1985, l'année des Espions

Chaque mois de 1985 apporte son lot d'informations sur les activités d'agents des services secrets.

Les pays concernés, ceux qui ont été victimes de l'espionnage et ceux pour le compte de qui les espions ont opéré, sont très divers. Beaucoup d'affaires se rattachent au conflit Est-Ouest : espionnage en Grande-Bretagne, en RFA ou aux États-Unis, au profit de l'URSS et de ses satellites. D'autres ne s'y rattachent pas, comme celles qui éclatent en Inde ou en Nouvelle-Zélande. L'activité des services de renseignement se manifeste dans des formes variées : diplomates-espions, trahison de nationaux ; espionnage politique, militaire ou technologique ; opérations de sabotage ; meurtres politiques. L'année 1985 offre un panorama apparemment complet du savoir-faire des hommes de l'ombre.

L'espionnage aux quatre coins du monde

Secrets en vente à New Delhi

Le 21 janvier, une importante affaire d'espionnage est découverte dans l'entourage du Premier ministre, Rajiv Gandhi. Une vingtaine de hauts fonctionnaires indiens sont impliqués ainsi que des hommes d'affaires, l'un d'entre eux, Coomer Narain, apparaissant comme la cheville ouvrière du réseau.

La presse indienne accuse la France. Le lieutenant-colonel de l'armée de l'air Alain Bolley, attaché militaire adjoint, est rappelé à Paris.

Les relations franco-indiennes ne souffrent pas trop des succès du colonel Bolley. Rajiv Gandhi cherche à minimiser l'affaire et déclare que les secrets violés étaient pour la plupart industriels et que la capacité de défense du pays n'est pas atteinte.

Oslo : un porte-parole très bavard

Le 26 février s'ouvre à Oslo le procès d'Arne Treholt, arrêté le 20 janvier 1984 alors qu'il partait rencontrer un général du KGB à Vienne. Ce diplomate est accusé d'avoir été recruté dès 1966 par le KGB à la suite de sa participation à une soirée licencieuse à Moscou. Il aurait travaillé régulièrement pour l'URSS depuis 1975. La cour d'appel d'Oslo le condamne, le 20 juin, à 20 ans de prison pour trahison au profit de l'URSS et de l'Iraq.

Comme conseiller de la mission permanente norvégienne à l'ONU et surtout comme chef du service de presse du ministère des Affaires étrangères, il avait accès à des informations hautement confidentielles. Il aurait ainsi donné aux Soviétiques les comptes rendus de réunions de l'OTAN. Les fuites auraient concerné la défense de l'OTAN sur le flanc nord, la défense de l'Islande, les recherches pétrolières en mer du Nord, le conflit Iran-Iraq.

La RFA minée par l'espionnage

Le 19 avril paraît la première information sur une affaire d'espionnage en RFA. Il ne s'agit que du jugement d'un tribunal. Le capitaine de corvette de réserve Wilheim Reichenburg, conseiller militaire de l'Union chrétienne sociale (CSU bavaroise), est condamné à 6 ans de prison pour espionnage. Il aurait fourni pendant 14 ans des informations à la RDA. C'est un prologue.

Le 13 juin, échange d'espions sur le pont de Glienicke, à Berlin, devenu le « pont des espions » depuis l'échange célèbre en 1962 de Gary Powers, pilote américain d'un avion U2 abattu et de l'agent soviétique Rudolf Abel. Vingt-cinq Occidentaux sont échangés contre un Polonais, un Bulgare et deux Allemands de l'Est.

Le 8 août surgit une affaire tout à fait nouvelle, qui ouvre un été chaud de l'espionnage en RFA. Sonia Lüneburg, secrétaire particulière depuis 12 ans de Martin Bangemann, ministre fédéral de l'Économie et président du parti libéral, « disparaît ». Elle est presque aussitôt soupçonnée d'espionnage. Il apparaît que son identité était usurpée. Il y aurait eu substitution peu après la guerre à l'occasion d'un voyage en France de la vraie Sonia Lüneburg.

Le 20 août, Use Ursula Richter, émigrée de RDA en 1964, employée à la comptabilité de la Fédération des réfugiés (des anciens territoires allemands en Europe orientale) disparaît. On retrouve à son domicile des bagages à compartiment secret. À la même date, le parquet fédéral inculpe d'espionnage au profit de l'URSS Manfred Rotsch, ancien chef des programmes de la première firme aéronautique allemande, Messerschmitt-Boelkow-Bloehm (MBB), qui a notamment construit l'avion de combat Tornado.