À Khartoum, à la fin du mois d'octobre, plusieurs arrestations sont opérées ; les autorités sont à la recherche d'agents libyens décidés à renverser le régime Nemeiry.

Le gouvernement est dissous le 9 novembre 1981, et de sévères mesures d'austérité sont annoncées : arrêt immédiat de toutes les subventions destinées aux importations de produits pétroliers, diminution progressive des aides gouvernementales concernant les produits de grande consommation (le sucre, le blé, le thé notamment). La dette extérieure dépasse 5 milliards de dollars, selon le ministre des Finances. Le déficit de la balance des paiements atteint, en juin 1982, près de 600 millions de dollars.

Les étudiants manifestent en novembre 1981 et en janvier 1982 dans les rues de la capitale et se heurtent à la police. À plusieurs reprises, des attentats à l'explosif se produisent à Khartoum. Nemeiry dissout, le 25 janvier, le comité directeur de l'Union socialiste, parti gouvernemental, et limoge le général Abdel Magid Khalil — premier vice-président de la République, ministre de la Défense, commandant en chef de l'armée et numéro deux du régime —, auquel il reproche de ne pas avoir su mater à temps la contestation estudiantine.

Réfugiés

Quelques jours plus tard, une vingtaine d'officiers supérieurs sont mis à la retraite d'office. Mais il faut attendre le 14 avril 1982 pour que soit nommé un nouveau vice-président, le général Mohammed Omar el-Tayeb, jusqu'alors chef des services de sécurité.

Le problème des réfugiés aggrave la situation économique et sert de prétexte aux opposants, qui ne renoncent pas à déstabiliser le régime. Venus d'Érythrée, d'Ouganda et du Tchad, un demi-million de personnes vivent dans des camps et bénéficient d'une aide du HCR de Genève.

La guerre civile du Tchad pèse également sur l'ensemble de la politique extérieure, dans la mesure où les Libyens, dont Nemeiry est la bête noire, prennent prétexte de l'aide diplomatique et militaire accordée par Khartoum à Hissène Habré pour multiplier les pressions sur les Soudanais.

G. Nemeiry, un des rares chefs d'État africains présent au Caire aux obsèques de Sadate en octobre 1981, conclut un accord avec les Égyptiens, car il estime son pays de plus en plus menacé depuis la disparition du raïs. Dans la même optique, Khartoum renforce la coopération militaire avec les États-Unis. Des manœuvres combinées américano-soudanaises ont lieu dans le Nord, en décembre 1980.

Swaziland

Mbabane. 550 000. 32. 2,3 %.
Économie. PIB (77) : 699. Productions (73) : A 32 + I 34 + S 34. P (78) : 151.
Transports. (*78) : 10 900 + 7 900.
Information. (76) : 1 quotidien ; tirage global : 5 000. (76) : *60 000. (75) : 3 700 fauteuils ; fréquentation : 0,1 M. (78) : 10 000.
Santé. (76) : 54.
Éducation. (76). Prim. : 92 721. Sec. et techn. : 18 350. Sup. : 1 150.
Institutions. État indépendant le 6 septembre 1968. Constitution de 1968, abrogée en 1973 et abolie en 1976. Le roi Sobhuza II prend les pleins pouvoirs. Premier ministre : Mabandla N. Fred Dlamini.

Tanzanie

Dodorna. 17 980 000. 19.
Économie. PIB (78) : 263. Productions (78) : A 46 + I 11 + S 43. Énerg. (80) : 55. CE (78) : 11 %. P (78) : 250.
Transports. (77) : 43 600 + 46 400. (78) : 46 pass./km.
Information. (77) : 2 quotidiens ; tirage global : 133 000. (76) : *300 000. (78) : 82 000.
Santé. (77) : *1 000.
Éducation. (76). Prim. : 1 956 320. Sec. et techn. : 67 859. Sup. (75) : 3 064.
Armée.  : 44 850.
Institutions. République proclamée le 29 octobre 1964 (Tanganyika, indépendant le 9 décembre 1961, et Zanzibar, indépendant le 10 décembre 1963). Constitution de 1961, révisée en septembre 1965. Président de la République : Julius K. Nyerere, élu pour un cinquième mandat le 26 octobre 1980 ; premier vice-président : Aboud Jumbe ; second vice-président et Premier ministre : Cleopha David Msuya (7 novembre 1980).

Tchad

N'Djamena. 4 520 000. 4. 2,3 %.
Économie. PIB (76) : 158. Productions (75) : A 41 + I 16 + S 43. Énerg. (80) : 23. CE (76) : 16 %.
Transports. (73) : 5 800 + 6 300.
Information. (76) : 4 quotidiens. (76) : *76 000. (77) : 12 400 fauteuils ; fréquentation : 25,4 M. (77) : 7 000.
Santé. (77) : 100.
Éducation. (76). Prim. : 210 882. Sec. et techn. : 19 580. Sup. (75) : 547.
Armée.  : 3 200.
Institutions. État indépendant le 11 août 1960. République (26 octobre 1958). Constitution de 1964. Chef de l'État : Hissène Habré, président d'un Conseil d'État provisoire, mis en place le 19 juin 1982 ; succède à Goukouni Oueddeï, en fuite, le 7 juin 1982.

Le retour de Hissène Habré

La longue marche de Hissène Habré trouve son épilogue le 7 juin 1982 à l'aube, lorsque ses partisans font leur entrée dans N'Djamena, après une demi-heure de combat. Chassées de la capitale tchadienne dix-huit mois plus tôt (Journal de l'année 1980-81) par une coalition des Forces armées populaires (FAP) de Goukouni Oueddei, président du Gouvernement d'union nationale de transition (GUNT) et des Forces armées du Tchad (FAT) de Abdelkader Kamougue, les Forces armées du Nord (FAN) reviennent en conquérantes. L'irrésistible ascension d'Hissène Habré, fils de pauvres bergers toubous, âgé de 40 ans, surprend tous ceux qui s'obstinaient à ne voir dans l'ancien geôlier des époux Claustre qu'un guérillero sans avenir.

Pugnacité

Par un de ces classiques et ironiques retournements dont l'histoire est riche, c'est le président du GUNT qui, cette fois, un an et demi après son principal adversaire, a été contraint de franchir clandestinement le fleuve Chari, pour trouver refuge en territoire camerounais, où il a obtenu provisoirement l'asile politique, grâce à l'intervention discrète de la France auprès du président Ahidjo. Goukouni Oueddeï gagne ensuite Alger.