Le colonel Kadhafi amorce en même temps une ouverture vers l'Europe en se rendant le 10 mars 1982 en voyage officiel en Autriche, où il tente de « rectifier l'image de la Libye, telle que présentée au monde par la presse sioniste et le président Reagan ». Celui-ci choisit précisément cette occasion pour réduire à néant les rapports économiques avec Tripoli, en décrétant l'arrêt total des achats de pétrole libyen et en imposant l'embargo sur toute exportation de matériel énergétique et technique à destination de la Jamahiriya.

La France quant à elle choisit la voie diplomatique pour arriver à un modus vivendi avec le colonel Kadhafi. Elle livre à la Libye, le 13 mars 1982, la première des dix canonnières rapides lance-missiles commandées par ce pays. Tripoli répond à ce geste en ordonnant le 17 mars la libération des trois membres de la famille Dupont, condamnés fin février à la prison à vie pour « espionnage au profit de l'impérialisme américain et du sionisme ».

Madagascar

Antananarivo. 8 740 000. 15. 2,6 %.
Économie. PIB (78) : 253. Productions (78) : A 39 + I 19 + S 42. Énerg. (80) : 71. CE (78) : 19 %. P (78) : 180.
Transports. (78) : 68 M pass./km, 201 Mt/km. (77) : 57 400 + 52 300. (78) : 191 pass./km.
Information. (77) : 12 quotidiens. (76) : 609 000. (76) : *8 000. (74) : 12 400 fauteuils ; fréquentation : 2,9 M. (77) : 29 000.
Santé. (77) : 784.
Éducation. (75) Prim. : 1 133 013. Sec. et techn. : *132 000. Sup. : 8 385.
Armée.  : 19 550.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République (14 octobre 1958). La nouvelle Constitution, approuvée par référendum le 21 décembre 1975, institue la République démocratique de Madagascar. Président de la République : capitaine de frégate Didier Ratsiraka. Premier ministre : Désiré Rakotoarijaona.

Situation politique et économique précaire

La position du capitaine de frégate Didier Ratsiraka, à la tête de l'État depuis 1975, ne cesse de s'effriter. Pourtant, le président déclare en janvier 1982 qu'il sollicitera un deuxième mandat de sept ans, précisant que c'est faute de crédits disponibles que les élections législatives, prévues pour 1982, ont été reportées d'une année. Simultanément, il annonce un prochain remaniement et admet publiquement qu'il faut « sortir Madagascar de sa crise profonde actuelle ».

La réorganisation du cabinet se traduit essentiellement par l'éviction des quelques personnalités libérales, dont Rarivoson, ministre de l'Économie et du Commerce, et Rakotovao-Razakaboana, ministre des Finances et du Plan, remplacés l'un et l'autre par des zélateurs inconditionnels du socialisme malgache.

L'évolution du régime suscite une vive inquiétude à l'étranger. À plusieurs reprises, des organismes humanitaires, dont la Ligue des droits de l'homme ou Amnesty International, tentent, sans succès, d'intervenir en faveur des détenus politiques. Le gouvernement, sous prétexte d'ingérences extérieures, expulse des avocats étrangers venus assurer la défense d'opposants ou de simples contestataires.

Extrêmement brillante en 1975, l'image du jeune officier de marine promu aux responsabilités suprêmes a perdu tout son éclat. Cette dégradation se manifeste par la persistance d'un climat politique et social très malsain, l'éclosion de désordres et de violences et la découverte de conspirations. Les autorités annoncent, en janvier 1982, pour la quatrième fois depuis l'accession de D. Ratsiraka au pouvoir, la découverte d'un complot.

Une véritable psychose de peur gagne l'île. En divers points du pays, des bandits de grand chemin (dahalo) tiennent tête aux forces de l'ordre et rançonnent les paysans et les voyageurs ; ainsi, dans l'Ouest, trois officiers ont été tués en juillet 1981, au cours d'un raid répressif.

En novembre 1981 et en mars 1982, de graves affrontements ont lieu à Antananarivo, puis dans le nord du pays. En novembre, il faut faire appel à l'armée pour rétablir l'ordre dans le centre de la capitale, livré durant trois jours aux pillards et aux émeutiers. On ignore le nombre exact des victimes de ces journées de violences, dont la cause immédiate est le résultat contesté d'un match de football, précédé de rumeurs fantaisistes sur l'assignation à résidence du Premier ministre.