Panorama

Introduction

La culture ne semble plus être le parent pauvre de la France ! Le budget qui lui est consacré ne cesse de croître. Quant aux initiatives, elles se multiplient tant dans le sens d'une décentralisation que dans celui de la création de nouveaux locaux ou encore de l'élargissement de secteurs d'activités artistiques. Au cours de l'année 1985, la politique du ministre de la Culture, Jack Lang, a eu pour effet, notamment, d'accentuer les efforts déjà entrepris dans nombre de domaines. Ainsi, les Archives nationales se sont vu allouer des bâtiments spécialement aménagés pour constituer des banques de données modernes, grâce à l'intervention des microfilms et des méthodes de traitement informatique comme moyen de mémorisation. L'ouverture du musée Picasso, l'achèvement et l'installation d'un musée des Arts de la mode ou la rénovation du Centre Georges-Pompidou ne constituent qu'un aperçu des efforts réalisés dans le secteur des musées.

La politique culturelle de la France, au cours de l'année 1985, n'a rien de statique. Elle s'inscrit dans la mouvance, même si les initiatives qui sont les siennes déroutent parfois une certaine fraction de l'opinion, ainsi le Conservatoire de la Villette ou la construction de l'Opéra de la Bastille. Dans toutes les disciplines, on assiste à une promotion de l'incitation à la créativité. L'aide à la création, l'amélioration du statut social des artistes ou les nouvelles techniques de formation constituent l'un des aspects du souci d'intégrer l'art et la culture dans toutes les strates de la société. Le théâtre, le cinéma, les arts plastiques, la musique, la littérature, l'édition, la photographie, la danse et même le cirque semblent avoir tiré le meilleur parti de cette politique culturelle.

L'audiovisuel est le véhicule le plus approprié pour faire circuler la culture. À cet effet, l'année 1985 a vu naître une initiative tout à fait inattendue de la part du gouvernement en place : la privatisation de chaînes de télévision. Loin de recueillir tous les suffrages, ce projet, nouvellement reconsidéré par les socialistes qui le repoussaient ardemment, constitue un progrès s'il n'exclut pas de ses programmes les créations d'origine française. En effet, le danger serait de voir se multiplier de mauvaises séries américaines ou italiennes hachées par de la publicité. Si, pour des raisons inhérentes au financement de certaines productions, ces chaînes privées imposent des participations publicitaires, la formule peut très bien ne pas exclure la qualité des programmes. Pour certains, il y a une incompatibilité entre la culture et les stratégies commerciales. Curieusement, ce sont souvent les mêmes qui affirment que la publicité appartient en propre à la vie culturelle de notre époque ! Quoi qu'il en soit, il semble évident que tout ce qui va dans le sens de la multiplication de l'information et de la communication s'inscrit dans la géographie de la créativité et du savoir.

La publicité s'impose à nous chaque jour un peu plus, sans distinction de classe socioprofessionnelle, d'âge ou de lieu d'implantation. L'année 1985 nous a montré, par le jeu des sondages, que les Français avaient, dans leur majorité, une bonne opinion de la publicité et qu'ils lui reconnaissaient un effet positif. Adieu les préjugés, les clichés, les stéréotypes encore très tenaces d'il y a seulement quelques années, lesquels associaient cette discipline de l'imagination et de la créativité à de l'intoxication, pour ne pas dire à du bourrage de crâne hautement nocif pour des esprits trop réceptifs ! Aujourd'hui, chacun s'accorde à reconnaître que la publicité joue un rôle de première importance dans la vie économique, politique, sociale et culturelle. Pour créer ou pour maintenir des emplois, il faut fabriquer, pour fabriquer il faut vendre, pour vendre il faut avoir recours à la publicité. Pour cette simple raison, cette mal-aimée, que l'on accusait de bien des maux, a conquis ses lettres de noblesse. Elle appartient à notre code culturel et à notre code des traditions, car tous les jours elle s'impose à nous en même temps qu'elle nous sollicite et qu'elle nous informe. Les Français l'ont parfaitement intégrée non seulement dans leur vie quotidienne, mais encore dans leur système de référence et de pensée. Qu'il s'agisse d'un homme politique, d'un livre, d'une automobile ou d'une campagne en faveur de la sécurité routière, ils ont appris à décoder les messages au premier et parfois même au second degré. La publicité, c'est l'art de la communication, de l'information, de l'imagination et non plus, comme on le pensait trop souvent autrefois, celui du mensonge. L'année 1985 fut fertile en innovations publicitaires, que ce soit le salon du Marketing Direct, la spectaculaire campagne en faveur de la natalité ou le mariage de Mourousi. En fait, tout événement, s'il n'est pas issu d'une action publicitaire, devient assurément le prétexte à une publicité. Ainsi, lorsque le président de la République François Mitterrand prit en photo les coureurs du Tour de France, il fut lui-même photographié. Les clichés publiés dans la presse montrèrent que le numéro 1 du pays utilisait un Pantax. Ce fut, bien entendu, une aubaine pour l'agence de publicité du fabricant de cet appareil !