Les responsables du parti socialiste l'avaient compris dès février 1978, en reconnaissant qu'un « statut dérogatoire à la loi générale de nationalisation » pourrait être accordé aux « écoles coraniques, israélites et gitanes ». Mais, si les juifs réclament le droit à la différence, ils ne sauraient pour autant admettre un statut particulier.

Prix Nobel

Sur le plan des institutions, aucun bouleversement ne marque l'année en cours. La liste sortante du consistoire israélite de Paris a été reconduite le 22 novembre 1981, et son président Jean-Paul Elkann a été une nouvelle fois nommé président par ses pairs. Au cas où Alain de Rothschild abandonnerait — comme il l'a annoncé — la présidence du consistoire central, son successeur le plus probable serait Jean-Paul Elkann qui, du même coup, deviendrait le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Par ailleurs, une synagogue libérale, affiliée à l'Union libérale de France, s'est ouverte à Marseille, alors que le nouveau Mouvement libéral inaugurait son centre communautaire-synagogue à Paris.

Rien ne laisse prévoir, cependant, que le courant libéral qui, aux États-Unis, représente une communauté très puissante, rencontre en France un terrain d'élection. Les conditions sociologiques sont très différentes, et, plutôt qu'un libéralisme délibéré, c'est l'indifférence religieuse ou rituelle qui caractérise la majorité des juifs français.

Comme chaque année enfin, la communauté juive est satisfaite des distinctions littéraires qui sont accordées à ses membres. Le prix Nobel de littérature a été décerné en 1981 à Élias Canetti, alors qu'en France le Médicis international allait à l'écrivain israélien David Shahar.