Journal de l'année Édition 1982 1982Éd. 1982

Dossier : course aux armements

Des dépenses vertigineuses

Notre planète est une gigantesque poudrière. La course effrénée aux armements a représenté en 1981 plus de 670 milliards de dollars de dépenses, soit 1 milliard 800 millions de dollars par jour !

Encore ces chiffres ne donnent-ils qu'une idée partielle de l'énorme arsenal accumulé par certains États. L'Union soviétique et les États-Unis, par exemple, ont consenti en 1981 respectivement 27,53 % et 26,79 % du total des dépenses mondiales d'armement. Cette situation n'est pas nouvelle, l'âpre rivalité pour le leadership mondial de ces deux superpuissances provoque depuis près de quatre décennies un gonflement incessant de leur potentiel militaire.

Certaines accumulations d'armes de toutes natures sont difficilement cernables par les statistiques officielles. Ainsi, Israël dépense pour sa défense 7 milliards 340 millions de dollars, soit trois fois et demie moins que l'Arabie Saoudite. Cependant, ce chiffre ne prend pas en compte les importants dons de matériel faits par Washington à l'État hébreu.

Dans des pays comme le Liban, ravagé par la guerre civile, les impressionnantes dépenses d'armement des organisations paramilitaires, qui tiennent le haut du pavé au détriment d'une armée nationale fantomatique, ne sont pas comptabilisées. À elle seule, l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) investirait en armes au Sud-Liban plus de 500 millions de dollars.

Enfin, certains budgets militaires — en Amérique centrale notamment, où s'aiguisent les antagonismes entre révolutionnaires et conservateurs — connaissent depuis début 1982 une croissance record. Les chiffres de 1981 (71,7 millions de dollars pour le Salvador, par exemple) sont désormais très largement dépassés.

Une analyse des dépenses d'armes en 1981, par continents, par zones et par pays, permet néanmoins un certain nombre de constatations intéressantes.

Globalement, les efforts d'armement de l'Union soviétique et de ses alliés en Europe, en Asie du Sud-Est et dans la Corne de l'Afrique sont supérieurs à ceux de l'Occident. Ailleurs, et particulièrement en Amérique, au Moyen-Orient, au Maghreb, en Afrique noire et en Océanie (où Australie et Nouvelle-Zélande, piliers de l'alliance occidentale, n'ont pratiquement pas de concurrent), ce sont les dépenses des États-Unis et leurs alliés qui l'emportent.

Marches pour la paix ou manifestations antinucléaires, le pacifisme a fait florès en 1982. Des foules considérables se sont rassemblées pour clamer leur volonté de briser la logique suicidaire du surarmement. À Londres, Bonn, Paris, New York, Rome, Milan, et dans de nombreuses autre grandes cités occidentales, on a vu défiler des jeunes et des vieux, beaucoup de femmes, des employés, des intellectuels, des ouvriers et parfois même des généraux ou des amiraux. Ils ont été ainsi des millions pour qui la seule issue à cette dangereuse escalade ne pouvait être qu'une exigence de paix et de désarmement, seule garante du progrès. Récupérés par certains partis politiques, les mouvements pacifistes ont eu leurs détracteurs. Pour ceux-ci, cette analyse simplificatrice, qui évacue la complexité des problèmes, consolide inévitablement à terme le jeu des uns contre les autres. Ces grands rassemblements ont pris des allures de fêtes populaires. Sur ce terrain, au moins, c'était une victoire.

Amérique du Nord

C'est la zone où les dépenses militaires par habitant (766 dollars) sont les plus élevées du globe. Avec un budget de défense de près de 5 milliards de dollars, le Canada vient très loin derrière son puissant voisin (180 milliards de dollars), mais devance les autres pays du continent.

Europe

C'est le continent le plus militarisé : 310 milliards de dollars de dépenses militaires en 1981. À l'Ouest, la Grande-Bretagne (27,8 milliards de dollars, soit 497 dollars par habitant), la France (21,2 milliards, soit 394 dollars par habitant), l'Allemagne fédérale (20,2 milliards) et l'Italie (plus de 7 milliards) occupent les premières places.