les cryptâtes ont déjà fait leurs preuves : ils piègent les métaux toxiques et dissolvent des corps... jusque-là considérés comme insolubles.