Ortiz-Patino a rendu obligatoire l'installation de paravents lors des grandes épreuves internationales. Tant dans les enchères que dans le jeu de la carte, le bridge de champion exige des deux partenaires une véritable communion intellectuelle. Seule l'apparition des paravents permet désormais d'admirer sans la moindre réserve l'extraordinaire précision à laquelle peuvent parvenir deux bridgeurs de classe mondiale qui sont dans l'impossibilité de s'apercevoir.

La France a conservé sa place dans le leadership du bridge mondial. Dans le même esprit, le président de la Fédération française de bridge, José Damiani, et ses collaborateurs déploient une grande activité pour développer le côté spectaculaire du bridge. L'objectif est d'importance puisqu'il s'agit dans l'immédiat de la préparation des Olympiades, qui auront lieu à Biarritz en octobre 1982. Avec l'appui des Télécommunications et de la Société française de production, la Fédération française de bridge a déjà procédé à des répétitions publiques sur écran géant.

Depuis de nombreuses années, plusieurs pays du nord de l'Europe avaient accordé au bridge une consécration officielle (cours dans les facultés, conseillers gouvernementaux...). Il semblerait que la France commence à suivre cet exemple : apparitions de plus en plus fréquentes de bridgeurs connus à la télévision, premiers contacts avec le ministère de tutelle, c'est-à-dire le ministère du Temps libre. Parallèlement, on note un immense développement du bridge corporatif ; à titre d'exemple, il existe même un championnat de France de bridge des PTT. Le bridge français est en marche.

Internationaux

Les championnats d'Europe 1981 ont eu lieu à Birmingham. Très nette victoire polonaise (Kudla-Milde, Martens-Przybora, Jezirio-Klukowsky). Sur le poteau, la Grande-Bretagne ravit la seconde place à la France et gagne sa qualification pour les championnats du monde. Ceux-ci ont eu lieu au mois d'octobre 1981 à New York. Les USA battent en finale le Pakistan. C'est la seconde fois qu'un pays d'Asie accède à la finale (1969, Taïwan). Voici le nom des nouveaux champions du monde : Arnold-Levin, Meckstroth-Reinhold, Rodwell-Solodar.

Nationaux

Pour la deuxième année consécutive, le championnat de France par équipes a été remporté par Faigenbaum-Pilon, Soulet-Svarc, Lebel-Sainte-Marie, devant l'équipe de Toulouse, Crozet-Frezouls, Caniac-Mourgues ; ces deux équipes pourront ainsi représenter la France aux prochaines Olympiades de Biarritz.

La prestigieuse Coupe d'or Cino Del Duca, le plus grand tournoi par paires d'Europe, a été remportée par les Parisiens Lesguillier-De Milleville.

Les Olympiades par paires se dérouleront également à Biarritz. Les tournois par paires sont très aimés des bridgeurs : on joue seulement quelques donnes à chaque table et, de ce fait, on peut ainsi se mesurer avec un grand nombre d'autres équipes. Dans un louable but de promotion, la Fédération française de bridge a organisé, en matière de sélection, une véritable opération portes ouvertes. Plus de 1 000 paires ont participé à cette gigantesque épreuve, qui, en fin de compte, a servi à qualifier seulement dix paires. (1er Cronier-Corn).

Échecs

Les championnats du monde individuels, masculin et féminin, ainsi que les super-tournois de Londres et de Bugojno sont les compétitions vedettes d'une année très chargée en manifestations importantes. À l'assemblée générale de la FIDE à Atlanta (29 juillet - 1er août 1981), il est décidé que, dans les épreuves qualificatives conduisant au Challenge-round pour le titre mondial masculin, il y aura désormais trois tournois interzonaux au lieu de deux. La FIDE compte maintenant, 115 pays membres.

Championnat du monde masculin
(Mérano, Italie, 1er octobre - 20 novembre 1981)

Karpov (SU) b. Kortchnoï (CH) 6-2 (18 parties).

Conditions : durée illimitée, titre à celui qui, le premier, remporte 6 victoires, les parties nulles ne comptant pas. Prix : 500 000 FS au gagnant ; 200 000 FS au perdant.

Disputé dans une atmosphère empoisonnée pénible, ce deuxième match pour le titre entre les deux mêmes adversaires, apparaît vite comme un combat inégal, contrastant avec celui de Baguio-City (Journal de l'année 1978-79). Toujours préoccupé par le sort de sa famille retenue en URSS, exclu des grands tournois auxquels participent les Soviétiques, mal préparé et pratiquement isolé, Kortchnoï fait état d'un jeu vide de toute substance créatrice contre un adversaire sans soucis, parfaitement au point et puissamment soutenu. Kortchnoï bat le record peu commun du temps de réflexion sur un seul coup : 1 heure 18 minutes, au 13e coup, dans la 14e partie. Détestable sur le plan humain, ce match a été techniquement mauvais ; il ne laissera pas, dans l'histoire du noble jeu, un souvenir impérissable.

7e championnat du monde feminin
(Borjomi et Tbilissi, 6 septembre - 31 octobre 1981)

M. Tchibourdanidze (SU) b. N. Alexandria (SU) 8-8 (16 parties).