Cette amélioration sans précédent — le record n'avait été amélioré que de 13 cm entre 1976 et 1983, passant de 5,70 m à 5,83 m — est due en grande partie aux qualités physiques de Bubka, le plus rapide des perchistes. On le dit capable de courir le 100 m en 10″ 3/10 : cette vitesse lui permet de prendre un levier plus long que ses concurrents, de l'ordre de 5,10 m à 5,15 m — le levier étant constitué par la position des mains sur la perche —, qu'il peut relever sans difficulté en raison de sa puissance.

Hors JO

En dépit de deux défaites face à son rival national Volkov, Bubka connaît une saison de réussites exceptionnelles ; mais il ne participe ni aux championnats d'Europe en salle, enlevés par Vigneron, avec 5,85 m, ni aux jeux Olympiques, remportés par Quinon avec 5,75 m. Ce dernier n'a pas rencontré le Soviétique en 1984.

Mais cette réserve ne suffit pas pour mettre en doute la supériorité de Bubka.

Robert Parienté

Automobile

Deux McLaren et les autres

Cinq noms suffisent pour résumer la saison de Formule 1 : Lauda, Prost, McLaren, TAG-Porsche et Michelin. Ces deux pilotes et leurs machines ont gagné douze des seize courses, un record historique qui n'est pas près d'être battu. Dans cette véritable avalanche de victoires, Ferrari et Williams-Honda ont pu s'imposer une fois et Brabham-BMW deux.

Cette époustouflante domination est due à la parfaite synthèse des éléments essentiels : un châssis extrêmement efficace, dessiné par John Barnard, utilisant à merveille les pneus Michelin ; un moteur commandité par la multinationale saoudienne TAG et réalisé par Porsche, d'une puissance gardée secrète, d'une fiabilité exemplaire et d'une gourmandise en carburant très raisonnable ; enfin, deux des meilleurs pilotes (et metteurs au point) du monde, un budget conséquent, et la boucle est bouclée.

Renault

D'entrée, les électroniciens allemands ont maîtrisé les nouvelles restrictions en carburant (220 1 maxi), ce qui a été loin d'être le cas pour tout le monde. Le seul pilote qui se soit montré régulier derrière les deux intouchables McLaren, est l'Italien Elio de Angelis et sa Lotus, qui, par sa constance, sauve l'honneur des moteurs Renault. Cette firme a eu un grave passage à vide cette saison. Ferrari, Brabham ne se sont pas montrées sous un jour aussi favorable qu'en 1983 mais parviennent, malgré tout, à gagner, comme Honda, qui, pourtant, a connu des débuts difficiles.

L'écrasante domination des McLaren relègue les autres aux rôles de figurants, et la fin de saison donne lieu à un duel pathétique entre Niki Lauda et Alain Prost. Le Français, bien qu'égalant le record de Jim Clark (sept victoires dans une même saison) doit, pour un demi-point, laisser le titre, son troisième, à son équipier autrichien.

Francis Monsenergue

Niki Lauda entre dans la légende

Au sommet de sa notoriété, la Formule 1 ne pouvait s'offrir un champion du monde plus symbolique que Niki Lauda. Depuis son premier titre mondial, il y a neuf ans, l'Autrichien a acquis une dimension quasiment mythique qui l'élève au niveau des plus grands champions.

Remarqué par Enzo Ferrari, il entre dans la célèbre écurie italienne en 1974. Un an plus tard, il est champion du monde. Ce jeune Viennois, né le 22 février 1949, donne une nouvelle dimension à Ferrari, prêt en 1976 à conquérir un autre titre. Cela commence plutôt bien : cinq victoires en neuf courses. Et puis le drame du Nürburgring, la lutte contre la mort et des brûlures qui laisseront des séquelles ineffaçables.

Lauda surmonte tout et pilote cinq semaines plus tard à Monza : fantastique ! La pluie le fait renoncer dans le dernier Grand Prix de l'année au Japon, il laisse le titre, pour un point, à James Hunt.

En 1977, Lauda a presque tout oublié et redevient champion du monde. Malheureusement, l'entente avec Ferrari est du passé, et Lauda part chez Brabham. Deux ans plus tard, surprise, entre deux séances d'essais au Canada, Lauda s'en va brusquement : la course automobile ne l'intéresse plus... On n'entend plus parler de l'Autrichien, occupé à gérer la compagnie aérienne qu'il a créée : Lauda Air.