Au niveau européen, les Français ont ainsi laissé la place aux Britanniques, qui sont revenus en force, et aux Italiens.

L'anarchie continue à l'échelon mondial, où la WBA et le WBC font toujours bande à part. On recense donc 28 champions du monde différents pour 15 catégories, le WBC faisant de surcroît désormais disputer ses combats en 12 reprises et la WBA en 15. Ce qui a motivé précisément la destitution de Marvin Hagler par le WBC. Bien qu'admis unanimement comme le meilleur boxeur actuellement en activité (il a écarté, en mars, l'Argentin Roldan en 10 rounds puis, en octobre, l'Américain Hamsho par KO au troisième), « Marvelous » Marvin Hagler a préféré continuer à se conformer aux règles de la WBA, s'attirant les foudres ridicules de l'autre organisme.

Jean-Michel Rouet

Cyclisme

Un super Fignon

Le retour de Bernard Hinault dans le cercle restreint des favoris et le titre de champion de France conquis quelques jours plus tôt par Laurent Fignon donnent à ce 71e Tour de France des allures de duel franco-français. Déjà vainqueur de l'épreuve à quatre reprises (1978, 79, 81, 82), le Breton, qui a changé d'équipe et qu'une blessure au genou avait tenu écarté de la Grande Boucle la saison précédente, se présente en challenger du Parisien. Ce dernier a manqué d'un rien la victoire au Tour d'Italie et ne cache pas son ambition de confirmer son premier succès dans le Tour l'année dernière.

Dès le prologue, disputé en Seine-St-Denis, le ton est d'ailleurs donné, puisque Hinault l'emporte devant Fignon. Mais les quatre étapes suivantes voient les leaders défiler, par le jeu des bonifications Peeters, le Belge, Hanegraaf et Van der Poel, les Néerlandais, se succèdent ainsi au commandement, avant que le Tour ne connaisse son premier grand tournant, le 3 juillet, sur la route de Cergy-Pontoise. Ce jour-là, en effet, trois coureurs, le Portugais Paulo Ferreira, et les Français Le Guilloux et Barteau prennent près de 18 minutes au peloton et c'est le jeune (22 ans) Normand Vincent Barteau qui endosse le maillot jaune.

Il va le conserver durant douze jours, et devenir à la fois la révélation et la coqueluche du public français. Au sein d'une équipe Renault très en verve, qui remportera au total 10 étapes, Barteau conduit en effet magistralement la course jusqu'aux Pyrénées, où Fignon, après avoir dominé une première fois Hinault dans le contre-la-montre du Mans, lui prend encore du terrain. Au pied des Alpes, 2′ 13″ séparent les deux protagonistes, toujours devancés par Barteau. C'est alors que Bernard Hinault va livrer une succession de barouds qui vont lui valoir la considération générale, mais ne lui permettront pas d'ébranler un Laurent Fignon véritablement impérial.

Fignon commence par s'imposer une nouvelle fois dans le contre-la-montre en altitude de La Ruchère. Puis il succède à son coéquipier Barteau le lendemain à l'Alpe-d'Huez, en terminant deuxième derrière le Colombien Herrera, dont la victoire constitue une première pour le cyclisme de son pays. Fignon gagne encore le lendemain à La Plagne et, trois jours plus tard, à Crans-Montana ! Sa course est époustouflante et tourne à la démonstration. Insatiable, le Parisien s'imposera une dernière fois dans le contre-la-montre de Villefranche-en-Beaujolais. À Paris, il distance de plus de 10 minutes un Hinault valeureux qui s'incline en reconnaissant la supériorité de son jeune rival.

L'affrontement entre les deux champions — l'ancien et le nouveau — a donné à la course un intérêt permanent et lui a valu un énorme succès populaire.

Quant à Fignon, il a démontré deux choses. La première, et il y tenait : que sa victoire de l'année précédente n'était pas seulement due à la malchance de Pascal Simon. La seconde, et la plus importante : qu'il s'installe désormais parmi les très grands du cyclisme contemporain. Certaines comparaisons avec Merckx fleurissaient même déjà, à l'arrivée à Paris...

Jean-Marie Leblanc

Classement général final : 1. Fignon (F), en 112 h 03′ 40″ ; 2. Hinault (F), à 10′ 32″ ; 3. Lemond (USA), à 11′ 46″ ; 4. Millar (GB), à 14′ 42″ ; 5. Kelly (IRL), à 16′ 35″ ; 6. Arroyo (E), à 19′ 22″ ; 7. P. Simon (F), à 21′ 17″ ; 8. Munoz (E), à 26′ 17″ ; 9. Criquiélion (B), à 29′ 12″ ; 10. Anderson (AUS), à 29′ 16″.
Classement par points : 1. Hoste (B), 322 pts ; 2. Kelly (IRL), 318 pts ; 3. Vanderaerden (B), 247 pts.
Classement du meilleur grimpeur : 1. Millar (GB), 284 pts ; 2. Fignon (F), 212 pts ; 3. Arroyo (E), 140 pts.
Classement par équipes : 1. Renault-Elf, en 336 h 31′ 16″ ; 2. Skil-S Reydel-Sem-Mavic, à 46′ 44″ ; 3. Reynolds, à 57′ 58″.

L'effet Moser

Quatre hommes ont dominé la saison professionnelle 1984, qu'il est difficile de départager à l'heure des bilans. Les 19 et 23 janvier, Francesco Moser remporte les deux records du monde de l'heure consécutifs : 50,809 km, puis 51,151 km. Appuyé par une logistique technique et médicale d'avant-garde, l'Italien a véritablement démythifié ce prestigieux record que détenait Eddy Merckx (49,432 km) depuis 1972. Sur sa lancée, Moser s'adjuge ensuite Milan-San Remo et le Tour d'Italie. Sur la route et sur l'ensemble de 1984, c'est l'Irlandais Sean Kelly qui se révèle le plus brillant et le plus constant, avec trois classiques à son tableau de chasse (Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège, Blois-Chaville) et quantité d'autres épreuves. Cette moisson lui vaut de remporter le trophée Super Prestige, officieux championnat du monde par points, et d'être le numéro 1 au classement Vélo des professionnels.