Journal de l'année Édition 1982 1982Éd. 1982

C'est dans un tel contexte de récession, assaillant l'économie mondiale et freinant les échanges, qu'évolue le commerce extérieur français en 1981. Au milieu d'une conjoncture défavorable, les résultats ne sont cependant pas décourageants. Les exportations FOB s'accroissent tout de même plus (+ 17,7 %) que les importations (+ 13,6 %) Les livraisons hors l'Hexagone épousent un rythme de progression quelque peu supérieur à celui enregistré en 1980 (+ 15 % à l'époque, par rapport à 1979). Quant aux approvisionnements à l'extérieur, leur progression se ralentit manifestement (elle dépassait, en effet, plus de 25 % entre 1979 et 1980).

Profil

Il s'agit là d'un profil prenant en compte les valeurs courantes, influencé, par conséquent, par les hausses de prix : à l'importation + 16 % environ, et à l'exportation + 13 %, ces deux taux « tous produits ». En fait, physiquement, quantitativement, les importations se contractent au total de plus de 3 % et les exportations accusent une expansion réelle supérieure à 6 %.

Si l'envolée des cours du dollar alourdit de belle manière, de quelque 35 milliards de F, le poids des achats libellés en cette monnaie, cette hausse fait, à l'inverse, profiter les produits français exportés et facturés en dollars d'un avantage de compétitivité monétaire qui permet précisément l'essor en volume des ventes.

Cependant, les situations sont variables suivant les secteurs. Les volumes importés révèlent, par exemple, une forte hausse pour l'automobile de tourisme (+ 14,1 %), une sérieuse poussée pour l'équipement ménager (+ 8,1 %), un recul sensible pour les produits énergétiques (– 15,3 %) et les métaux et produits du travail des métaux (– 19,8 %), un quasi-plafonnement pour les produits chimiques et demi-produits divers (+ 1 %), ainsi que pour les biens d'équipement professionnel (– 0,7 %), une honorable augmentation pour les biens de consommation (+ 3,3 %).

Les volumes exportés traduisent principalement l'excellente tenue des produits agricoles de base (+ 12,2 %), une certaine croissance des biens d'équipement professionnel (+ 4,3 %) et des biens de consommation courante (+ 2,5 %), mais le repli des véhicules particuliers (– 2,5 %).

Glissement

De 89 % en 1980, le taux de couverture des importations par les exportations remonte à 92 %. L'inflation intérieure altère la compétitivité. Et la dégradation des termes de l'échange se trouve liée à l'appréciation du dollar par rapport au franc. Alors que le cours moyen du dollar était de 4,23 F en 1980, il passe à 5,44 F en 1981, après un accès de fièvre jusqu'à 6 F en août 1981. Entre octobre 1980 et la mi-août 1981, l'appréciation du dollar est de l'ordre de 45 % par rapport au franc français, de 37 % depuis le début de l'année 1981. Un dollar qui, début juin 1982, juste avant la dévaluation du franc français, évoluera autour de 6,20 F et qui obsède, puisqu'il renchérit la facture énergétique.

Le glissement des prix en France affaiblit la capacité compétitive. L'inflation est, au bas mot, deux fois supérieure à celle des autres grands partenaires et concurrents étrangers les mieux placés. Le différentiel d'inflation a de quoi inquiéter. À la fin de décembre 1981, sur douze mois, les prix à la consommation accusent + 14 % en France, + 12 % en Grande-Bretagne, mais + 9,1 % en Suède, + 8,9 % aux États-Unis, + 8,1 % en Belgique, + 7,2 % aux Pays-Bas, seulement + 6,6 % en Suisse, + 6,3 % en RFA, + 4,3 % au Japon. Une comparaison des prix à la production dans les industries manufacturières est tout aussi édifiante.

Les prix internationaux des matières premières importées, exprimés en devises, sont à peu près stabilisés tout au long de 1981. Le niveau élevé des taux d'intérêt et la faiblesse de l'activité au sein de l'OCDE jouent dans ce sens. Par rapport à 1980, on constate même, dans l'ensemble, une baisse de l'indice d'environ 7 %, le repli étant marqué pour les principales catégories (matières premières alimentaires, industrielles et minérales).

En francs, par suite des fluctuations agitant le dollar, la physionomie de l'indice montre une hausse globale de 15 %, mais fléchit de 13 % l'indice des prix des métaux précieux et ne bouge quasiment pas le prix du caoutchouc. Baissent même les cours des denrées tropicales de quelque 6 % en moyenne, ce qui profite à la balance agro-alimentaire.