Cette politique volontariste de soutien public à l'innovation doit, pour porter ses fruits, trouver un prolongement dans les entreprises, notamment dans les petites et moyennes entreprises, davantage portées à faire preuve d'imagination. Pour les y encourager, le ministère de l'Industrie et de la Recherche a créé un Fonds industriel de modernisation, géré par l'ANVAR. Devenu opérationnel le 1er septembre, cet organisme consent aux PME des prêts participatifs au taux d'intérêt des caisses d'épargne.

Face au double défi lancé d'un côté par la « nouvelle révolution industrielle », de l'autre, par la compétition avec les géants américains et japonais, la réponse ne saurait s'enfermer dans les limites de l'Hexagone : c'est l'avenir de toute l'Europe qui est en jeu. Le 5 juillet, la CEE a créé à Bruxelles un Comité de développement européen de la science et de la technologie (CODEST), chargé de regrouper les programmes nationaux de recherche afin d'éviter le gaspillage des ressources humaines et financières. Les domaines dans lesquels il interviendra en premier lieu sont : la pharmacologie, la physique des solides, l'optique, la combustion, la photométrie-photoacoustique, la climatologie, les phénomènes d'interface.

Cette volonté de coopération européenne s'est également manifestée en biotechnologie, à l'occasion du colloque international organisé au début de septembre à l'Institut Pasteur.

Un réseau international des biotechnologies a été mis en place ; animé par la France et la Grande-Bretagne, il a son secrétariat scientifique en France.

Michel Rouzé

Astronautique

Une forte activité

Avec la multiplication de toutes sortes de satellites, l'espace promettait aux compagnies d'assurance des affaires en or. D'une part, les engins assurés — lanceurs et satellites — sont extrêmement coûteux ; d'autre part, les pourcentages qui servent généralement de base au calcul des primes sont exceptionnellement élevés.

Hélas ! dans le grand-livre des assureurs, le compte « espace » est en rouge. En cinq ans, de 1977 à 1982, ces compagnies ont dû verser quelque 5 millions de dollars pour des sinistres mineurs et 218 millions pour la perte de cinq satellites (3 lancés par la fusée Delta américaine, un par la N1 japonaise et un par le lanceur européen Ariane), alors que le montant des primes encaissées n'était que de l'ordre de 200 millions de dollars.

Pourtant, le taux des sinistres, soit 8 % des engins assurés, n'a pas été excessif : les statistiques montrent que les satellisations faites avec des lanceurs américains bien rodés se sont soldées au cours des dix dernières années par un taux d'échecs proche de 7 %. Toujours est-il que les primes vont augmenter. La charge utile lancée par Ariane en juin a payé une prime de 10 %, alors que, lors des tirs précédents, elle n'atteignait pas 9 %. Celle de la navette spatiale est de l'ordre de 6 à 7 % et paraît chère encore si l'on considère que le véhicule est un engin aérospatial piloté, et donc plus sûr qu'une fusée.

États-Unis régime de croisière pour la navette spatiale

Légère accélération de l'activité spatiale chez les Américains en ce qui concerne le programme STS (Space Transport System), autrement dit la navette spatiale : deux vols en 1981, trois en 1982 et quatre en 1983. Au cours de cette dernière année, pas moins de 20 Américains auront pris le chemin de l'espace, l'astronaute le plus âgé, la première Américaine satellisée (mais les Soviétiques, dans ce domaine, mènent 2 à 1...), le premier Noir des États-Unis (l'URSS avait déjà satellisé le Cubain Tamayo) et le premier Européen admis dans un vol de la NASA. Ainsi était abandonnée la doctrine de Christofer Kraft, l'homme qui pendant son long règne au Centre des vols habités de Houston avait décidé, au nom de l'efficacité, qu'il n'y aurait parmi ses équipages ni femme, ni Noir, ni Européen...

Mission STS 6 (4 au 9 avril)

Premier vol du deuxième appareil du programme STS, la navette Challenger, commandée par un vétéran, Paul J. Weitz (mission Skylab, 1973), maintenant âgé de 50 ans. Événement majeur : le lâcher dans l'espace du satellite de télécommunications TDRS 1 (2 300 kg) et de son lanceur IUS (qui doit le transférer de l'orbite basse à celle des satellites géostationnaires). Par suite d'une défaillance de l'IUS, le satellite est mis sur une orbite 22 200/31 500 km au lieu de l'orbite de 36 000 km des satellites géostationnaires. Les techniciens de la NASA réussissent alors un exploit remarquable : en consommant une partie des réserves de propergol dont dispose tout satellite géostationnaire pour corriger de temps à autre sa dérive, en opérant par petits à-coups, à l'économie, ils arrivent à le placer sur son orbite au terme de plus de deux mois d'efforts.

Mission STS 7 (18 au 24 juin)

Cette fois, Challenger emporte cinq astronautes dont le commandant de bord Robert L. Crippe et Sally K. Ride, première femme américaine dans l'espace et qui, à 32 ans, est aussi l'astronaute le plus jeune des États-Unis. Grande innovation de cette mission : l'atterrissage de la navette au Cap Canaveral, sur le cosmodrome Kennedy, d'où elle était partie, mais la NASA devra y renoncer en raison des conditions météorologiques. Succès, en revanche, de la mission militaire et du lancement commercial de deux satellites de télécommunications : Annick C-2 (canadien) et Palapa B-1 (indonésien). Un bloc scientifique SPAS, contenant 8 instruments, sera abandonné deux fois dans l'espace, puis récupéré. Cette première spatiale confirme l'aptitude de la navette à saisir un satellite pour, selon le cas, l'inspecter, le réparer, voire en temps de guerre le mettre hors de service ou le ramener au sol.