Rapports Est-Ouest : dans le contexte renouvelé de 1985 – changement de dirigeant à la tête de l'URSS, reprise du dialogue soviéto-américain sur les armements nucléaires et l'espace –, la France a dû rappeler ses vues (réduction des forces au plus bas niveau) et ses intérêts.

Le chef de l'État a refusé de participer aux projets américains de défense spatiale, l'Initiative de défense stratégique (IDS).

En accueillant M. Gorbatchev à Paris du 2 au 5 octobre (première visite du numéro un soviétique à l'étranger), la France a réaffirmé sa volonté de dialogue avec l'URSS : un accord de coopération économique, reprenant les résultats de la grande commission franco-soviétique d'avril, et une convention fiscale de non double-imposition ont été conclus. Mais M. Mitterrand a refusé la proposition de négociations directes avec l'URSS sur la réduction des armements.

Relance de l'Europe : face au défi américain de l'IDS, la France veut convaincre les partenaires européens de promouvoir une coopération technologique et spatiale en Europe : elle a donc proposé le 17 avril le projet Eurêka, ensemble de programmes civils dans les secteurs de pointe.

Dialogue Nord-Sud : la France a mis en œuvre une politique ambitieuse de relèvement de la part de PNB consacrée à l'aide publique au développement (0,55 % en 1985, dont 0,15 % aux pays les moins avancés contre 0,33 % en 1977) qui la place au premier rang des grands pays industrialisés.

Enfin, sur le plan politique, la France a manifesté son opposition au régime d'apartheid en préconisant des sanctions économiques volontaires contre le régime de Pretoria.

Pascale Chelin

France : défense

Le budget de la défense demeure une priorité gouvernementale : en augmentation de 5,7 % par rapport au budget 84, le budget 85 (150,2 milliards de francs ; 15 % des dépenses de l'État) permet de poursuivre la mise en œuvre des orientations de la loi de programmation militaire 1984-1988.

Modernisation : les dépenses d'équipement représentent 47,7 % du budget (+ 7,7 %). Un effort important a de plus été consenti en faveur de la recherche, dont les crédits progressent de 15 % (18 milliards).

Renforcement des forces nucléaires stratégiques et préstratégiques afin d'assurer la crédibilité de notre dissuasion : les crédits consacrés (1/3 des crédits d'équipement) ont permis de moderniser notre force stratégique (l'entrée en service en avril 1985 du 6e sous-marin nucléaire, l'Inflexible, double la puissance de feu des SNLE, sous-marins nucléaires lanceurs d'engins).

La politique de défense de la France s'oriente autour des trois axes suivants.

– Désarmement : pendant la session de 1985 de la conférence du désarmement à Genève, la France a mis l'accent sur l'interdiction de l'utilisation des armes chimiques et la destruction des stocks.

– Maintien de la politique de dissuasion nucléaire : la France considère que les armes nucléaires constituent pour longtemps encore le fondement de sa sécurité. Elle s'est donc opposée à la proposition américaine d'Initiative de défense stratégique (IDS).

– Solidarité européenne : la France est consciente de la nécessité de renforcer le rôle de l'Europe en matière de sécurité et de défense, sans remettre en cause les missions de l'Alliance atlantique. Elle s'est donc prononcée en faveur de la relance de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), seule organisation européenne qui a compétence sur les questions de défense. Les 22 et 23 avril 1985, à Bonn, les ministres des Affaires étrangères des Sept ont décidé la mise en place de trois nouvelles agences : contrôle des armements, sécurité et défense, coopération en matière d'armement.

Pascale Chelin

Europe occidentale

Les désaccords entre les États de l'Europe occidentale se sont manifestés une fois de plus. Ils ont été particulièrement sensibles lors de la 11e conférence des pays industrialisés (Bonn, 2 mai), quand la France, par la voix de F. Mitterrand, a refusé de participer à l'IDS, contrairement à la RFA et lorsqu'en août, le projet de construction d'un avion de combat européen a opposé, à Turin, la France d'une part, la RFA, la Grande-Bretagne et l'Italie, d'autre part. Ces divergences ont été compensées ou aplanies par les rencontres régulières du président F. Mitterrand et du chancelier allemand H. Kohl, par les entretiens bilatéraux France-Espagne, à l'occasion du voyage de Juan Carlos à Paris, France-Grande-Bretagne (10e sommet), France-Italie (6e sommet), RFA-Grande-Bretagne (voyage du chancelier Kohl à Londres le 18 mai).